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Acte LXXXVII, des manifestations hors de contrôle

dimanche 12 juillet 2020 par ingirumimus

Photo : Manifestation Nokia à Paris le 8/07/2020
Le Conseil d’État vient d’infliger un nouveau camouflet à Macron et son gang en affirmant que les entraves à la liberté de manifester son « excessives » et que si elles s’abritent derrière la nécessité de lutter contre la propagation du COVID-19 ce n’est qu’un prétexte fallacieux [1]. Cela doit être compris comme un avertissement aux tendances dictatoriales de Macron au moment où on comprend que les manifestations vont se multiplier parce que la situation sur le front de l’emploi est catastrophique. Ce n’est pas la première fois que le gouvernement se fait taper sur les doigts pour détournement de la loi par le Conseil d’État.

La Commission européenne et l’ONU avaient condamné cette dangereuse dérive fascisante. Voici que c’est maintenant – mieux vaut tard que jamais – Jacques Toubon, Défenseur des droits, qui avant de quitter son poste, part en guerre contre les pratiques policières dont Macron et Philippe ont usé pour laminer le mouvement des Gilets jaunes. Il dénoncer les techniques de nassage et également les tirs de LBD. Cela ne va pas faire les affaires du petit Darmanin qui a pour tâche de rassurer les policiers sur leur impunité, après les déclarations intempestives de Castaner [2].

Mais les choses vont plus vite qu’on ne croit.
De plus en plus la justice condamne des policiers pour un comportement incompatible avec l’idée républicaine de maintien de l’ordre. Certes souvent les condamnations ne sont pas à la hauteur, mais elles méritent d’exister faisant la preuve que le gang macron a choisi de transgresser les lois de la République.

À Lyon plusieurs policiers ont été déférés devant le tribunal correctionnel pour s’être acharné sur un manifestant désarmé et lui avoir brisé 9 dents [3]. L’image des policiers dans la société continue à se dégrader.

Dans le 93, ce sont plusieurs équipes de policiers qui sont impliquées dans une affaire qui ressemble à ce qui s’est passé il y a quelques années à la Bac Nord de Marseille. Plusieurs policiers ont été mis à pied, ils sont soupçonnés de racket, de vendre de la drogue, faux et usage de faux, et j’en passe [4]. En vérité si cette affaire éclate, c’est que l’État non seulement ne tient plus ses troupes, mais qu’il compte aussi sur les pratiques illégales des policiers pour maintenir un semblant d’ordre.

De quelque côté que l’on se place, l’institution policière est en pleine débandade. Si macron a démis Castaner, il a oublié de démettre cette canaille de Lallement qui est pourtant responsable de l’explosion des violences dans Paris à propos des manifestations. Les policiers vont être fragilisés, et ce d’autant que Dupond-Moretti a avancé que sa mission n’était pas de punir les fauteurs de troubles, mais d’abord de lutter contre le racisme et pour les droits de l’homme.

On suppose que ce message est destiné à ceux qui pensent que Macron n’est pas complètement à droite et qui croient encore que d’élire Marine Le Pen en lieu et place du président-fou ce serait aller vers le chaos. Les policiers qui sont très remontés contre Macron on mis en avant qu’au-delà de l’affaire Traoré qui les irrite, une gendarmette, Mélanie Lemée, a été tuée par un repris de justice, trafiquant de drogue.

Mais peu importe tout cela, le fond de l’affaire ce sont les manifestations pour l’emploi qui s’annoncent hargneuses. Dans le tableau ci-dessus nous avons juste une petite idée des suppressions d’emplois qui s’annoncent dans l’industrie. Il faut savoir que lorsqu’on détruit un emploi chez Airbus, c’est au moins cinq emplois qui sont détruits ailleurs, chez les sous-traitants ou chez les fournisseurs, et sans compter bien sûr les emplois indirectement détruits par abaissement du pouvoir d’achat.

Mais la colère en la matière va être alimentée par le fait que ces entreprises qui licencient à tour de bras ont reçu ou recevront des milliards pour les sauver. Milliards qu’elles reçoivent sans contrepartie. Le pire est sans doute Sanofi qui va licencier un millier d’emplois en France alors que cette entreprise rapace a réalisé plus de 2 milliards d’euros de bénéfice et qu’elle vient de toucher plusieurs centaines de millions pour l’aider à mettre en place un vaccin, vaccin très hypothétique.

Notez cependant que le gouvernement peut compter sur l’aide empressés des bureaucraties syndicales. En effet la CFDT, FO et l’UNSA, soit 3 syndicats sur 5, ont signé l’accord sur les salaires, ce qui devrait enlever une épine du pied au gouvernement. La revalorisation est réelle même si elle n’est pas énorme, 183 € en deux fois [5].

Cette démarche de Castex est d’autant plus imbécile que l’opinion voit que l’État distribue des milliards tout azimut pour Renault, pour Air France, mais qu’il refuse de renoncer à une réforme des retraites dont les gains monétaires se feront sentir au mieux en 2050 !

Laurent berger, le leader du syndicat jaune, a emboîté le pas à Geoffroy Roux de Bézieux, dénonçant une démarche particulièrement imbécile. Cet épisode qui voit l’unanimité syndicale pour refuser de discuter avec le premier ministre de la réforme des retraites montre que le caractère de Castex est celui d’un velléitaire qui cherche d’abord à se faire remarquer de son employeur [6].

Évidemment Castex qui n’a jamais travaillé de sa vie et qui cumule les emplois très bien rémunérés ne peut guère comprendre le désarroi des futurs retraités qui seront réduits par la force des choses à la misère, même en ayant travaillé toute leur vie. C’est probablement de ce côté que va venir la reprise du combat social. Beaucoup ont avancé que Macron était à l’origine de cette arrogance de son premier ministre. C’est bien possible. Vivant son quinquennat dans le chaos permanent, il tente toujours d’ouvrir un nouveau front. Rouvrir le dossier des retraites est d’autant plus stupide que l’opinion publique avait pris comme un soulagement le renoncement annoncé il y a quelques mois.

Manifestation Hôtel de ville de Paris, le 10 juillet 2020

En attendant on manifeste pour tout et pour n’importe quoi. Vendredi 10 juillet c’était les féministes qui s’y collaient pour dénoncer la présence du répugnant Darmanin au gouvernement. Vous remarquerez que le préfet n’avait pas interdit cette manifestation comme on le fait régulièrement pour les Gilets jaunes. Il aurait pu tout à fait invoquer la dangerosité de ce rassemblement dans la propagation du coronavirus. Mais évidemment cette mansuétude n’est pas gratuite.

Darmanin qui met maintenant en avant son second prénom, Moussa, pour se faire reconnaitre de la communauté islamiste en France a très certainement des comportements plus que douteux, notamment dans sa fréquentation des clubs échangistes et des travailleuses du sexe.

Dupond-Moretti aussi, mais contre lui seuls quelques cris ont éclaté. Le fait que les féministes aient démarré au quart de tour pour se mobiliser contre Darmanin et Dupond-Moretti dans de nombreuses villes de France en dit long, non pas sur la puissance du mouvement féministe, mais sur la volonté plus générale de voir les choses changer. Le revers de la médaille c’est l’émiettement du mouvement social.

Valence le 10 juillet 2020

Le mouvement social s’étiole en effet, on a l’impression que chacun manifeste sur son petit créneau. Les uns parce que leur boite ferme et qu’ils ont peur de se retrouver sans emploi. Les autres contre le racisme, les autres encore contre Darmanin et Dupond-Moretti. L’ensemble manque d’unité et se délite. Sans doute faut il attendre la rentrée de septembre avec la fin du chômage partiel pour que ceux d’en bas retrouve le chemin des manifestations.

Deux axes nous paraissent décisifs : réformer l’impôt pour soulager les plus pauvres, par exemple en abaissant radicalement la TVA, et compenser ces pertes par des hausses d’impôts sur les plus riches.

On peut réclamer trois choses pour instaurer un peu de justice sociale :

  • - Rétablir l’ISF
  • - augmenter la progressivité sur le revenu
  • - supprimer le CICE

75% des Français réclament une hausse de la fiscalité sur les riches, hausse à laquelle s’opposent le gang Macron et les Playmobils qui votent les lois [7].

Le deuxième axe est bien sûr de s’opposer à la réforme des retraites que Castex va tenter de remettre au goût du jour.

Marche Blanche à Bayonne, le 8 juillet 2020

D’autres manifestations se développent en France. A Bayonne c’est pour l’assassinat d’un chauffeur de bus qu’une marche blanche a eu lieu. Au-delà de la mauvaise intégration pour ne pas dire plus d’une population issue de l’immigration, elle dénonce l’abandon de l’Etat qui n’assure plus la sécurité dans le pays. C’est une guerre civile larvée, il ne faut pas s’y tromper. Il n’y a rien qui la fera cesser à court terme, et elle pourrait même être la cause de l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite. Une autre marche blanche avait lieu le 11 juillet à Aiguillon dans le Lot-et-Garonne en hommage à Mélanie Lemée qui s’est faite tuer par un trafiquant de drogue issu de la diversité et qui roulait sans permis de conduire. Les marches blanches ne résoudront évidemment rien du tout, et ce qu’elles dénoncent c’est le fait que l’Etat utilise finalement la police pour détruire le mouvement social et certainement pas pour assurer la sécurité dans les quartiers difficiles. Si les « artistes » se sont mobilisés facilement pour Adama Traoré voire même pour George Floyd, on ne les a pas vu faire de commentaires sur ces deux personnes assassinées. Il viendra un jour où les marches blanches ne suffiront plus et où l’affrontement sera inévitable à cause de l’incapacité de l’Etat à faire respecter les lois de la République. Ce que je dis de la France est aussi vrai pour d’autres pays européens.

Marche blanche en hommage à Mélanie Lemée le 11 juillet 2020

Les Gilets jaunes perdent clairement la main. Ce samedi 11 juillet, certains espéraient mobiliser dans un soutien à Hongkong. J’ai beaucoup d’estime pour le peuple hongkongais qui se bat pour sa liberté, mais il y a tant à faire chez nous que cela n’est pas un thème rassembleur pour les Français. Dès lors qu’on extériorise les luttes sociales, on perd invariablement pied.

C’est aussi le cas quand on manifeste pour George Floyd qui ne concerne pas directement notre pays, même si on peut trouver que le meurtre de George Floyd est effectivement scandaleux. Ce sont très souvent les groupes gauchistes qui tentent de tirer le mouvement des Gilets jaunes contre des formes de lutte sociales qui ne concernent pas les Français, croyant sans doute rejouer leur soutien à la lutte pour le Viêt-Cong ou pour les Palestiniens.

Ces soutiens non seulement se sont révélés être des soutiens à des formes de gouvernement dictatoriaux, mais en outre ils ont été peu mobilisateurs. Je me souviens qu’en 1967 les trotskistes s’épuisaient à essayer d’entraîner les masses populaires dans la lutte contre les États-Unis, en soutien à Ho Chi Minh. Les manifestations sont devenues populaires un an plus tard seulement avec un mouvement de grève générale qui ne se préoccupait pas directement du Viêt-Cong. A Paris place de la Bastille les Gilets jaunes revenaient aux fondamentaux en réclamant tout simplement la démocratie.

Paris le 11 juillet, les Gilets jaunes réclament la démocratie

Si effectivement le contexte post-COVID n’est pas porteur de fortes mobilisations, il est clair que le mouvement est aussi désorienté par les tentatives d’intrusion de logiques politiques gauchistes. Bien entendu ici et là les préfets ont encore pris des arrêtés sans doute illégaux pour interdire le droit de manifester comme à Valence. Mais ça n’explique pas tout. La dispersion des sujets de revendications nuit considérablement à la mobilisation. Et puis il y a effectivement la lassitude des plus endurants. Même si la méfiance est de mise, beaucoup attendent aussi de voir ce que fera ce gouvernement.

À Toulouse sur la place du Capitole la mobilisation était maigre ce samedi 11 juillet 2020

Sur la RN20 les Gilets jaunes récupèrent un rond-point


Voir en ligne : http://in-girum-imus.blogg.org/acte...


Nous vous proposons cet article afin d’élargir notre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s’arrête aux propos que nous reportons ici.


[5https://www.leparisien.fr/societe/segur-de-la-sante-un-accord-majoritaire-sur-les-salaires-des-personnels-hospitaliers-non-medicaux-10-07-2020-8351121.php]0]. Le scandale est que ces syndicats qui n’ont guère appuyé les revendications légitimes, suivant plutôt les troupes, s’empressent de signer.

Il est vrai que les soignants voulaient manifester le 14 juillet. Vont-ils persister ?
Mais au-delà de la corruption des syndicats il faut retenir que Macron qui aime jouer les matamores, cède quand le mouvement est puissant. Il a cédé face aux Gilets jaunes, et il cède face aux soignants, même si les gains obtenus ne sont pas conformes aux attentes. Quelle perte de temps ! ça fait presque deux ans que les personnels hospitaliers alertent l’opinion, qu’ils se font matraquer et gazer. Manifestement la méthode Macron est très mauvaise, mais celle des syndicats également.

N’oublions pas que les soignants sont à l‘heure actuelle le fer de lance du mouvement social. Vont-ils accepter cet accord à la base ? En brisant le mouvement revendicatif des soignants, les syndicats brisent aussi l’unité revendicative avec les autres secteurs. Ils n’ont clairement rien fait pour travailler à la convergence des luttes, au contraire, ils font tout pour émietter. Y compris la CGT d’ailleurs qui a tout fait pour dénigrer le mouvement des Gilets jaunes. Je suppose que pour ces bureaucrates, c’est la seule méthode pour conserver encore une petite part de marché.

A peine le dossier des soignants semble se refermer, et voilà que nous découvrons que Jean Castex est encore plus stupide qu’on ne croyait. Un feu s’éteint d’un côté, un autre s’allume ailleurs. Et donc voilà le nouveau premier ministre qui tente de se faire remarquer, comme s’il existait vraiment, en ressortant l’épouvantail de la réforme des retraites qui avant la pandémie avait mis des millions de personnes dans la rue, y compris les pâles cédétistes. Ce crétin nous dit qu’il y a urgence pour cause de financement déficitaire des caisses de retraites. Même le MEDEF trouve que cette démarche est non seulement incongrue, mais grossière, étant donné que pour lui la priorité est d’abord de faire repartir l’économie et l’emploi[[https://www.capital.fr/economie-politique/le-medef-demande-une-pause-concernant-la-reforme-des-retraites-1374536

   

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