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8 novembre 1989, le deuil de quoi ?

vendredi 8 novembre 2019 par Régis de Castelnau

Un texte de Régis de Castelnau (avocat et auteur du blog Vu du Droit) que nous devons être nombreux parmi les anciens a pouvoir apprécier.
Pour beaucoup d’entre nous, en cette date anniversaire, comme Antonio Gramsci, « Nous sommes pessimistes avec l’intelligence, mais optimistes par la volonté » !
Car l’idéal communisme demeure la jeunesse monde et cette "utopie" représente toujours un avenir possible, une connaissance humaine à transmettre.

Être communiste en France dans les années 70, d’une certaine façon c’était assez confortable. L’anticommunisme était virulent, et le choix d’être de ce côté, s’il vous isolait socialement, permettait le combat. Et ce serait mentir de prétendre que quand on a 20 ans, on y rechigne. En plus, le PCF était ouvriériste ce qui m’allait très bien. Non que la petite bourgeoisie et les intellectuels n’y fussent pas présents, mais il leur était rappelé fréquemment que les patrons du Parti étaient les ouvriers.

Personnellement cela ne me gênait pas du tout, je considérais n’avoir socialement rien à expier, j’étais venu là pour servir, et y avais trouvé le confort de ma double culture d’origine : la militaire avec la discipline et la religieuse avec le dogme. Et comme en plus, outil d’intégration de la classe ouvrière à la Nation française, le Parti communiste était profondément patriote, j’étais vraiment à l’aise. Je me rappelle qu’en ce qui concerne l’instauration du socialisme, personne n’était dupe de l’impasse soviétique, mais que nous français, héritiers de la Révolution nous allions montrer un autre chemin que nous appelions « la démocratie avancée ». On sait ce qu’il en a été.

Rappelons que si le 8 novembre 1979 fut un jour de libération pour les habitants de la Prusse, qui n’ont pas payé bien cher leur soutien jusqu’au bout à l’ordalie nazie, il fut aussi la véritable fin de la deuxième guerre mondiale et celle du court XXe siècle comme le qualifiait Éric Hobsbawm. Disparut alors ce qui fut la grande passion du XXe siècle, fruit coûteux de l’accouchement brutal de la révolution industrielle au siècle précédent. Pour l’avoir partagée, le 8 novembre 1979 est pour moi un jour de deuil, celui d’une espérance, et l’annonce prévisible de ce qui nous attendait malgré les rodomontades de Fukuyama.

Il a fallu réfléchir et tenter de comprendre pourquoi ça n’avait pas marché. Charles Darwin m’a fourni quelques pistes tandis qu’un de ses compatriotes m’a fort aimablement conseillé la sagesse. George Bernard Shaw disait : « qui n’est pas communiste à 20 ans n’a pas de cœur, qui l’est toujours à 40 n’a pas de tête ».

Le problème cher Monsieur Shaw, c’est que la bestiole ne se loge ni dans la tête ni dans le cœur, mais finalement dans les tripes. Là où réside nous disent les biologistes notre second cerveau, et il arrive que cette bestiole ait le sommeil léger. Pouvant être troublé par le chant et les slogans d’un peuple qui se redresse.

Elle avait ouvert un œil en 2015 avec l’arrivée de Syriza au pouvoir en Grèce, mais Tsipras s’est empressé de le refermer.

Depuis le 17 novembre de l’année dernière, les deux sont maintenant grands ouverts, parce que le peuple français se vêtissant de jaune, confus et peut-être maladroit a quand même, une fois de plus, envoyé un message au monde. Dont de Santiago à Beyrouth on entend les échos.

Alors, l’émancipation humaine est probablement une utopie, mais on va continuer à la vouloir.

Pour rester en vie.


Voir en ligne : https://www.vududroit.com/2019/11/8...

   

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