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La genèse de Juan Guaidó : comment le laboratoire de changement de régime US a créé le leader du coup d’Etat au Venezuela (The Grayzone)

mercredi 30 janvier 2019 par Max Blumentthal, Dan Cohen

Juan Guaidó est le produit d’un projet d’une décennie supervisé par les formateurs au changement de régime de l’élite de Washington. Tout en se faisant passer pour un champion de la démocratie, il a passé des années à l’avant-garde d’une violente campagne de déstabilisation.

Avant le jour fatidique du 22 janvier, moins d’un Vénézuélien sur cinq avait entendu parler de Juan Guaidó. Il y a quelques mois à peine, le jeune homme de 35 ans était un personnage obscur au sein d’un groupe d’extrême droite politiquement marginal, étroitement associé à d’horribles actes de violence dans la rue. Même au sein de son propre parti, Guaidó avait été une figure de niveau intermédiaire au sein de l’Assemblée nationale dominée par l’opposition, qui est accusée d’outrage selon la Constitution du Venezuela.

Mais après un simple coup de fil du vice-président américain Mike Pence, Guaidó se proclama président du Venezuela. Oint comme le chef de son pays par Washington, un homme politique jusque-là inconnu a été choisi par les États-Unis et promu sur la scène internationale comme le chef de file de la nation qui dispose des plus grandes réserves pétrolières du monde.

Faisant écho au consensus de Washington, le comité éditorial du New York Times salua Guaidó comme un "rival crédible" de Maduro avec un "style rafraîchissant et une vision pour faire avancer le pays". Le comité de rédaction du Bloomberg News l’applaudit pour avoir cherché à "restaurer la démocratie" et le Wall Street Journal l’a déclaré "un nouveau dirigeant démocratique ". Pendant ce temps, le Canada, de nombreuses nations européennes, Israël et le bloc de gouvernements de droite latino-américains connu sous le nom de Groupe de Lima reconnurent Guaidó comme le dirigeant légitime du Venezuela.

Alors que Guaidó semblait être sorti de nulle part, il était, en fait, le produit de plus d’une décennie de préparation assidue de la part des fabriques de changement de régime de l’élite du gouvernement américain. Aux côtés d’un groupe d’activistes étudiants de droite, Guaidó a été formé pour saper le gouvernement socialiste du Venezuela, déstabiliser le pays et, un jour, prendre le pouvoir. Bien qu’il ait été une figure mineure de la politique vénézuélienne, il avait passé des années à démontrer discrètement sa valeur dans les couloirs du pouvoir à Washington.

"Juan Guaidó est un personnage créé pour cette circonstance", a déclaré Marco Teruggi, sociologue argentin et chroniqueur principal de la politique vénézuélienne chez Grayzone. "C’est la logique d’un laboratoire - Guaidó est comme un mélange de plusieurs éléments qui créent un personnage qui, en toute honnêteté, oscille entre risible et inquiétant."

Diego Sequera, journaliste vénézuélien et écrivain pour le journal d’investigation Mision Verdad, est d’accord : "Guaidó est plus populaire en dehors du Venezuela qu’à l’intérieur, surtout dans l’élite de la Ivy League et des cercles de Washington", a-t-il déclaré à Grayzone, "C’est un personnage connu là-bas, il est de droite bien entendu et considéré comme loyal envers le programme".

Alors que Guaidó est aujourd’hui considéré comme le visage de la restauration démocratique, il a passé sa carrière dans la faction la plus violente du parti d’opposition la plus radicale du Venezuela, se positionnant à l’avant-garde, d’une campagne de déstabilisation à l’autre. Son parti est largement discrédité à l’intérieur du Venezuela, et est tenu en partie responsable de la fragmentation d’une opposition gravement affaiblie.

"Ces dirigeants radicaux n’ont pas plus de 20% dans les sondages d’opinion, écrit Luis Vicente León, le principal sondeur d’opinions du Venezuela. Selon Leon, le parti de Guaidó reste isolé parce que la majorité de la population "ne veut pas la guerre". "Ce qu’ils veulent, c’est une solution."

Mais c’est précisément la raison pour laquelle il a été choisi par Washington : il n’est pas censé conduire le Venezuela vers la démocratie, mais à l’effondrement d’un pays qui, au cours des deux dernières décennies, a été un rempart contre l’hégémonie américaine. Son ascension improbable marque l’aboutissement d’un projet de vingt ans visant à détruire une solide expérience socialiste.

Cibler la "troïka de la tyrannie"

Depuis l’élection d’Hugo Chavez en 1998, les États-Unis se démènent pour reprendre le contrôle du Venezuela et de ses vastes réserves de pétrole. Les programmes socialistes de Chavez ont peut-être redistribué les richesses du pays et aidé des millions de personnes à sortir de la pauvreté, mais ils lui ont aussi valu d’avoir une cible sur le dos. En 2002, l’opposition de droite vénézuélienne l’a brièvement évincé avec le soutien et la reconnaissance des États-Unis avant que les militaires ne rétablissent sa présidence après une mobilisation populaire de masse. Au cours de l’administration des présidents américains George W. Bush et Barack Obama, Chavez survécut à de nombreuses complots d’assassinat avant de succomber au cancer en 2013. Son successeur, Nicolas Maduro, a survécu à trois tentatives d’assassinat.

L’administration Trump a immédiatement placé le Venezuela en tête de la liste des pays visés par le changement de régime , le faisant passer pour le leader d’une "troïka de la tyrannie". L’an dernier, l’équipe de sécurité nationale de Trump a tenté de recruter des militaires pour monter une junte militaire, mais échoua.

Selon le gouvernement vénézuélien, les États-Unis ont également participé à un complot intitulé Opération Constitution pour capturer Maduro au palais présidentiel de Miraflores, et à une autre opération appelée Opération Armageddon pour l’assassiner lors d’un défilé militaire en juillet 2017. Un an plus tard, des chefs de l’opposition en exil ont tenté de tuer Maduro à l’aide de drones, au cours d’un défilé militaire à Caracas, mais sans succès.

Plus de dix ans avant ces intrigues, un groupe d’étudiants de l’opposition de droite fut sélectionné et formé par une académie de formation au changement de régime financée par les États-Unis pour renverser le gouvernement du Venezuela et rétablir l’ordre néolibéral.

Formation du groupe "’exportez une révolution" qui a semé les graines de bon nombre de révolutions colorées.

Le 5 octobre 2005, la popularité de Chavez était à son apogée et son gouvernement planifiait des programmes socialistes de grande envergure, lorsque cinq "dirigeants étudiants" vénézuéliens sont arrivés à Belgrade, en Serbie, pour s’entraîner à l’insurrection.

Les étudiants arrivaient du Venezuela avec l’aimable autorisation du Center for Applied Non-Violent Action and Strategies, ou CANVAS. Ce groupe est financé en grande partie par le National Endowment for Democracy, une façade de la CIA qui fonctionne comme le principal bras du gouvernement américain pour promouvoir le changement de régime, et par des organismes comme l’International Republican Institute et le National Democratic Institute for International Affairs. Selon des courriels internes de Stratfor, une firme de renseignement connue sous le nom de "CIA fantôme", « [CANVAS] a peut-être aussi reçu du financement et de la formation de la CIA pendant la lutte contre Milosevic en 1999/2000 ».

CANVAS est une extension d’Otpor, un groupe de protestation serbe fondé par Srdja Popovic en 1998 à l’Université de Belgrade. Otpor, qui signifie "résistance" en serbe, est le groupe d’étudiants qui a acquis une renommée internationale - et une promotion hollywoodienne - en mobilisant les protestations qui ont finalement renversé Slobodan Milosevic. Cette petite cellule de spécialistes du changement de régime fonctionnait selon les théories de feu Gene Sharp, le soi-disant "Clausewitz de la lutte non-violence". Sharp avait travaillé avec un ancien analyste de la Defense Intelligence Agency, le colonel Robert Helvey, pour concevoir un plan stratégique qui faisait de la protestation une forme de guerre hybride, visant les États qui résistaient à la domination unipolaire de Washington.

La suite de l’article Ici.


Voir en ligne : https://www.legrandsoir.info/la-gen...

   

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