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Il y a cent ans, la répudiation de la dette russe

mardi 6 février 2018 par Nathan Legrand , Eric Toussaint

Le 3 février 2018, nous célébrons le centenaire de la répudiation des dettes illégitimes proclamée par les soviets le 3 février 1918.

2017 a marqué le centenaire de la révolution russe, première révolution de l’histoire renversant le capitalisme dans la perspective d’une révolution socialiste internationale, et qui conduisit à d’immenses espoirs pour toutes celles et tous ceux qui, à l’échelle mondiale, subissaient la violence de l’exploitation capitaliste, du colonialisme et de la guerre. La révolution en Russie fut agressée par les tenants de l’ordre impérialiste et, après une phase progressive de déformation et de dégénérescence bureaucratique qui avait commencé très tôt, elle fut étouffée par la dictature stalinienne [1].

Pourtant, ses débuts étaient prometteurs : le pouvoir révolutionnaire instauré en octobre 1917 en Russie a pu mettre en œuvre certaines des principales revendications populaires, telles que la paix, la distribution de la terre aux paysans, la nationalisation des banques et l’annulation des dettes des paysans à leur égard, la reconnaissance effective du droit à l’autodétermination des peuples, l’affirmation des droits des femmes ou encore la journée de travail de huit heures.

2018 est ainsi le centenaire de plusieurs réalisations de la révolution russe. L’une d’entre elles, souvent laissée de côté, est la tenue d’une promesse faite par les révolutionnaires russes dès 1905 : le 3 février 1918 [2] sont annulées, par décret, toutes les dettes contractées par le régime tsariste renversé quelque onze mois plus tôt. Il en va de même pour les dettes contractées par les gouvernements provisoires qui se sont succédé entre la chute du tsar et la révolution d’octobre 1917, puisque ceux-ci ont continué à mobiliser les finances publiques dans le but de mener la guerre, perpétuant une situation de violence et de misère alors que le peuple réclamait la paix.

En décembre 1905, le soviet [3] de Saint-Pétersbourg publie un appel connu sous le nom du « Manifeste financier » [4], dans lequel il dénonce l’illégitimité des dettes contractées par le tsar et annonce qu’il ne reconnaîtra pas celles-ci le jour où l’autocratie sera renversée.

Le manifeste fait état de la détresse extrême dans laquelle se trouve la population en raison des politiques économiques adoptées par le gouvernement du tsar, qui « se conduit dans son propre État comme en pays conquis ». Ces politiques ne sont pas menées dans le but de développer le pays, mais dans celui d’enrichir une infime minorité privilégiée, de renforcer le pouvoir de coercition du tsar et de mener des guerres de conquête (la Russie tsariste sort alors d’une défaite militaire contre le Japon).

Suite de l’article Ici


Voir en ligne : http://www.cadtm.org/Il-y-a-cent-an...


[1Éric Toussaint, « Lénine et Trotsky face à la bureaucratie – Révolution russe et société de transition », Europe solidaire sans frontières.

[2Le décret promulgué le 3 février a été publié au journal officiel le 10 février 1918. Le 3 et le 10 février correspondent aux dates du calendrier grégorien que nous utilisons aujourd’hui.

À l’époque et pour encore quelques jours, l’ancien calendrier dit julien est en vigueur en Russie. Dans cet ancien calendrier, le décret de répudiation a été pris le 21 janvier et publié au journal officiel le 28 janvier.

[3Les soviets (« conseils » en russe) font leur apparition lors du mouvement révolutionnaire de 1905 et se généralisent en 1917. Ils sont les organes d’auto-organisation du mouvement révolutionnaire. Le soviet de Saint-Pétersbourg, capitale de la Russie jusqu’en mars 1918, joua un rôle majeur dans la direction des révolutions de 1905 et de 1917.

[4Le texte du manifeste est reproduit par Léon Trotski, président du soviet de Saint-Pétersbourg, dans 1905, chapitre 20. Les extraits du manifeste cités dans cet article en sont tirés. L’ouvrage est entièrement disponible en ligne.

   

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