Association Nationale des Communistes

Forum Communiste pour favoriser le débat...

Accueil |  Qui sommes-nous ? |  Rubriques |  Thèmes |  Cercle Manouchian : Université populaire |  Films |  Adhésion

Accueil > ANC en direct > Actualité Politique et Sociale > Santé publique en France et idéologie

Santé publique en France et idéologie

samedi 3 février 2018

Par Francis Arzalier (ANC).

Les luttes collectives sont une nécessité. Elles ne peuvent naître que de la prise de conscience rationnelle des difficultés ressenties quotidiennement par les citoyens, et l’analyse de leurs causes. Tout discours militant est condamné à l’impuissance, s’il ne repose pas sur l’expérience vécue tous les jours par ceux vivant de leur travail.

Ainsi, les communistes s’évertuent depuis des décennies à dénoncer les gouvernements français successifs, qui sous Mitterand, Chirac, Sarkozy, Hollande et Macron, ont tous reporte sur les budgets communaux des dépenses relevant au départ de l’état : un mécanisme pervers, qui aboutit à une hausse d’impôts pour la majorité des contribuables, mais que sa complexité rend difficilement perceptible.

En 2018, l’asphyxie des Communes et des départements va atteindre des sommets. Certaines villes vont devoir fermer des équipements collectifs ( piscines, gymnases, etc ) qu’on ne peut plus entretenir, et les routes communales et départementales ( la grande majorité ) auront de plus en plus de "trous en formation" : il reste aux militants d’éclairer la cause, et
d’énoncer les responsabilités.

La Santé est un autre sujet quotidien qui nous concerne d’autant plus que nous avançons en âge. Le système français de Santé fut au Vingtième siècle reconnu comme un des plus perfectionnés du Monde. Un réseau des plus denses de généralistes, qui assuraient consultations et visites jusque dans le moindre village. Ils étaient certes libéraux, mais je les ai vus dans le hameau de mon enfance venir soulager par tous les temps les malades, et la Sécurité Sociale, cette conquête admirable de la libération de l’oppression nazie, le permettait.

Leur dévouement valait à ces "médecins de campagne" ou " de quartier" une telle affection populaire que souvent ils se faisaient élire conseillers généraux ou députés de leur secteur. Les hôpitaux, fort modernisés des années 1945 à la fin du siècle, avaient aux yeux du monde entier la réputation méritée de pratiquer un diagnostic, des soins et une chirurgie d’avant garde, à la portée de tous les citoyens grâce encore une fois à la Sécurité Sociale. Cette réputation de qualité des soins est toujours mondialement reconnue : il n’est qu’à voir le nombre de chefs d’état étrangers qui y accourent encore, de Bouteflika l’Algerien aux Monarques richissimes du Golfe Arabique. Mais parallèlement,tout le système s’effondre peu à peu, il suffit d’en avoir besoin pour mesurer à quel point.

Il est devenu courant de décrire les " déserts médicaux " de la France rurale, alors que la réalité est bien plus grave. La pénurie de médecins s’étend à toutes les banlieues urbaines, notamment dans les moins aisées. Ainsi, dans des villes du Val d’Oise la plupart des généralistes " référents" se limitent aux consultations, et refusent à leurs patients attitrés de rendez vous urgents, en les renvoyant à SOS-Medecins ( des prestataires qui par définition ne les connaissent pas ) ou aux Urgences des hôpitaux. Quant aux Spécialistes ( ophtalmologues, rhumatologues, etc ), submergés, ils n’offrent la plupart de rendez-vous que plusieurs mois après la demande. Et quand on parvient à les voir, c’est pour constater des dépassements d’honoraires à peu près généralisés, puisque autorisés.

Le plus grave est les carences de plus en plus flagrantes de l’Hôpital public, soumis depuis des années à une cure d’austérité drastique : quelques milliards d’euros d’économies sur le fonctionnement, des fermetures et regroupements de services, et surtout moins de personnel. Il suffit de quelques jours d’hospitalisation pour en constater les effets : si la qualité des actes chirurgicaux et médicaux est encore identique, c’est grâce au dévouement de soignants submergés de tâches, trop fatigués et peu nombreux souvent, pour pouvoir assurer l’accompagnement permanent des malades, cette part si nécessaire de la thérapie hospitalière.

Les Urgences sont aux Hôpitaux publics un concentré de cette austérité médicale aggravée au fil des années. Il faut avoir fréquenté celles de grands hôpitaux parisiens pour le mesurer. Je l’ai vécu il y a quelques années aux Quinze-Vingts ( Urgences d’ophtalmologie ), ou à l’issue de longues heures d’attente exaspérée, un blessé se livra à des voies de fait contre les soignants : un fait suffisamment courant pour être dénoncé des l’entrée par un écriteau ! Et vécu à nouveau après un accident à celles de Tenon, ou la même précaution était affichée au guichet, annonçant d’emblée " un minimum de 5 heures d’attente ", annonce portée à " 7 heures au moins " au cours de la nuit.

Rien d’étonnant, un personnel trop restreint s’y épuise à recevoir tous ceux qui ne parviennent pas à obtenir un médecin en ville en cas de besoin immédiat.

Certains établissements spécifiques sont encore plus mal lotis : il faut lire le reportage de François Ruffin publié dans le journal Fakir sur l’Hôpital psychiatrique d’Amiens pour imaginer les conséquences dramatiques de l’austérité budgétaire pour les patients et les Infirmières. Plus grave encore est la situation des EHPAD ou attendent la mort des personnes en fin de vie : il suffit pour en être conscient d’avoir vu ses parents contraints de subir l’humiliation des couches permanentes, parce que le personnel n’est pas assez nombreux pour accompagner aux toilettes ceux qui ne peuvent s’y rendre sans aide. La grève récente des EHPAD témoigne de ces conséquences indignes d’un pays qui ne manque pas de richesses.

Et il faut bien en arriver aux causes de cette dégringolade : Présidents, Gouvernements, Ministres successifs, tous sont tenants de l’idéologie "libérale", cette approbation quasi religieuse des dogmes du Capitalisme, pour laquelle la Santé des citoyens n’est pas un droit, un besoin que la Nation doit assurer à chacun de son mieux, mais une marchandise, comme tout le reste, qui doit rapporter des profits a ceux qui ont la capacité d’y investir.

Dans cette optique, il est logique de réduire les dépenses pour le plus grand nombre, et de favoriser le " confort " pour ceux qui peuvent le payer : l’essentiel est que les cliniques privées, les industries pharmaceutiques multinationales assurent leurs dividendes aux actionnaires, quitte à frôler parfois le conflit d’intérêt.

Cette idéologie du Capitalisme à ses relais au niveau de l’Hôpital public, gestionnaires, organisateurs de l’austérité, pour lesquels la comptabilité a remplacé l’objectif thérapeutique.

Mais elle a aussi de multiples adeptes, les nombreux spécialistes qui pratiquent sans scrupule les dépassements d’honoraires jusqu’au sein de l’hôpital public, et les jeunes médecins qui nourrissent la désertification médicale en quartiers populaires, en cherchant tous à s’installer dans les Beaux Quartiers de Paris ou d’ailleurs, qui rapportent.

Alors qu’il suffirait pour éradiquer en quelques années les " déserts médicaux" de donner les moyens aux étudiants nés de familles modestes d’accomplir la longue formation médicale, contre l’engagement d’exercer ou le besoin s’en fait sentir. Ce système existait pour les futurs enseignants il y a 50 ans, sous le nom d’IPES. Il a permis à des milliers de fils d’ouvriers de devenir professeurs de lycée, en allant faire leur métier dans les régions industrielles " déficitaires ", le Nord par exemple.

Encore faudrait il pour cela raisonner en fonction du Droit de tous à la Santé, et rompre avec l’idéologie libérale qui en fait une marchandise.

Car il existe bien deux logiques irréconciliables : d’un côté celle de salariés du service public de Santé, défendant leurs conditions de travail et leur sécurité d’emploi, parce qu’elles conditionnent le bien-être thérapeutique de leurs patients.

De l’autre, celles des idéologues libéraux, qui appliquent à la Santé les diktats du Capital, du ministre Darmanin, qui n’est peut être pas coupable des turpitudes sexuelles dont on l’accuse, mais qui l’est assurément d’organiser la destruction du Statut de la Fonction Publique ne en 1945, parce qu’il pense comme son ami Macron que " les fonctionnaires n’ont pas à avoir un emploi à vie ".

   

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

Connexions’inscriremot de passe oublié ?