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Généralisons la grève illimitée jusqu’au retrait de la réforme des retraites

mardi 10 décembre 2019 par Unité CGT et Gabriel Bernardon

« Depuis trop longtemps vous trompez le peuple. Vous avez opprimé la classe ouvrière en serrant la vis. Maintenant c’est elle qui vous tient, elle serre à son tour et vous poussez de grands cris. », Jack London, Grève générale, 1909

Disons-le franchement, la grève générale du 5 décembre a mis le pays à l’arrêt, et redonné confiance à la classe ouvrière. La puissance de la grève dans tous les secteurs économiques, et l’ampleur des manifestations, tant dans les gros centres urbains que dans l’ensemble du pays, la prolongation dans le temps des grèves, des manifestations, des actions de blocages sont des indicateurs qui témoignent du rejet sans équivoque de la casse de notre système de retraite.

Mobilisation sociale le 10 décembre, et après ?

Dans ce contexte de très forte participation des travailleurs, la CGT appelle à une nouvelle journée d’action et de grève générale ce mardi 10 décembre. Il est également probable que les syndicats impulseront au moins deux journées de mobilisation par semaine.

Tous les travailleurs, privé et public, sont appelés à la mobilisation générale, à se mobiliser et faire grève, les préavis syndicaux couvrant tout le monde.

A bien des égards, la semaine qui vient est importante pour la suite du mouvement. S’il est écrit d’avance que les annonces du gouvernement prévus le 11 décembre ne changeront en rien le projet de réformes de retraites, cela ne doit pas être un frein à la mobilisation, bien au contraire. Si les capitalistes ont leur agenda, nous avons le nôtre également : organiser la paralysie complète et totale du pays jusqu’à l’abandon par le gouvernement de son projet de réformes.

Il y a lieu de s’interroger sur ce que le terme de « mobilisation » traduira. En tout cas, ce qui est certain, c’est que les journées de grève saute-mouton ou les fameuses « vagues d’assaut » ne mèneront à rien. Ce qu’il faut, c’est une grève générale totale et illimitée. Il n’y a donc plus de temps à perdre, preuve est faite que c’est bien par le « tous ensemble, en même temps » que nous pourrons faire reculer le gouvernement sur ses projets.

La grève par procuration doit être laissé dans les poubelles de l’Histoire, ce qui se passe en ce moment nous concerne tous. Les travailleurs des secteurs dit structurants (transport, raffinerie, éboueurs, électriciens et gaziers) ne peuvent pas l’emporter seuls.

Pour gagner, la grève générale illimitée jusqu’au retrait du projet

Au fond, les manifestations ne sont là que pour élever un rapport de force qui s’établit d’abord et en premier lieu dans les boîtes et se vérifie au taux de grévistes secteur par secteur. Ce qui est crucial dans la période, c’est de frapper ensemble et de manière simultanée et organisée aux portefeuilles des patrons, marquer les esprits en démontrant la solidarité de classe et la détermination de toutes et tous face aux attaques antisociales. C’est pour cela que la grève a toujours été déterminante.

Si la logique prévaut, le gouvernement devrait donc annoncer les détails de son projet de réformes de retraites, ainsi qu’un premier calendrier parlementaire. A moins, qu’ils ne décident de passer en force, une nouvelle fois, par décrets gouvernementaux.

« Amplifier le rapport de force » ne doit donc pas être un mot d’ordre creux et inapplicable. La confédéralisation des luttes, la grève générale interpro est la solution pour élever concrètement le niveau du conflit social. La durée illimitée de la grève permettrait d’ajouter une pression majeure sur le pouvoir, notamment à l’approche de Noël.

Prenons exemple sur les combats victorieux de la classe ouvrière. Si les familles de cheminots se souviennent du difficile Noël de 1995, chacun se souvient également de la victoire du mouvement social face à un pouvoir qui avait pourtant promis de « rester droit dans ses bottes ».

Face à un gouvernement qui ne recule que lorsqu’il en est contraint, nous n’avons pas d’autre choix que de poursuivre et amplifier « réellement » le rapport de force entre le capital et le travail. Rappelons-leur que sans nous, rien ne tourne.
Et imposons-leur notre volonté et nos choix de société.


Retraites : la liquidation du principe de solidarité

Le contenu du projet de loi sur l’avenir du système des retraites est en passe d’être dévoilé. La stratégie du gouvernement d’avancer masqué, à partir des préconisations du rapport Delevoye, alimente les inquiétudes sur une attaque létale contre la logique de solidarité qui assurait jusqu’à présent un revenu décent aux retraités.

Le succès de la première journée de mobilisation contre la disparition des retraites par répartition, jeudi 5 décembre (environ 1 million de manifestants dans toute la France), sème le doute parmi la majorité parlementaire et au sein même de l’exécutif. La révélation gênante de la proximité de Jean-Paul Delevoye, « père » de la réforme annoncée, avec le milieu des assurances [1] tombe d’autant plus mal que le soutien de l’opinion publique aux grévistes ne faiblit pas. À la veille d’une seconde manifestation cruciale, tandis que le gouvernement prépare sa riposte, il importe de comprendre pourquoi le projet de retraite à points est lui-même si controversé.

Régimes spéciaux, argument spécieux

Quelle est, en substance, la philosophie du rapport Delevoye sur laquelle doit s’appuyer le projet de réforme ?
Le gouvernement, dans un accès de com’ téméraire, a martelé que son ambition était de mettre fin à l’injustice des régimes spéciaux en assurant le même système de retraite pour tous. L’argument contente les partisans d’Emmanuel Macron alors qu’il est fondamentalement réducteur. Quoique l’idée-phare de la réforme est bien de fusionner les quarante-deux régimes spéciaux existant à côté du régime général pour construire un régime universel, l’accent mis sur les régimes spéciaux, plus favorables à certaines catégories professionnelles, joue le rôle de miroir déformant.

82 % des retraités sont affiliés au régime général, soit une écrasante majorité. Très minoritaires, les régimes spéciaux ne plombent pas à eux-seuls le système des retraites par répartition.

En annonçant, la veille de la première journée de grève générale, que le régime spécial des policiers serait maintenu, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a donné un premier coup de canif dans le projet de régime unique.

Il a surtout enfoncé sans même s’en apercevoir un autre point de défense du gouvernement prétendant que la réforme par point ne ferait aucun perdant et serait plus avantage que le maintien d’un régime spécial…
On comprend dès lors ce qu’un salarié de la RATP ou de la SNCF peut craindre : non de perdre un « privilège » jalousé par les salariés du régime général mais de voir simplement sa retraite s’effondrer.

La volonté d’une harmonisation des règles pour davantage de justice n’est pas, en soi, une idée à rejeter. Les inquiétudes légitimes que soulève la réforme ne proviennent pas de l’alignement des conditions de cotisation mais bien d’un bouleversement total du système existant.

Le faux-problème du financement des retraites

Le fond de la réforme, l’introduction d’un système par points, peine à séduire. Mais parmi les réticents, beaucoup se résignent en constatant que le système actuel est déficitaire, qu’il faut donc pouvoir le financer autrement. Le motif est valable en apparence. Néanmoins, la situation est beaucoup plus complexe. Les perspectives de financement des retraites avec le système actuel ne sont pas complètement dans le rouge, tant s’en faut.

Le dernier rapport rendu à l’exécutif par le Conseil d’orientation des retraites (COR) cet automne montre que le financement du système devrait atteindre un point de stabilité dans les années à venir, notamment en raison de la diminution des effectifs de la fonction publique. Le déficit annuel attendu en 2025, autour de 15 milliards d’euros, ne devrait donc pas s’aggraver significativement par la suite [2].

Pour promouvoir le besoin de réforme, le gouvernement a bien évidemment dramatisé l’enjeu du financement. Présentée comme seule capable de sauver les retraites de la banqueroute, il n’est même pas certain que la réforme Macron-Delevoye y parvienne, ni même qu’elle soit la dernière des réformes [3].

En réalité, le gouvernement français ne fait que répondre à une recommandation formulée par l’Union européenne à travers les Grandes orientations des politiques économiques (les GOPE). Les GOPE 2018 adressées à la France préconisent en effet l’alignement des régimes du privé et du public pour réduire les dépenses publiques à hauteur de 5 milliards d’euros [4].

Une logique purement comptable est à l’œuvre alors que d’autres pistes de financement existent sans affaiblir le système social. Le gouvernement espagnol, dominé par les socialistes, vient par exemple de faire le choix d’instaurer une nouvelle taxe sur les banques pour tenter de combler le déficit du système des retraites et, plus généralement, de la sécurité sociale.

Une machine à renforcer les inégalités… et à engraisser les complémentaires

« Si on ne fait pas une réforme profonde, sérieuse, progressive aujourd’hui, quelqu’un d’autre en fera une demain brutale, vraiment brutale » a prévenu Édouard Philippe pour tenter de faire passer la pilule d’un projet qui s’annonce loin d’être indolore. À moins que le gouvernement, à travers les annonces prévues mercredi, n’édulcore largement l’esprit de la réforme envisagée par le haut-commissaire aux Retraites, le risque que le système par points ne fasse aucun gagnant est réel.

L’aspect le plus critique est la prise en compte de l’ensemble de la carrière professionnelle pour la détermination du niveau de pensions, puisque les cotisations versées tout au long de la vie seront converties en points pour nourrir une sorte de compte individuel. Contrairement au système actuel qui permet de déterminer le montant des cotisations en considération des salaires moyens des vingt-cinq meilleures années (pour les salariés du privé) ou des six derniers mois (pour les fonctionnaires) de la carrière, le système par points plombera mathématiquement tous les individus, nombreux, à avoir suivi une carrière erratique.

Une période de chômage, une reprise d’études, une longue période de maladie ou d’invalidité, une année sabbatique auront des répercussions immédiates sur les futures pensions en affectant le nombre de points engrangés annuellement. Le calcul des pensions s’appuiera sur la valeur du point de retraite révisé à la baisse ou à la hausse par le gouvernement en fonction de la générosité de l’enveloppe allouée aux retraites…

Le principe de solidarité permettait à partir d’un « pot commun » (la caisse nationale d’assurance vieillesse) de distribuer des pensions proportionnées aux meilleurs rémunérations perçues durant toute la vie professionnelle, tout en s’appuyant dès sa création en 1946 sur un régime complémentaire obligatoire pour le secteur privé (Agirc/Arcco). Ce système mixte laissera donc la place à une logique purement individualiste qui ne favorisera que les carrières sans tâche.

Les pays européens qui ont déjà fait le choix de ce type de système, à l’instar de la Suède ou de l’Allemagne, ont connu une baisse du niveau moyen de pensions, particulièrement sensible pour les carrières irrégulières, les femmes et les personnes handicapées.

La diminution du revenu des retraités assuré par le régime universel public menace en conséquence de plonger dans l’indigence une population déjà fragilisée (dépendance, problèmes de santé, solitude…). Dès cet été, un groupe d’experts avait dénoncé les simulations malhonnêtes proposées par le gouvernement et alerté sur le risque que la réforme porte préjudice à la quasi-totalité des futurs retraités [5].

La perspective de pensions maigres versées par l’État devrait en revanche donner le sourire aux organismes privés de retraites complémentaires. Les travailleurs aisés compenseront la faiblesse des pensions par la capitalisation, comme cela a été le cas en Suède [6].

La philosophie de la réforme Macron-Delevoye est bien d’amorcer une évolution vers la retraite par capitalisation en élargissement le marché dévolu aux assureurs privés et en ouvrant la porte aux fameux fonds de pension.

Loin d’être envisagée pour servir l’intérêt général, la fin du système par répartition répond à une logique de libéralisation du marché des pensions au bénéfice du secteur financier.

Gabriel Bernardon
https://voixdelhexagone.com/2019/12/09/retraites-la-liquidation-du-principe-de-solidarite/


Voir en ligne : https://unitecgt.fr/en-avant/genera...


[1Lire ou écouter la chronique de Daniel SCHNEIDERMANN, « Delevoye, BlackRock : oublis, lapsus et silence », arretsurimage.net, 9 décembre 2019.

[2Rapport du COR, Perspective des retraites en France à l’horizon 2030, novembre 2019.

[3Voir l’interview de l’ancien haut-fonctionnaire Patrick Stefanini dans Le Point : « On ne comprend rien à ce que raconte Jean-Paul Delevoye », 7 décembre 2019.

[4Commission européenne, « Recommandation du Conseil concernant concernant le programme national de réforme de la France pour 2018 et portant avis du Conseil sur le programme de stabilité de la France pour 2018 », doc. COM(2018)409, 23 mai 2018.

[5Catherine GASTÉ, « Réforme des retraites : tous perdants, conclut un collectif d’experts », leparisien.fr, 4 septembre 2019.

[6Marion PERROUD, « En Suède, le big bang de la réforme des retraites à points a un goût amer, vingt ans après », challenge.fr, 5 décembre 2019.

   

Messages

  • 1. Généralisons la grève illimitée jusqu’au retrait de la réforme des retraites
    11 décembre 2019, 17:01 - par RICHARD PALAO


    Camarades de UNITE CGT , oui il faut pour reprendre votre expression , generaliser la greve illimitée , mais quand on a dit cela , on fait comment ? Dans mon UL , je suis membre de la CE, les militants ne sont ni meilleurs ni moins bons qu’ailleurs , or apres un tour d’horizon là veIlle de la journée d action du 5 DECEMBRE , une petite minorité avait provoqué une AG dans leur boîte , les autres s étaient contentés de distribuer l appel confédéral ... d ou le résultat que l on connait :peu de grèves dans le secteur privé ...la greve reconductible ne se décrète pas d en haut , le rôle de la confede est d impulser et coordonner les luttes mais le travail de mobilisation revient aux militante et organisations de base ....
    la contre reforme des retraites concernent tout le monde : les travailleurs salaries du secteur privé , des regimes speciaux , les fonctionnaires , les non salaries , les professions liberales et même les retraite´s il est donc possible De construire le " tous ensemble " indispensable pour battre MACRON , mais pour cela il faut non seulement dire NON a la retraite par points mais egalement opposer à la reforme systemique de MACRON , une autre réforme systemique , un autre système universel qui permettra d améliorer la situation des ressortissants de tous les regimes actuels , or ce système existe , c est celui du programme du CNR qui avait pour objectif de creer un systeme unique et universel en integrant dans le régime général , tous les regimes existants avec un alignement progressif sur les regimes les plus avantageux ( en fonction de l evolution du PIB , loi du 22 mai 1946 ) ...en détendant le systeme actuel et ses 42 regimes tres inegalitaires dont seulement 16 de salaries ( les 26 autres sont des regimes de non salaries aux mains du patronat ) la CGT ne favorise pas le tous ensemble mais au contraire les luttes categorilles
    ou chacun défend son pré carre , son petit regime ce qui fait le jeu de MACRON qui surfe sur les divisions et c est un comble se pose en défenseur du principe d universalité défendu par le CNR et la CGT de 1945 et abandonné par l actuelle direction de la CGT ....avec un tel positionnement on peut toujours sauter comme un cabri en criant, greve ilimitée, greve illimitée !!! ...elle n est pas hélas pour demain ....

    Richard PALAO
    militant CGT sécurité sociale
    membre de l ANC

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