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En Afrique, les communautés résistent à l’accaparement des terres destinées à la production d’huile de palme

jeudi 3 octobre 2019

Co-écrit par : ADAPPE-Guinée, CDHD (Congo-Brazzaville), COPACO (RDC), Culture Radio (Sierra Leone), GRAIN, Joegbahn Land Protection Organization (Libéria), JVE Côte d’Ivoire, MALOA (Sierra Leone), Muyissi Environnement (Gabon), NRWP (Libéria), Pain pour le prochain (Suisse), RADD (Cameroun), REFEB (Côte d’Ivoire), RIAO-RDC (RDC), SEFE (Cameroun), SiLNoRF (Sierra Leone), Synaparcam (Cameroun), UVD (Côte d’Ivoire), WRM, YETIHO (Côte d’Ivoire) et YVE Ghana.

Au cours des dix dernières années, les sociétés agroalimentaires ont accru leur production d’huile de palme pour répondre à la demande mondiale croissante en huile végétale bon marché destinée à la production d’aliments transformés, de biocarburants et de cosmétiques. Pour l’expansion de leurs plantations, les terres communautaires de nombreux pays africains constituent l’une des principales cibles.

En 2016, GRAIN a annoncé que plus de 65 transactions foncières à grande échelle, portant sur plus de 4,7 millions d’hectares, avaient été conclues entre 2000 et 2015 pour des plantations de palmiers à huile en Afrique [1]. Des multinationales, en collaboration avec les élites locales et les banques de développement, ont lancé une attaque de grande ampleur contre des communautés de la Sierra Leone (Afrique de l’Ouest) et de la République démocratique du Congo (Afrique centrale) afin de s’emparer de leurs terres et mettre en place des plantations de palmiers à huile.

Toutefois, les événements n’ont pas tout à fait pris la tournure escomptée par les multinationales. Notre décompte actualisé montre une diminution significative du nombre et de la superficie correspondant aux transactions foncières destinées à des plantations industrielles de palmiers à huile en Afrique au cours des cinq dernières années, la superficie concernée passant de 4,7 millions d’hectares à un peu plus de 2,7 millions d’hectares. Et seule une petite partie de cette superficie, 220 608 hectares, a été convertie en plantations de palmiers à huile ou replantée avec de nouveaux palmiers. Nous pensons que la forte résistance des communautés a joué un rôle déterminant dans le ralentissement de l’expansion des plantations industrielles de palmiers à huile dans la région.

Les communautés africaines ont désormais suffisamment d’expérience en matière de grandes plantations de palmiers à huile pour savoir que ces dernières ne sont ni nécessaires ni souhaitables. Leurs méthodes traditionnelles de culture du palmier à huile et de production d’huile de palme sont beaucoup plus dynamiques et beaucoup plus aptes à répondre aux besoins du continent. Il est temps d’arrêter complètement l’expansion des plantations industrielles de palmiers à huile et de restituer les terres occupées par les sociétés de plantation aux communautés touchées.

La situation des plantations de palmiers à huile en Afrique

Selon notre base de données actualisée, il existe actuellement 49 concessions de grande taille destinées à des plantations de palmier à huile en Afrique, représentant une superficie de 2,74 millions d’hectares (voir Annexe I).

De nombreux projets de plantations de palmiers à huile annoncés au cours de la dernière décennie n’ont pas abouti ou ont été abandonnés, comme le montre le tableau ci-joint (voir Annexe II). D’autres projets ont été revus à la baisse. Et, bien qu’il y ait eu quelques nouveaux projets et extensions depuis 2014, le rythme a clairement ralenti et aucune annonce de nouveaux projets de grandes plantations de palmiers à huile n’a été faite au cours des deux dernières années [2].

La zone géographique ciblée s’est également réduite. Presque tous les projets de plantations industrielles de palmiers à huile en Afrique situés en dehors de l’Afrique centrale et occidentale ont été abandonnés. L’accent est mis désormais sur un petit nombre de pays, parmi lesquels en priorité le Cameroun, la RDC, le Congo-Brazzaville, la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Ghana, le Libéria, le Nigéria et la Sierra Leone. Des activités sont également en cours, mais dans une moindre mesure, en République centrafricaine, en Guinée, à Sao Tomé-et-Principe, au Togo et en Ouganda.

L’actualisation de la base de données fait aussi ressortir un autre point essentiel : l’énorme différence entre la superficie acquise par les sociétés sous concession et celle qu’elles ont effectivement convertie en plantations industrielles de palmiers à huile. Seuls 463 000 hectares, soit 17% de la superficie totale acquise dans le cadre de concessions (2,74 millions d’hectares), sont plantés de palmiers à huile, et 55 000 hectares supplémentaires à l’intérieur de ces concessions sont consacrés à des hévéas et à d’autres cultures.

Par ailleurs, la majorité de ces grandes plantations sont d’anciennes plantations qui remontent aux projets parapublics des années 1970 et 1980 ou même plus loin dans l’ère coloniale. Nous estimons que seuls 220 608 hectares ont été transformés en plantations industrielles de palmiers à huile ou ont été replantés au cours de la dernière décennie [3].

Pour lire la suite ICI.


Voir en ligne : https://entreleslignesentrelesmots....


[1GRAIN, « Accaparement mondial des terres agricoles en 2016 : ampleur et impact », juin 2016 : https://www.grain.org/fr/article/5508-accaparement-mondial-des-terres-agricoles-en-2016-ampleur-et-impact

[2La société Africa Palm Corp, qui prétend avoir conclu avec la Guinée-Bissau, la République du Congo, le Togo et le Ghana des accords correspondant à une superficie de 5 millions d’hectares, représente la seule exception. Cependant, rien n’indique vraiment que cette société sera en mesure de donner suite à ces projets.

[3Il s’agit notamment de zones de plantation créées/replantées par Pamol, le groupe Nana Bouba, Palme d’Or, Agro Panorama, DekelOil, Feronia, Blattner, Volta Red, Olam, Golden Agri, KLK, SIFCA (Libéria), Sime Darby, Goldtree, Kalyan Agrovet et IDC, ainsi que de zones étendues/replantées par SOCFIN (27 980 ha), Wilmar (27 231 ha) et SIAT (8 605 ha).

   

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