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L’étincelle d’une victoire de la France Insoumise et la reconstruction du camp des communistes

mardi 18 avril 2017 par Guillaume Suing

Guillaume Suing est membre de la Coordination Communiste Nord-Pas de Calais.

Comment reconstruire le parti communiste dont les travailleurs ont tant besoin aujourd’hui pour « politiser » leurs luttes et conquérir enfin des victoires, jusqu’à « la » victoire ?

En opposant la théorie ou la glorieuse histoire du communisme à tous les succédanés sociaux-démocrates d’aujourd’hui, multipliant les textes et les déclarations et en attendant que les masses se lèvent spontanément à leur lecture ?

En misant uniquement sur notre « visibilité » et en rejetant l’idée même de parti, d’état-major des luttes, lui préférant nos « réseaux » sans véritable lutte organisée pour l’unité tactique et stratégique ?

Ou au contraire en entrant de plein pieds dans les luttes politiques, y compris électorales, des fronts existants, au-delà même des (nécessaires) appels à l’unité des luttes syndicales, des luttes « économiques » ?

Profitons de cette année d’anniversaire de la Révolution d’Octobre pour tenter un éclairage qui pourrait surprendre.

Pourquoi des milliers d’ouvriers des quartiers nord de Petrograd descendaient-ils chaque soir devant leur quartier général de Smolny pour exiger des bolcheviks qu’ils prennent le pouvoir, en été 1917 ?

Pourquoi les reconnaissaient-ils comme « leur » parti ? Il est clair que ce parti était le seul à représenter concrètement les ouvriers, non seulement parce qu’ils défendaient leurs intérêts en parole, mais aussi parce qu’ils défendaient, sur le terrain, des causes immédiates justes (« la terre, le pain, la paix » ne sont pas des appels à la réalisation d’une société socialiste, de même que « tout le pouvoir aux soviets » - dans lesquels les bolcheviks étaient encore minoritaires- n’est pas un appel à prendre le pouvoir), parce que jusqu’à un certain point, ils savaient s’unir, s’organiser, se discipliner, convaincre, en militant dans des fronts avec des non-communistes, quelle qu’en soit l’issue possible (qui dépend toujours du rapport de force et du niveau de conscience du peuple en première instance).

Nous sommes aujourd’hui dans un rapport de force totalement inversé, la dépolitisation des masses populaires, le désespoir et le rejet du collectif sont plus que flagrants et il est évident que nos seules analyses, fussent-elles justes, nos actions locales là où nous sommes individuellement ou collectivement, même efficaces jusqu’à un certain point, ne suffisent pas loin s’en faut à reconquérir le prolétariat de France.

Quant à reprocher aux sociaux-démocrates de gauche nos propres déboires, revient à oublier que par le passé nous avons été mille fois en mesure de vaincre leurs mensonges et de réduire leur influence sur le terrain. C’est avant tout la confiance en nous-mêmes qu’il faut reconquérir, en particulier dans notre implication concrète pour la défense d’un programme objectivement progressiste, antilibéral et antifasciste : Celui de la France Insoumise, au-delà des évidentes critiques que nous pouvons lui adresser.

Sortir du carcan européen (avec tactique en le présentant comme un plan B dont le plan A est par définition inapplicable), passer des luttes défensives (dont l’abrogation de la loi travail, ce qui n’est pas rien) à des luttes offensives de renationalisation, de développement de la gratuité, … , s’ouvrir à d’autres alliances y compris avec les révolutions bolivariennes, mettre un coup d’arrêt aux risques de guerre mondiale que nous fait encourir l’impérialisme français aux quatre coins du monde aux cotés des Bush-Obama-Trump : Ce programme doit être compris comme « social-démocrate antilibéral », « non communiste », parlant certes d’oligarchie au lieu de patronat, ou de « gens » au lieu de travailleurs…

C’est sans doute vrai.

Mais, comme le programme anti-impérialiste du social-démocrate Hugo Chavez il y a vingt ans au Venezuela, c’est un programme porté par des mobilisations inédites venant d’en bas, par des jeunes de quartiers populaires, des travailleurs de plus en plus nombreux, des syndicalistes n’ayant pas digéré la dictature socialiste hollando-vallsienne de l’année dernière, des milliers de « gens » séduits par un programme protecteur d’essence antilibérale, fédérateur, offensif, et par un candidat tribun qui refuse qu’on scande son nom dans les meetings et qui rappelle sans cesse que c’est à nous de « faire le travail » autant qu’à lui. 

Objectivement nous sommes à un moment où nous devons saisir, comme le disait notre cher K. Marx, que « tout pas en avant dans le mouvement réel vaut mieux que douze programmes ». Mesurons la fracture créée par le NON victorieux au TCE en 2005 qui se transforme maintenant en fractionnement de la social-démocratie en sociaux libéraux (Hollande/Vals/Macron), en centriste (Hamon) et en antilibéraux (JL Mélenchon et l’actuelle direction du PCF).

En 1936, la victoire électorale d’un front dont le programme était pourtant plutôt timide, a été l’étincelle d’un immense mouvement de grève, la plus grande de l’histoire de France, soulevé par l’étonnement puis l’espoir de masses de travailleurs qui venaient de changer la peur de camp en stoppant d’abord le coup d’état fasciste en février 34, par les urnes ensuite, par la grève générale enfin.

Il faut savoir mesurer le rapport de force aujourd’hui bien sûr, mais on ne peut expliquer l’alliance des communistes de l’époque avec des sociaux-démocrates par le seul fait que ces derniers étaient « plus à gauche » que ceux d’aujourd’hui, qu’ils parlaient de dictature du prolétariat et de lutte des classes comme les communistes : Ils ne paraissaient plus à gauche, contraints et forcés, que parce que le PCF de l’époque était lui-même fort et influent !

Pour nous qui sommes dialecticiens, pourquoi les sociaux-démocrates antilibéraux d’aujourd’hui devraient-ils être plus à gauche sachant que nous communistes sommes faibles et manquons d’influence, privés d’un parti, contrairement à 1936 ?

  • -N’est-il pas évident par exemple que le « gauchissement » hypocrite du candidat PS aujourd’hui est une conséquence de la montée en puissance de la France Insoumise, par cette même dialectique ?
  • -N’est-il pas évident que les candidats trotskistes servent aujourd’hui plus que jamais la cause de Macron sur les plateaux bienveillants en ciblant systématiquement le dangereux « populiste » et anti-européen Mélenchon ?
  • -N’est-il pas évident que la qualification au deuxième tour du candidat de la France Insoumise fait bien plus peur aux « marchés » et à leurs laquais que celle de Marine Le Pen ?

Ne voit-on pas que l’ascension des fascistes s’accompagne toujours d’une dédiabolisation par le « système » politico-médiatique pendant que celle de camp antilibéral représenté par JL Mélenchon s’accompagne au contraire d’une hâtive diabolisation, à la mesure de leur peur grandissante.

C’est dans cette dynamique positive, populaire, antilibérale autant qu’antifasciste, que nous communistes, devons nous inscrire. Une victoire électorale de Mélenchon ouvrirait un champ d’espoir qui serait un pas en avant du peuple autant qu’une opportunité pour aller plus loin, avec les seuls qui analysent conséquemment leurs objectifs historiques : les communistes !

Si nous continuons à reprocher à Mélenchon son « mittérandisme », sa carrière au PS, croyant démasquer avant l’heure l’opportunisme de « l’individu » Mélenchon, c’est bien nous qui croyons à la théorie du « sauveur suprême ». S’il trahissait le programme de la France Insoumise, aurions-nous eu tort de soutenir celui-ci ?

Ne serait-ce justement pas à nous de soutenir ensuite ce « programme minimum » contre ceux qui le trahiraient ?

Comme il n’y a pas de Tsipras anticommuniste sans KKE, il ne peut y avoir de Tsipras français (sauf peut-être le pro-UE et trumpiste Benoît Hamon) sans véritable parti communiste influent.

En soutenant le candidat de la France Insoumise, nous ne pouvons « semer des illusions aux yeux du peuple » dont la conscience politique devrait s’exprimer de la même façon que quand ils avaient moins, à savoir par le boycott des élections.

Nous devons au contraire le soutenir tout en affirmant clairement notre identité communiste. C’est bien ainsi que nous contribuerons à relever, dans les luttes comme dans les urnes, la conscience et la combativité de la classe ouvrière ! 

C’est cette ligne tactique qu’une des organisations de la reconstruction communiste (la Coordination Communiste/Rcc) défend en théorie et en pratique, ce que nous devons faire pour être utile à notre classe dans le moment présent, celle qui porte l’avenir communiste que nous défendons.

   

Messages

  • 1. L’étincelle d’une victoire de la France Insoumise et la reconstruction du camp des communistes
    18 avril 2017, 12:08 - par Alain CHANCOGNE


    Bonjour
    Je me réjouis que le site de l’ANC permette qu’à titre INDIVIDUEL, tels ou tels militants expriment un point de vue sur ces élections
    Mais, très franchement, je pense contre productif de nous faire le relais de positions de "groupes" dont nous respectons l’expression mais qui sur ce"coup" ont selon moi et depuis le début, rejoint des positions proches de celles du groupuscule PRCF , avec une argumentation concernant le ralliement à Melenchon qui me sidère, je l’avoue !

    Certes le texte publié ici ne contient pas les arguments qui m’ont fait réagir ailleurs, d’un précdent papier ou nos amis écrivent ..sans une pointe d’humour qui m’aurait déridé

    je CITEn puisque Guillaume , à la fin de son paier rappelle qu’il parle au nom DU RCC...
    CITATION
    "
    L’heure de la Résistance sociale et politique a sonné !
    Résistance « sociale » car Jean-Luc Mélenchon est d’abord et avant tout le candidat du « monde du travail », de tous ceux qui n’ont que leur force de travail pour vivre, que l’on soit ouvrier, technicien, employé, ingénieur, sans emploi, agriculteur, artisan, petit patron sous la dépendance des donneurs d’ordre et des banques. C’est le candidat de l’alliance des forces du travail contre la classe capitaliste, cette minorité qui possède et gère les grandes entreprises et banques dans l’optique de l’accumulation toujours plus grande du profit"

    Fin de citation

    C’est faire l’impasse sur la démarche ramasse tout du TRIBUN qui s’adressant aux PATRONAT, aux ASSISES du Produire français nous sert un appel au consensus qui rappelle toutes les versions de possible et nécessaire COLLABORATIOn de CLASSES, d’"association CAPITAL-TRAVAIL" de CHARTE d’odeur pétainiste( oui, n’ayons pas peur des mots)
    Je cite le pseudo anticapitaliste JLM

    " Je suis venu vous dire dans quelles conditions, compte tenu de ce que je ferai avec nos gouvernements et nos majorités, vous pourrez vous rendre utile au pays et aux objectifs communs que nous tracerons à la patrie."
    Fin de CITATION

    Manque plus que la bénédiction de la CGPME , et hop, fini les stériles affrontements d’antan..

    Pour s’habituer à cette FRANCE réconciliée, normal que l’INTERNATIONALE ne soit pas la bienvenue dans les shows de JLM et que la forêt de drapeaux tricolores rempalace les oriflammes rouges de 2012 qui pourraient faire peur auxpetits" patrons , aux notaires ou aux travailleurs EDF qu’on entend reconvertir en planteurs de QUINOA ou..monteurs en pleine mer d’EOLIENNES salvatrices de l’"environnement" !

    Là ou le RCC m’inquiète un peu ’est qu’il dresse des lauriersau "mouvementisme" anti partis , qui passionne les médias. ;

    CITATION :

    Résistance « politique » car Jean-Luc Mélenchon contribue à faire voler en éclats ce bipartisme mortifère gauche/droite, PS/LR, alternances sans alternatives qui ne font que le jeu du FN. Il brise la domination du PS sur l’espace de la « gauche » et, ce faisant, il redessine les frontières politiques, bâtissant un réel front de résistance populaire contre les partis du système oligarchique"
    Fin de CITATION

    Qu’on vote JLM en se disant que c’est un moyen de tenter un réveil des masses pour des LUTTES qui se feront sans lui, voire CONTRE LUI, je peux comprendre
    Mais faire de JLM un CHE à la française, voir en lui un homme porteur des aspiratons de lutte de classes, un représentant (SIC) de sEXPLOITES, NON Camarades, là je ne PIGE PLUS ce que cela à avoir avec du"COMMUNISME3 en processus !

    OU alors allez jusqu’au bout et demandez aux COMMUNISTEs de France d’adhérer en bloc dans les"COMITES d’INSOUMIS" pou que cet "entrisme" transforme ce"mouvementisme" en orga de masse révolutionnaire !

    Cordialement

    En espérant quand même que tel camarade signant demain du PRCF ou de je ne sais quel autre "group" ne viendrapas publier des thèses qui ne sont plus des POINTS DE VUE PERSONNEL.Mais l’expression d’un collectif...Moi je ne signe pas mes contributions au nom en mentionnant" A.C adhérent aquitain de ROUGES VIFS 13"

    ICI nous sommes sur le site qui permet à chaque adhérent de donner un point de vu PERSONNEL certes né de son militantisme ici ou là mais qui devrait éviter des conclusions " telles que

    "C’est cette ligne tactique qu’une des organisations de la reconstruction communiste (la Coordination Communiste/Rcc) défend en théorie et en pratique, ce que nous devons faire pour être utile à notre classe dans le moment présent, celle qui porte l’avenir communiste que nous défendons"

    Pour connaitre le point de vue du RCC je vais sur sur son SITE....

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