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"Soyez réalistes, demandez l’impossible"

dimanche 21 avril 2019 par Christian Digne

Des centaines de millions d’euros mobilisés en quelques heures pour Notre-Dame-de-Paris par les grands prêtres du CAC 40. Miracle de de la Semaine Sainte ? Fièvre soudaine d’humanisme retrouvé ? Achats d’Indulgences pour le rachat des pêchés commis dans la gestion sociale des entreprises ? Chacun apportera sa réponse. Mais ce ruissellement -à débit mesuré - de liasses d’euros apporte une énième fois la preuve que ce pays, la France, est riche, très riche.

Que la fable infantilisante de son appauvrissement en raison de la gabegie de ses dépenses publiques et de l’inflation de sa dette n’est que chape de plomb. Elle est contée pour cacher à notre peuple le formidable potentiel de développement économique, social, écologique, culturel que recèle l’hexagone.
Je comprends et je soutiens la colère de ceux qui depuis lundi s’exaspèrent devant cet égoïsme camouflé en acte de charité, d’ailleurs peu chrétienne.

Depuis des mois, des années, des décennies, on leur explique que la fermeture des hôpitaux ou des écoles est inévitable, que l’augmentation des petits et moyens salaires relève d’une folle utopie, que le combat efficace contre la pauvreté et la précarité doit attendre des jours meilleurs... qui n’arrivent jamais.

Et là, comme par enchantement, les coffres forts s’ouvrent et les Picsou du Medef étalent au grand jour les frontières sans limite de leurs fortunes.

Comment ne pas être révolté ?

Au point que certains en arrivent à penser que les pierres sont mieux traités que les humains. D’une certaine manière, ils ont raison. Encore faut-il s’entendre sur la signification du mot "pierre". Notre-Dame-de-Paris est-elle seulement un agglomérat de substance minérale ? La réponse est dans la question.

Je suis athée. Et pourtant, je prétend que ce lieu d’histoire exceptionnel, c’est nous. Il nous appartient. Pas au nom de l’expression d’une identité irrévocable et immobile que revendique une droite qui ne rêve que d’un passé inexistant. Mais parce qu’il est l’œuvre des hommes et des femmes qui nous ont précédés. Il est le fruit des défis techniques, politiques, sociaux, idéologiques que se sont lancées de nombreuses générations.

Le formidable historien Georges Duby nous a enseignés que "le temps des cathédrales" fut le temps du progrès, de l’innovation, de l’affirmation d’un nouvel ordre social en devenir. Tout autre chose, donc, que des pierres sèches et sans vie. Mais une construction humaine qui a donné vie au développement humain.

Dans le célèbre texte sur la Culture produit par le PCF en 1966, largement influencé par la pensée et l’écriture de Louis Aragon, il est dit :

" La culture, c’est le trésor accumulé des créations humaines. […] L’héritage culturel se fait chaque jour, il a toujours été créé au présent, c’est le présent qui devient le passé, c’est-à-dire l’héritage".

Quelle admirable définition auquel on pourrait ajouter que cet héritage nous plonge aussi dans notre avenir.

C’est pourquoi, j’estime que ces œuvres doivent être préservées à tout prix. Les peintures rupestres de Lascaux, les temples de Paestum, la coupole de Brunelleschi à Florence, les œuvres littéraires de Dante de Shakespeare, Victor Hugo ou de Pablo Neruda, le "Guernica" de Picasso ou l’art de la calligraphie chinoise, les fulgurances du Corbusier ou les masques Dogon, la magie musicale de Chopin ou les temples aztèques ne sont pas des " choses" poussiéreuses, des obligations touristiques, des divertissements ou des suppléments d’âme pour une petite élite. Ils sont notre culture universelle, cette porte magique qui ouvre nos esprits et nos pratiques sur l’explication du monde, sur la découverte des autres et de nous-même, sur l’apprentissage enchanteur du beau et de l’éthique.

Pour vivre et non survivre, l’homme et la femme ont autant besoin de culture que de pain ou de travail. C’est pourquoi l’un des plus grands scandales de l’ordre capitaliste, est d’en priver une grande partie de la population qui ne serait utile que dans la vente de sa force de travail.

Honte, par exemple, au ministre Blanquer s’il se confirme qu’il bannît du programme de philosophie Freud et Marx.

Voilà pourquoi il ne faut surtout pas opposer la revendication sociale et l’exigence culturelle. Ce sont les deux faces d’un même combat.

"Soyez réalistes, demandez l’impossible" proclamaient les militants en mai 68. Leur slogan est toujours le notre.

   

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