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Voter ! Pourquoi faire ?

mardi 6 février 2018 par Jean Penichon

" Ceux qui regardent le vote universel comme une garantie de la bonté des choix se font une illusion complète " (Alexis de Tocqueville).

Actuellement, puisque nous ne sommes pas en campagne électorale, donc devant aucune urgence, profitons en pour questionner ces élections (Présidentielles et législatives), celles qui représentent l’ossature de l’État Nation.

Somme nous toujours en République ?

Il semblerait que nous habitions un pays dirigé par une oligarchie comme la France de 1789 l’était par une aristocratie servie par un roi. Mais sommes-nous en situation de décapiter le roi président ?

Les arguments pour renverser ce régime s’empilent les uns après les autres : chômage de masse, pauvreté, services publics en déshérence, éducation et santé à l’abandon, famine, suicides, changements climatiques, sacrifice des paysans et agro-industrie calamiteuse, eau impure, extraction des énergies fossiles, danger du nucléaire, air mortel, pollution par les voitures et les avions, guerres coloniales et ventes d’armes, risques de guerre …

Ah, si le gouvernement osait comme Louis XVI convoquer des États Généraux, il y en aurait des revendications et des dénonciations, oui mais voilà, le système électoral français (présidentielles et législatives) permet non seulement de toujours élire les même mais semble anesthésier les citoyens qui après avoir voté s’attendent à ce que cela change tout seul.

Mais que peut-on révolutionner quand le système électoral [1] lui-même n’est pas remis en cause ?

Ceux qui après 1968 lançaient " élection piège à cons " étaient restés bien isolés pour ne pas dire ultra-minoritaire et en voie de disparition avant la fin du siècle passé. Pour eux : si voter servait à quelque chose, cela se saurait et, en toute logique politique, le vote serait interdit pour le plus grand nombre !

La campagne électorale demeure pourtant un moment important de la lutte idéologique, c’est indéniable. Mais ne faut-il pas se méfier comme de la peste du dispositif médiatique qui persuade les électeurs que l’on va sortir de l’ornière grâce à l’heureux élu ( e ) et utilise effrontément un soi-disant danger représenter par le FN [2] pour parvenir à ses fins ?

Pour justifier nos alliances électorales nous utilisons souvent l’exemple de 1936 où le gouvernement de front populaire sous la pression des grèves ouvrières a pu contraindre les grands industriels aux accords de Matignon. Même formule pour 1968 et les accords de Grenelle.

Mais, ceux qui vendent leur force de travail aujourd’hui sont-ils les mêmes que les ouvrier( e ) s de 1936 ou de 68 ? Bien évidemment que non ?

Les premiers n’avaient rien à perdre que leurs chaines, est-ce encore tout-à-fait vrai ? Et ceux de 68 ont bénéficié des 30 glorieuses, d’une CGT forte et d’un parti communiste influent. Ce qui n’est hélas plus le cas.

Les salariés qui ont la chance aujourd’hui d’avoir un travail ont très souvent quelque chose à perdre. De plus, ils subissent de plein fouet le chantage à la fermeture de l’entreprise et baignent dans une société individualiste et hédoniste où le consumérisme est élevé en véritable art de vivre par les médias et les supers-marchés.

La grande masse de ceux qui n’ont véritablement rien à perdre ne votent pas ! (Voire les résultats des dernières partielles à Belfort et dans le Val d’Oise !) Seuls ceux qui votent à " droite " semblent encore capables de se mobiliser, hypnotisés par la propagande distillée par les médias.

La société française elle-même n’est plus la même. Pour faire simple disons que nous ne sommes plus un État souverain et que tout se décide à l’U.E. Notre président de la République n’est qu’une sorte de " proconsul " adouber par la Commission de Bruxelles et la finance internationale. Il ne peut rien faire d’autre que de mettre en place dans notre pays ce qui est décidé ailleurs. Il est d’ailleurs en train de vendre la France aux entreprises privées (voir Versailles). Il a tout pouvoir (ordonnances, en attendant l’article 16…) pour faire ce que lui demande le Medef et l’assemblée nationale " godillot " n’est là que pour singer un système dit démocratique.

Je reste convaincu qu’aucune élection (présidentielle ou législative) ne donnera l’opportunité d’un réel changement de société ! Bien sûr, quelques élus, comme notre cher ami François Ruffin, essayent de faire entendre un autre son de cloche, mais leur voix ne porte pas beaucoup plus loin que les murs de l’hémicycle de l’assemblée et sur quelques réseaux sociaux…

Nous ne sommes pratiquement plus un État Nation, puisque le propre d’un État Nation est, entre-autre, de pouvoir gérer sa monnaie. Sans gestion de la monnaie il est impossible d’empêcher le chômage d’augmenter, puisqu’on ne peut intervenir sur le coût du travail. Si notre " franc " ou notre " euro " était évalué à sa juste valeur (et non pas aligné sur le " mark / euro " allemand) nos entreprises auraient beaucoup moins le besoin de se délocaliser. Les présidents de République successifs ne le font pas, pourquoi ? Parce qu’ils ne le peuvent pas, ils n’en n’ont pas l’autorisation ! Le titre de président n’est qu’un " cache sexe " au service de l’oligarchie mondiale.

La mondialisation a changé la société, cette évolution sociétale a changé les électeurs, seul le système électoral n’a pas évolué. Pourquoi ? Qui a intérêt à le conserver en l’état ?

Jusqu’à quand allons accepter que des hommes ou des femmes soient élu (e) s par moins de 15% des électeurs inscrits ? Qui représentent-ils ? Le système capitaliste bien sûr, mais certainement pas la grande masse des citoyens.

Être partie prenante de la campagne électorale, pour faire valoir nos idées, d’accord. Mais appeler à voter pour un ( e ) candidat ( e ) qui ne s’engage pas fermement sur aucune obligations autorisant une évolution concrète de notre système économique, pas d’accord.

Remettre en cause ce système électoral injuste devient de plus en plus une obligation. Voter n’est plus un acte démocratique [3], il s’apparente de plus en plus à un " réflexe conditionné ".

Jusqu’ici choisir le moins mauvais candidat ne nous a mené qu’à Macron… et pourquoi pas plus tard à pire encore !

" Bref, un problème peut désormais légitimement agiter nos neurones : les campagnes électorales, les bonnes intentions et les scrutins à venir suffiront-ils pour éviter à ceux qui militent à gauche, en ce XXIe siècle commençant, de finir dans des camps (ancien style) ou dans des stades (à la chilienne) ?

D’autant que, comme me l’affirmait un étudiant au cours d’un oral assez décoiffant, " le capitalisme a un gros problème : il est allé trop loin ". Autant dire qu’il pourrait finir en apocalypse… Et que ni les votes " utiles " ni les paniques sans grands lendemains des petits-bourgeois ne pourront faire office de rempart approprié contre ce qui vient !

C’est en pensant à cela, surtout, c’est-à-dire au vacillement de notre civilisation, que je souhaiterais ici parler : 1/ de ce que j’appellerai volontiers l’actuel cirque électoral ; 2/ de la confiscation du pouvoir que ce cirque autorise et entretient sous nos yeux ; 3/ du régime d’élection ininterrompue dans lequel on fait vivre aujourd’hui le citoyen de démocraties épuisées, régime qui participe d’une période de crise suraiguë du capitalisme, d’une période d’anxiété et de troubles, d’une période qui sent l’avant-guerre. " (Jean Salem [4])

Ci-dessous, pour lire la présentation complète écrite par jean Salem dans Médiapart, le 28 mai 2012.


[1Rappelons que ce système fut mis en place par le coup d’État Thermidorien contre Robespierre par la bourgeoisie. Il subit quelques adaptations, mais toujours dans l’intérêt des puissants.

[2parti qui n’arriveras jamais au pouvoir tant que les maitres de la finance ne l’auront pas décidé

[3Je le répète, sauf pour les Municipales

[4Introduction de son livre Élections, piège à cons ? Que reste-t-il de la démocratie ? Flammarion, collection Antidote.

   

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