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Diego Armando Maradona ou la grandeur de la revanche du pauvre et de l’opprimé

lundi 30 novembre 2020 par Diagne Fodé Roland

A l’annonce du décès de ce footballeur sublime, les hommages des plus grands footballeurs encore vivants sont unanimes : "un jour, j’espère que nous pourrons jouer au ballon ensemble dans le ciel" (Pelé), "exceptionnel et inimitable" (Zidane), "il m’a fait rêver, un génie éternel, un magicien sans pareil" (Ronaldo), "il nous quitte, mais ne disparaît pas, Diego est éternel" (Messi) "que l’on soit en 1990, en 2020, ou en 2050, Maradona restera une marque indélébile... (de) toutes les époques" (Mbappé), "Il venait d’une autre planète, nous, on était tous derrière, il y a des gens qui ne meurent jamais"(Eto’o).

On aurait tellement voulu ces sportifs, mais aussi musiciens, cinéastes, peintres, romanciers et autres artistes de renom suivre sans être exhaustif, en paroles et en actes, les traces de Maradona, Mohamed Ali, Tommie Smith, John Carlos, les Ballets Africains, Sory Kouyaté Kandia, Myriam Makeba, A. Demba Camara-Bembeya Jazz, Salif Keita, Sembène Ousmane, Ngugi Wa Tchiong’o, Kateb Yacine, Oum Kalthoum, Nâzim Hikmet, Bertolt Brecht, Picasso, Aragon, Henri Barbusse, Maxime Gorki, Pablo Neruda, Jack London, etc.

Par exemple, dénonçant la corruption et la gabegie de la FIFA, complètement sous le contrôle des milliardaires actionnaires des grandes multinationales impérialistes, Maradona lançait en 1995, avec Eric Cantona, l’Association Internationale des Footballeurs Professionnels (AIFP).

Mais au-delà des hommages de ses homologues joueurs, on sent et voit bien les camps se dessiner entre ceux qui veulent le réduire au "footballeur hors pair" qu’il a été et ceux qui associent la vedette et son engagement politique anti-impérialiste du côté des travailleurs et des peuples.
Ne cherchez pas de midi à quatorze heures, les premiers ce sont les milliardaires, médias et élites politiques étatsuniens et européens et les seconds ce sont les travailleurs du centre du capitalisme impérialiste mondialisé et les peuples de la périphérie opprimée.

Le seul intérêt que les capitalistes impérialistes portent à ce « gamin en or » qui a fait vibrer les stades de ses prodigieuses prouesses footballistiques à Barcelone puis à Naples, à l’instar de beaucoup de ces immigrés ou enfants d’immigrés issus des quartiers populaires des villes européennes ou des minorités noirs ou hispaniques opprimées aux USA, est l’apologie de la "réussite individuelle" par le "gain de l’argent" grâce à leur "physique sportif", leur "musique rythmique".

C’est ainsi que dans ce monde bourgeois où "l’argent fait l’argent et les fastes décadents de l’argent", le jeune « maître es-football" tombe dans les filets de la "Camorra", cette fraction maffieuse de la bourgeoisie italienne qui l’intoxique à la cocaïne.

Mais d’abord Dieguito prend le contrepied de l’aliénation individualiste du dieu argent capitaliste impérialiste à la coupe du monde 1986 pour venger sa patrie argentine de l’agression des envahisseurs impérialistes anglais s’emparant par la guerre en 1982 avec le soutien de tout l’occident impérialiste (USA, UE) de cette portion de la mère patrie.

C’est la "main de Dieu" dont il déclara ensuite que "c’est comme piquer le portefeuille d’un riche anglais" avant de conclure "je rêve de marquer un autre but aux Anglais de la main droite". Ne dit-on pas que c’est à partir de là que fut institué le contrôle par caméra pour les arbitres ?

Mais les cris d’orfraies des impérialistes sur la supposée triche de l’aveuglement de l’arbitre fut dix minutes plus tard stoppés net par l’exploit unique et impérissable de l’alignement par les dribbles endiablés de la quasi-totalité de l’équipe anglaise du milieu du terrain jusque dans les filets.

Cette revanche symbolique a été immortalisée par le film retraçant son parcours, intitulé "Maradona" du grand réalisateur Emir Kusturica et la célèbre chanson de Manu Chao dont le refrain est « Si j’étais Maradona je serais comme lui ».

Mais aux yeux des impérialistes ce qui rend impardonnable Maradona, c’est d’avoir, après y avoir goûté, rejeté le système de "l’argent roi" en soutenant les luttes de la gauche anti-libérale, anti-impérialiste et communiste incarnées par Fidel Castro, Chavez, Evo Morales, Lula, Dilma Rousseff, Rafael Correa, Daniel Ortega, etc.

Maradona a accompagné de son vivant les nouvelles expériences progressistes de la gauche révolutionnaire Sud-Américaine. A la mort de Fidel, il dit : "On m’a annoncé la mort de celui qui était le plus grand, sans aucun doute. Fidel Castro est mort. Je suis terriblement triste, parce qu’il était pour moi comme un second père".

Comme pour narguer ceux dont il disait "dans la vie, on m’a attaqué de toutes parts", Maradona tatoua même le Che sur son épaule droite et Fidel Castro sur la jambe droite. Il exprima dans ses émissions de télé à grand audimat qu’ "avec Fidel Castro, Chavez, Luiz Inacio Lula da Silva et Nestor Kirchner […], je crois que l’on peut former une bonne alliance contre la pauvreté, la corruption et rompre la relation filiale avec les États-Unis", affirmant qu’il avait vécu sa première rencontre avec Chavez, décédé en 2013, comme "peut-être plus forte qu’une victoire en Coupe du monde" et se présentait dans les meetings de campagne électorale de Maduro comme un "soldat" du successeur de Chavez.

Voilà pourquoi l’immense Fidel Castro surnomma Maradona « le Che du sport » et lui écrivit ceci : "Comme Latino-Américains, nos relations n’ont alors jamais été aussi étroites. Tu as triomphé des épreuves les plus difficiles, comme athlète et jeune d’origine modeste. (...) Naturellement, Diego, je n’oublierai jamais l’amitié et le soutien que tu as toujours apporté à Hugo Chavez, promoteur du sport et de la révolution d’Amérique latine et des peuples opprimés du monde".

Maradona a su allier football et conscience anti-impérialiste de classe en arborant fièrement des tee-shirt "stop Bush", en affichant sa solidarité au peuple martyr de Palestine contre le sionisme et l’occupation coloniale fasciste Israélienne. Dans sa quête de l’égalité entre tous les humains et tous les peuples, Maradona avait compris que les "shérifs du monde que sont ces yankees croient que parce qu’ils ont la plus grande bombe au monde ils peuvent nous diriger".

Voilà pourquoi les impérialistes font cet amalgame quand ils disent de lui "qu’il était capable d’incarner le révolutionnaire, le truand, l’opprimé, le rebelle, l’artiste, le tricheur, le croyant, le sauveur...". "Truand, tricheur, sauveur" sont des tentatives vaines pour salir la mémoire de cet opprimé qui a été le rebelle contre les truands de la mafia capitaliste, le sauveur par l’artistique "main de dieu" suivi du "but du siècle" et le révolutionnaire progressiste de gauche qui a utilisé sa notoriété et a choisi le camp des humbles, des pauvres et du peuple pour se mettre au service de l’émancipation anti-impérialiste des peuples, nations, États et pays d’Amérique du Sud et du monde en brandissant la devise de l’égalité réelle et du droit imprescriptible des peuples à la souveraineté.

Oui Maradona a été happé un moment par les sirènes de la mafia du temple italo-européen du capitalisme impérialiste. Oui un moment il a été un "bandit" piégé par la mafia, mais comme le montre l’historien britannique Eric Hobsbawm qui a fait une étude très intéressante du banditisme, il faut distinguer le banditisme criminogène propre aux exploiteurs capitalistes du banditisme social qui est au fond "un défi de principe pour l’ordre établi de la société de classes et pour son fonctionnement politique, quels que soient les arrangements qu’il trouve en pratique avec les deux".

Les bandits de la seconde catégorie selon Hobsbawm "partagent les valeurs et les aspirations du monde paysan et, en tant que hors-la-loi et rebelles, sont généralement sensibles à ses poussées révolutionnaires".

Maradona est donc à considérer comme à la fois un bandit d’un bref moment quand il fut le jouet de la mafia et un révolutionnaire qui a su contrairement s’extraire du gangstérisme capitaliste pour mettre en avant, comme tout révolutionnaire digne de ce nom, un projet de société émancipateur fondé sur l’indépendance, la souveraineté et l’égalité des peuples.

Il a personnellement triomphé de la misère dans laquelle l’oppression impérialiste coloniale et néocoloniale plonge les peuples d’Amérique du Sud, d’Afrique, d’Asie et dans laquelle le capitalisme-impérialiste est en train de plonger les travailleurs et les peuples de leurs propres pays impérialistes (USA, UE).

Il a ensuite mis tout son colossal talent d’artiste pour faire rêver toute une génération de footballeur et pour soutenir les causes humaines, justes et libératrices.

Merci à jamais Diego Armando Maradona, repose en paix, que ton exemple inspire d’autres.
28/11/2020

   

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