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Faire de la politique et voter.

samedi 22 avril 2017 par Lenormand Pierre

J’ai lu avec beaucoup d’attention et d’intérêt la contribution d’Alain Badiou « voter ou faire de la politique ». J’en partage bien des points, et notamment son appel à rétablir dans ses droits la vision communiste de l’avenir, partout. Que des militants convaincus aillent en discuter le principe dans toutes les situations populaires du monde, et qu’alors, comme le proposait Mao », (ou sans faire nécessairement référence au grand timonier) « nous rendions au peuple, dans sa précision, ce qu’il nous donne dans la confusion . » C’est l’objectif que s’est fixé depuis sa création l’Association Nationale des Communistes, pour un développement sans précédent du mouvement social.

Tout en se gardant bien de prendre position pour tel ou tel vote, telle ou telle candidature, c’est ce que l’ANC rappelle dans un texte récent, en présentant quelques principes qui peuvent guider nos choix, afin d’être utiles à notre camp’. Dans une contribution un peu antérieure, que l’on peut aussi trouver sur le site, Francis Arzalier insistait de son côté sur le lien étroit entre suffrage universel et lutte de classe. Je vous/nous y renvoie [1].

Pour sa part, au terme d’une assez longue analyse que je partage au moins en partie, Alain Badiou conclut : « Alors, voter ? Soyons, sur le fond, indifférent à cette demande de l’État et de ses organisations. On peut voter pour le moins pire, on peut ne pas voter par principe : c’est l’indifférence qui est en tout cas la bonne subjectivité. Car nous devrions désormais tous le savoir : voter, ce n’est jamais que renforcer, contre une autre, une des orientations conservatrices du système existant. Ainsi, ramené à son contenu réel, le vote est une cérémonie qui dépolitise les peuples ».

La part de vérité que comprend cette dernière affirmation ne me conduit pas pour autant à jeter une fois de plus l’enfant avec l’eau sale du bain. Me refusant à confondre la position d’Alain Badiou avec la consigne de non-vote d’anticommunistes patentés, et en me gardant autant que possible de l’outrecuidance qui consisterait à jouer un esprit d’autorité contre un autre, je ne résiste pas à faire part à tous d’une lecture toute récente, qui jette un regard sans complaisance sur « l’indifférence ».

Il y a un peu plus de 100 ans, en février 1917, c’est à dire dans un période plus noire encore sans doute que celle que nous traversons aujourd’hui, Antonio Gramsci écrivait : « Je crois (…) que vivre veut dire être partisan... Qui vit vraiment ne peut pas ne pas être citoyen, ni prendre parti. L’indifférence est aboulie, est parasitisme, est lâcheté, ce n’est pas la vie. C’est pourquoi je hais les indifférents. L’indifférence est le poids mort de l’histoire. C’est le boulet de plomb pour le novateur, c’est la matière inerte en laquelle se noient les enthousiasmes les plus splendides, c’est le marais qui entoure la vieille ville et qui la défend mieux que les murs les plus solides, mieux que les poitrines de ses guerriers, parce qu’il engloutit les assaillants dans ses gouffres limoneux, et les décime et les décourage, et quelques fois les fait renoncer à leur entreprise héroïque... L’indifférence agit puissamment dans l’histoire. Elle agit passivement, mais elle agit .. »

Les trois pages qui suivent [2] mériteraient d’être citées intégralement.

Chacun est, bien entendu, libre de son vote. Mais voyons ensemble ce qui pourrait être, en effet, le plus « utile à notre camp ».


[1Histoire française du suffrage universel, également sur le site « www. ancommunistes.org. Ici  »

[2On peut trouver ce court texte de Gramsci « les indifférents » aux pages 56 et 59 de « la cité future » petit livre qui vient d’être publié pour la première fois en français par les Editions critiques, avec une longue préface d’André Tosel. Dans le même esprit d’autres passages pourraient être convoqués, montrant l’importance pour le mouvement social de ce qui se passe dans les têtes...

   

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