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La Turquie, la Biélorussie et la fin de l’Union européenne

dimanche 23 août 2020 par ingirumimus

Les « européens » sont complètement empêtrés dans les négociations sur le Brexit. (photo : Barnier et Frost étalant leurs désaccords en public.) C’est bien entendu le résultat de l’entêtement imbécile de Barnier et de son équipe. Dans un premier temps, on comprend qu’il ait voulu jouer la montre, pensant qu’il y aurait peut-être un second référendum qui empêcherait les Britanniques de sortir de la prison de l’UE. Mais maintenant, l’affaire est entendue, les Britanniques sont déjà partis ! Quoi qu’on pense des Britanniques et de leur volonté de s’éloigner de l’Union européenne, il est clair que Barnier s’est complètement planté dans le cours des négociations, car s’il y a négociation, c’est pour arriver à un compromis qui ne peut pas être l’acceptation en bloc des desiderata européistes [1].

Barnier, bureaucrate en chef pour le Brexit a juste perdu quatre ans à faire n’importe quoi, et il n’a rien obtenu. Si comme certains le pensent les négociations n’aboutissent pas, les relations entre le Royaume-Uni et l’Union européennes rentreront sous la loi de l’OMC [2].

Or celle-ci sera moins favorable à l’Union européenne essentiellement parce que celle-ci a un commerce excédentaire avec le Royaume Uni. Lorsque le libre échange recule, c’est la partie qui a un avantage commercial qui en pâtit. C’est une règle économique. Dans le cas qui nous occupe, ce sera l’Allemagne et la France qui seront les grands perdants.

L’économie européenne est en très mauvais état et la fracture entre les pays dits « frugaux » et les « clubs Med » s’élargit [3]. Les atermoiements de Barnier ajoutent à une situation naturellement mauvaise et dégradée. Je fais remarquer que le « formidable » plan de relance de l’UE n’a pour l’instant pas été suivi d’effet. Les imbécilités de Barnier nous indiquent que lorsqu’on veut sortir de l’Union européenne et de l’euro, il faut sortir d’abord et négocier ensuite sans rien attendre de la bureaucratie bruxelloise.

Les bateaux turcs pénètrent dans les eaux territoriales grecques

Mais des menaces sur l’existence de l’Union européenne s’accumulent. Il y a d’ abord la Turquie d’Erdogan qui menace les îles grecques, Chypre, mais aussi la Libye. Ce n’est pas la Turquie en elle-même qui pose problème, même sur le plan militaire. Macron a envoyé des forces militaires pour empêcher la Turquie de trop s’avancer [4]. Or le problème c’est l’hypocrite Merkel qui a refusé de condamner l’agression de l’expansionnisme islamiste, renvoyant dos à dos la Grèce et la France d’un côté et la Turquie de l’autre. Cette fausse symétrie montre que non seulement l’axe Berlin-Paris n’existe pas, mais que l’axe Berlin-Ankara lui existe bel et bien et il est supérieur à la cohésion européenne [5].

Les conséquences de cette mascarade sont multiples et variées. Cela confirmera d’abord que les Allemands s’ils sont les amis des Turcs ne sont pas les amis des Grecs qu’ils ont contribué par leur politique austéritaire imposée à désarmés face à la Turquie lors de son dépeçage par la Troïka. Ensuite, Macron est coincé, car si en tant qu’amie de la Grèce la France ne peut pas marchander son aide militaire face à la Turquie, il va falloir tôt ou tard qu’il affronte Merkel sur cette question. D’autant qu’il y a derrière cela la remise en question de l’argent que l’Union européenne donne au Sultan d’Ankara.

Ce sont des milliards que l’Union européenne et l’Allemagne déverse sur la Turquie. Sous l’impulsion de guignols pro-migrants et pro-turcs comme Gerald Knaus, il y a quelques semaines, l’Union européenne devait finaliser un plan de près de 7 milliards de $ en faveur d’Erdogan [6]. Officiellement cet argent doit servir à deux choses : à retenir les réfugiés qui veulent entrer en Europe, et à les aider à les réinstaller au Nord de la Syrie qui est passé sous le contrôle d’Erdogan.

Autrement dit Merkel et l’Union européenne aide le Turc à coloniser le Kurdistan : sans parler évidemment qu’une partie de cette aide est détournée par les Turcs pour s’équiper militairement. Jusqu’à quand les pays européens supporteront-ils les saloperies de l’Allemagne copulant avec la Turquie ? Probablement peu longtemps encore.

En Méditerranée on s’active pour contrer le Turc et indirectement l’Allemagne. Des accords vont être signés entre l’Égypte, la Grèce et l’Italie, l’Égypte et l’Italie s’inquiétant tout autant que la Grèce des incursions du Turc en Lybie [7].
Nous sommes dans ce moment très particulier où le chef du Mossad vient de déclarer que la Turquie d’Erdogan est maintenant plus dangereuse que l’Iran [8].
Merkel a presque tout échoué sur le plan des « affaires étrangères », notamment en 2015 en redéfinissant la politique européenne d’immigration, elle a mis un désordre dont nous ne sommes pas sortis encore. Mais en soutenant ouvertement le Turc, elle a ouvert une boîte de Pandore qui pourrait mener à la guerre.

L’obséquieux Macron penchant la tête devant Merkel

Face à l’axe Berlin-Ankara se développent des contre-feux dont le moindre n’est pas le rapprochement d’Israël avec les pays du Golfe. En Libye et au nord de la Syrie, ce sont les Russes qui ont mis un terme très clair aux ambitions d’Erdogan. Il y a donc un ensemble de pays, Israël, la Grèce, l’Italie, l’Égypte et la France, qui, avec la Russie tentent de contenir la poussée islamiste turque et puis il y a l’Allemagne qui au contraire la soutient de manière flagrante.

Dans ce contexte Macron est coincé, ou il se trouve du côté d’une coalition anti-Erdogan, ou il se range sous la bannière allemande. L’Union européenne a renvoyé la question à plus tard, preuve qu’elle n’existe pas en tant qu’espace de souveraineté. Mais elle a indirectement jeté de l’huile sur le feu en s’occupant de ce qui ne la regarde pas, c’est-à-dire de la Biélorussie.

Voilà donc cette boutique complètement manipulée par l’OTAN qui s’occupe de juger des élections en Biélorussie et de sanctionner ce pays parce que Loukachenko ne serait pas un démocrate et se comporterait comme un vulgaire Macron avec ses opposants en leur envoyant la troupe. Loin de moi l’idée de dire que Loukachenko est l’ami de son peuple, le caractère massif des manifestations ne peut pas s’expliquer par les mouches du coche de l’OTAN qui visent à resserrer l’étau sur la Biélorussie pour mieux isoler la Russie de Poutine [9].

Mais il n’y a aucune raison particulière de sanctionner un pays avec lequel on n’a aucun accord, et de donner de l’argent à un autre pays qui agresse un membre de l’Union européenne. L’Union européenne n’a aucun mandat pour faire la police aux portes de la Russie. Or Bruxelles prétend mettre en place des sanctions économique avec la Biélorussie et ainsi pousser le peuple affamé à renverser Loukachenko.

C’est exactement la même tactique que Trump a utilisé récemment au Venezuela avec le peu de succès que l’on sait. Sur cette question aussi l’Europe est divisée et ne semble pas enthousiaste à suivre Berlin dans sa croisade anti-Loukachenko. Le ministre néerlandais l’a clairement signifié [10].

C’est une contestation du leadership de l’Allemagne. Mais l’opinion grecque et ses médias ont souligné aussi que l’Union européenne s’occupait de Loukachenko et admettait en même temps qu’elle était incapable en tant que telle de contrer l’agresseur turc et donc de manifester un peu d’empathie avec un pays membre. Cette nouvelle déchirure vient après la difficile gestion du plan de relance européen qui est pour l’instant au point mort.

L’ennui pour Merkel qui a besoin de l’Union européenne, c’est qu’elle ne peut pas vouloir plus d’Europe comme on dit bêtement et en même temps soutenir le Turc. La logique de l’histoire fait que sur ce point Macron risque d’être obligé de se séparer de Merkel. Mais les Grecs qui sont depuis longtemps le peuple le plus dégouté de l’Europe risquent aussi de prendre les devants et se détacher finalement de cette institution maudite qui les enfonce à tout propos.

Au fond Erdogan est le révélateur de la maladie de l’Europe. Merkel en soutenant le dictateur Erdogan porte un sale coup à la démocratie en Turquie et contribue indirectement à écraser les Turcs qui voudraient sortir de la tenaille d’Erdogan. Qu’elle se permette ensuite de faire la leçon de démocratie à la Biélorussie, est tout simplement bouffon.

La rue s’enflamme à Minsk


Nous vous proposons cet article afin d’élargir notre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s’arrête aux propos que nous reportons ici.


[6https://atalayar.com/fr/content/l%E2%80%99union-europ%C3%A9enne-tient-%C3%A0-donner-plus-d%E2%80%99argent-%C3%A0-la-turquie-pour-les-r%C3%A9fugi%C3%A9s Ce Gerald Knaus est un genre d’Aurélien Taché en plus influent, il est le porte-voix d’un lobby pro-islam et pro-migration.

[9L’OTAN est aujourd’hui une machine folle, un marteau sans maître. Cette bureaucratie coûteuse et inutile passe son temps à inventer des ennemis pour justifier son existence.

   

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