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Dissolution politique du CCIF (Communiqués LDH, UJFP, CCIF)

samedi 5 décembre 2020 par LDH, UJFP, CCIF

Des prises de position que l’ANC ne peut que soutenir !(NDLR)
Le gouvernement a prononcé la dissolution du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF). Cette décision n’a de surprenante que le délai apporté à la prendre, tant elle était prévisible.
Si la longueur du décret de dissolution peut faire illusion, sa lecture atteste que les griefs des pouvoirs publics sont avant tout d’ordre politique quand ils ne se bornent pas à faire état de déclarations de tiers.

En assumant de dissoudre une association parce qu’elle a qualifié d’islamophobes « des mesures prises dans le but de prévenir des actions terroristes et de prévenir ou de combattre des actes punis par la loi », le gouvernement s’engage sur la voie du délit d’opinion.
En y ajoutant que les opinions du CCIF constituent des « agissements en vue de provoquer des actes de terrorisme » et « qu’il défend et promeut une notion d’islamophobie particulièrement large », le gouvernement nous montre que plus personne n’est à l’abri de telles ou telles poursuites.

La Ligue des droits de l’Homme (LDH) est profondément inquiète de cette atteinte à l’État de droit. Elle ne peut conduire qu’à accroître les tensions et à conforter l’idée que ce sont bien toutes les personnes musulmanes qui sont ici mises en cause.

https://www.ldh-france.org/wp-content/uploads/2020/12/CP-LDH-CCIF-3-12-2020.pdf


Ce que signifie la dissolution du CCIF

Le ministre de l’intérieur l’avait annoncé au lendemain de l’assassinat de Samuel Paty : il voulait envoyer un message. Ce message est tragique et il insulte la dignité des millions de citoyens français musulmans auxquels il s’adresse. Dissoudre le principal acteur de la lutte contre le racisme islamophobe revient à hurler – avec la meute réactionnaire – que l’islamophobie n’existe pas. Et donc qu’il n’y a pas de lutte à mener contre cette forme de racisme.

Le CCIF, et nous le savons tous, n’a rien à voir avec l’islam radical, le terrorisme ou une quelconque forme de racisme. Bien au contraire il a ouvert un espace d’expression et de lutte contre les discriminations devenues structurelles envers tout un pan de notre société, et cela en utilisant les outils du droit français. Un espace d’autant plus vital que les victimes de ce racisme ne trouvaient que fort peu d’écoute ou d’aide avant que le CCIF existe.

Pour l’inquisition menée par Gerald Darmanin, le pêché capital du CCIF loge dans sa réussite. De son rôle dans la reconnaissance de l’islamophobie comme racisme à ses victoires devant la justice française, en passant par la qualité de l’accompagnement juridique des victimes, le CCIF est devenu un acteur important de la capacité d’agir des français musulmans.

Un message aussi qui évoque la fable de La Fontaine « si ce n’est toi c’est donc ton frère » : crise du covid, incapacité à tirer les conclusions de ses politiques sociales économiques étrangères et leur lien avec le terrorisme, échec de la loi sécuritaire qui vient de sortir 500 000 personnes dans la rue, et de révolter la presse que cette loi veut brider.
Pour tous ces échecs, il y a ceux qui doivent payer : les musulmans. Et « la raison du plus fort est toujours la meilleure ». Sommes-nous encore dans un État de droit ? On est aujourd’hui fondé à se poser la question.

C’est donc à l’impunité des actes racistes et des discriminations et au silence que les victimes seraient dorénavant renvoyées.

Si c’est la force et le mensonge qui président aujourd’hui à une telle décision, n’importe quelle association antiraciste ou de défense des droits humains peut être demain victime de l’arbitraire.

Sauf si les associations et organisations de la société civile française ont dès à présent, dès demain faute de mieux, l’intelligence de lier la loi séparatiste (n’en doutons pas) avec la loi sécuritaire, et le courage de se dresser contre ce qui ressemble à une vengeance d’État bien plus qu‘à une décision de droit. C’est le moins que l’on puisse attendre d’elles.
Un seul mot d’ordre s’impose : unité totale dans l’action contre cette décision et contre toutes les lois scélérates.

La Commission Communication externe pour la Coordination nationale de l’UJFP.

Le 03-12-2020

http://www.ujfp.org/spip.php?article8220


Le CCIF ira au Conseil d’État pour contester sa dissolution politique

Suite à l’attentat de Conflans-Sainte-Honorine, une pression politique et médiatique s’est exercée à l’encontre du CCIF (Collectif Contre l’ Islamophobie en France), réclamant sa dissolution alors qu’il était avéré que l’association n’avait pas le moindre rapport avec le harcèlement subi par le professeur Samuel Paty. La douleur et l’émotion de ce moment tragique ont été instrumentalisées par des sympathisants de la droite extrême afin d’en découdre avec celles et ceux qui, au quotidien, luttent contre la haine et les discriminations qui visent les personnes de confession musulmane en France.

Dix jours plus tard, le 26 octobre 2020, le CCIF avait déclaré que, quelle que soit l’issue de cette campagne de menaces à son encontre, son intégrité et la sécurité de son équipe n’étaient plus assurées en France. Dans un tel contexte de mise en danger des équipes, désignées par M. Darmanin comme « ennemies de la République », il n’était plus possible de poursuivre sereinement la mission de l’association.

C’est pourquoi le CCIF a enclenché un plan de sécurisation et de protection, prévu pour les organisations comme la sienne, à l’échelle internationale. Le 29 octobre, le Conseil d’administration du CCIF a ainsi décidé de sa dissolution volontaire.
Dans le même temps, le CCIF a pris la décision de déposer plainte devant la Cour de justice de la République contre Gérald Darmanin pour avoir déclaré que l’association était : manifestement impliquée dans le meurtre de Samuel Paty, désignant par-là un bouc­ émissaire et faisant de ses membres des cibles sujettes aux représailles et aux menaces de mort.

Le 19 novembre, le ministère de l’Intérieur a envoyé une notification de dissolution au président du CClF, à laquelle l’association a répondu publiquement, point par point, jusqu’au 28 novembre, afin de démontrer à toutes et à tous, de manière factuelle, la nature fallacieuse et diffamatoire des arguments de M. Darmanin, allant jusqu’à confondre le CCIF avec une autre organisation et lui imputant des propos et des faits qui ne sont pas les siens.

Le CCIF a fait parvenir au ministère de l’Intérieur le procès verbal de dissolution volontaire, expliquant que la notification de dissolution est sans objet, puisque le CCIF n’existe plus et que les dernières actions qu’il mène (notamment sur les réseaux sociaux) sont liées à sa liquidation.

Le décret de dissolution publié par M. Dannanin le 2 décembre 2020 a dès lors visé le CCJF en tant que « groupement de fait », démontrant ainsi, si cela était nécessaire, que l’objectif de la dissolution de cette organisation - jamais condamnée, jamais incriminée, jamais mise en cause par la justice et qui a toujours respecté et fait respecter la loi - est uniquement politique et se situe très exactement dans la volonté de M. Dannanin de « faire passer un message » à toute personne physique ou morale qui contesterait ses pratiques et son action.

Alors que la loi « contre les séparatismes » est une loi susceptible de conduire à des dérives contraires à l’État de droit, puisqu’elle vise clairement à la restriction des libertés, il apparaît clair que, dans ce contexte, éliminer le CCIF constitue une manœuvre politique aussi habile qu’évidente, qu’il est important de dénoncer, pour toutes celles et ceux qui sont attachés aux libertés fondamentales, socle de l’État de droit.

À travers le traitement arbitraire du CCIF, ce sont tous les défenseurs des droits humains qui sont visés et, si nous ne sommes pas nombreux à le dénoncer, demain toute organisation ou personne pourra se voir mise en cause de la même façon, avec pour seul tort d’avoir mis en évidence une forme de racisme ou de violation des droits en France.

C’est pourquoi, alors qu’il avait initialement prévu de ne pas alimenter cette confrontation, le CCIF, par la voie de son liquidateur, ira au Conseil d’ État afin de montrer que l’objet principal de cette dissolution est de criminaliser la lutte pour les droits et les libertés en France.

Toute personne ou organisation qui souhaite se joindre à cette action au Conseil d’État pour la préservation des libertés est la bienvenue et peut écrire à cette adresse : recours.ccif @gmail.com

Le 4 décembre 2020, Sefen Guez Guez
Avocat à la Cour

   

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