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Présidentielle 2022 : la victoire de Marine Le Pen demeure certes improbable mais pour la première fois, elle serait possible.

mardi 16 mars 2021 par ANC

Les différentes estimations disponibles montrent que la réélection de Macron est largement compromise. Même si l’ANC n’est pas une écurie électorale, il n’empêche que l’élection présidentielle de 2022 n’est pas sans poser de questions, dans et autour de notre association. Au PCF, nous savons qu’une lutte intense se déroule à ce sujet et que Fabien Roussel son secrétaire général s’est déjà porté candidat. Nous vous proposons de découvrir le contenu de nos discussions à ce sujet, avec Danielle Bleitrach, Jean-Pierre Page, Bernard Gerbier et Bruno Drewsky.

Une situation qui se précise par Danielle Bleitrach

Ce que je perçois n’a rien de réjouissant mais est totalement hélas prévisible...
Tandis que les réseaux sociaux échangent des fines plaisanteries sur le jugement qui accable Sarkozy en rappelant et c’est de bonne guerre qu’il a en son temps particulièrement été sans pitié pour les petits délinquants... Qui perçoit la logique de la situation en particulier en ce qui concerne la future élection présidentielle.

Premier constat  : tout le monde ou à peu près devrait savoir que Macron n’a aucune chance d’être réélu. Le président de l’institut Montaigne fabriqué à la dernière minute sans le moindre parti pour le soutenir ne résistera sans doute pas au choc d’une deuxième présidentielle... et à la colère désaveu des Français... Il ne lui reste plus qu’à accélérer ce qu’exigent de lui ses bailleurs de fond.

Il y a au moins une chose dont est convaincu le grand patronat financiarisé c’est que le système dit démocratique, avec ses alternances sans alternative est devenu ingérable, il provoque des foires d’empoigne certes sans la moindre issue et jamais sur le fond mais cette colère incontrôlée dans un tel contexte peut être dangereuse.. Donc il n’est pas loin de faire comme dans les années trente soutenir celui qui lui assurera une stabilité à n’importe quel prix. En France comme partout ailleurs dans le mode.
La fin de Sarkozy c’est la fin de la possibilité pour la droite de proposer plutôt que la prévisible Le Pen son candidat tout en engrangeant les élections locales et régionales.

Deuxième constat  : Il n’y a pas la moindre possibilité qu’un candidat de gauche y compris Mélenchon, ou un vert quelconque l’emporte… C’est d’ailleurs pour cela qu’une candidature communiste est nécessaire, encore faudrait-il que cette candidature ait bien le seul sens qui la justifie : construire une force politique plongeant ses racines dans les couches populaires, et seul capable de rassembler la gauche et les organisations syndicales, associatives capables de faire face au choc qui est préparé. Le compromis permanent n’est pas la solution.

Parce-qu’il va falloir une force politique pour résister à ce qui se prépare…
Cela fait des mois et des mois qu’une partie du patronat, dont l’exemple type est Bolloré joue cette carte de l’extrême-droite et pas seulement pour servir de faire valoir à Macron. Pour la simple raison que ce dernier est "out" et qui celui qui lui sera opposé l’emportera.

Avec la condamnation de Sarkozy, incontestablement le système "tout sauf Le Pen" mis en place par Mitterrand qui a un peu plus miné la constitution de la V e République en utilisant à fond le bipartisme de l’UE sur le modèle des USA, a explosé en vol.
Ce qui parait évident c’est que ce même capital qui depuis des mois met tous les médias au service de l’extrême-droite devrait nous inventer une autre opération Macron mais autour de l’extrême-droite, on en voit les prémices avec Zemmour.

La participation de Bruno Drweski (ANC)

L’analyse est juste certes, mais, en parlant de "candidature communiste", Danielle pense en fait à une candidature PCF qui, dans la situation actuelle, sera une bérézina qui déconsidérera au-delà du PCF, le communisme en soi.
S’il pouvait y avoir une "convergence communiste" pour une candidature, ce serait autre chose mais est-ce envisageable ?

Sans parler de la question qu’on nous impose où l’activité politique est censée à être limitée à des sauts d’élection en élections. Les élections (comme la justice d’ailleurs !), n’ont de sens que quand il existe un rapport de force sur le terrain. C’est pour cela d’ailleurs que le plus grand parti de France aujourd’hui, ce sont les abstentionnistes, inscrits et non-inscrits.

Voilà ce à quoi je pense ... et vous ? par Bernard Gerbier

Premier constat : tout le monde ou à peu près devrait savoir que Macron n’a aucune chance d’être réélu. Le président de l’institut Montaigne fabriqué à la dernière minute sans le moindre parti pour le soutenir ne résistera sans doute pas au choc d’une deuxième présidentielle... et à la colère désaveu des Français... Il ne lui reste plus qu’à accélérer ce qu’exigent de lui ses bailleurs de fond.

Je n’en suis pas sûr du tout. Pour être réélu, il lui faut mais il lui suffit aussi d’être dans les 2 qualifiés du premier tour et je pense qu’il le sera.
Il fera sans doute plus de 20% ce qui est largement suffisant, vu l’émiettement des votes sur de nombreux candidats dans l’état actuel des choses. Il n’est pas détesté comme l’a été Hollande et sa gestion actuelle de la crise Covid est assez bien acceptée au sens où les gens ne voient pas bien ce qu’il aurait pu faire d’autre.

La condamnation de Sarkozy lui ouvre un boulevard car la droite « classique » va achever de basculer sur le jeune homme propre sur lui qui la libère de ses racailles « casserolés ». Aucun candidat issu des Républicains (depuis plus ou moins longtemps, sauf peut-être Philippe mais qui, je pense, préfère attendre vraiment son tour, cad en 2027) ne fera un score important dans la Présidentielle qui arrive.

M. Le Pen ne progressera pas beaucoup, à supposer qu’elle progresse, par rapport à 2017. Car les gens n’ont pas oublié son plus que lamentable débat.

Mélenchon n’en sera pas qu’il soit le candidat unique (quasiment impensable) ou pas.
Piolle non plus (car Piolle va battre Jadot au vote interne) pour beaucoup de raisons sauf s’il est candidat unique d’une alliance Arc-En-Ciel.

Au second tour, quelque-soit son adversaire, Macron sera réélu.

Quant à Bolloré, c’est vrai qu’il est le sponsor principal de MLP, mais c’est vraiment sous-estimer les contradictions internes au grand capital qui se voient aussi dans la presse qu’ils tiennent.

Je suis donc beaucoup moins pessimiste que toi (Danielle Bleitrach) concernant le passage à une droite Trumpiste.
Reste quand même à amorcer un sursaut de la gauche populaire avec une candidature communiste ayant du peps et bien organisée, candidat repartant des couches populaires qui ont actuellement abandonné la politique « institutionnelle ».

La réponse de Danielle Bleitrach

Oui bien sûr, c’est ce qui s’impose en première analyse... Mais je pense et sans doute ai-je tort que l’on est plus loin que ce que l’on croit dans la désagrégation de leur mode de production et leur incapacité à tenir une société qui se désagrège...

Pour employer un terme sociologique consacré : c’est "l’anomie" ou l’ébranlement parti des infrastructures qui a atteint tout ce qui paraissait créer société ... on ne sait plus que reproduire alors que c’est inefficace...
Mais j’ai l’impression qu’il y a désormais un début de concertation entre les forces progressistes internationales et une coordination des réponses...
Notre Macron qui a tout joué sur son hypothétique "présidence" de l’UE est totalement disqualifié ... Mais d’un autre côté il tente de se rattraper, faire des offres de service... son maintien se joue entre le désaveu bien réel en France mais aussi le rôle international...

Enfin il n’y a pas longtemps à attendre…

La participation de J.C Delaunay

Je pense que nous avons l’intuition ou la conviction, les uns et les autres, que les dirigeants de la grande bourgeoisie ont une conception de plus en plus autoritaire de la politique et qu’ils dérivent lentement mais surement vers le fascisme. Si j’en crois les chroniques de Castelnau, le système judiciaire se détériore fortement et la répression syndicale s’accentue. Cela dit, le fait de se ranger parmi la droite ne signifie pas que l’on est fasciste.

Les dirigeants de la grande bourgeoisie n’ont donc pas ou plus confiance dans des représentants politiques de la droite classique et parlementaire. Il leur faut amener cette droite classique, dans sa masse, sur les positions du fascisme (autoritarisme renforcé, atteintes grave libertés syndicales et aux personnes, ainsi qu’aux communistes et assimilés, dévoiement de la lutte des classes sur les voies de la lutte des races ou des ethnies,....). Ce moyen intermédiaire, ce sera cette fois une "solution" extrême-droite ouverte et nationaliste, pour ramasser le maximum de votes populaires et faire semblant de s’opposer à la mondialisation capitaliste. Quelque chose qui ressemble à "la solution Trump" en version améliorée. Je suis d’accord avec Bernard.

Je ne crois pas du tout qu’en face, il y ait la moindre capacité de résistance à une telle évolution. L’idéologie dite de gauche est incapable de faire face aux dangers qui nous menacent tous. Il y a, bien sûr, le petit apiculteur, je veux dire Montebourg, mais il relève de la même idéologie et il sera balayé.

Quoi qu’il en soit, et tout en mesurant que la situation générale est très grave, car le capitalisme est à bout de course, et que le voilà confronté à une crise sanitaire qui vient encore compliquer ses affaires, notre boulot, à nous progressistes, notre premier boulot, c’est, à mon avis, de nous préparer au combat sans attendre et de prendre les présidentielles comme l’une des prochaines étapes de ce combat, en même temps que le soutien aux luttes en cours, cela va de soi.

Mais je crois aussi que nous devons prendre cette élection très au sérieux en nous demandant : comment mener le combat de classe au plan idéologique et politique dans ces présidentielles ?

A ma connaissance, il y a eu deux "programmes" en ce sens qui ont été diffusés : l’un de Gilles Questiaux, qui figure dans la liste des récepteurs de ces courriers, l’autre de Pierre-Alain Millet, qui a publié quelque chose sur le site Faire Vivre et Renforcer le PCF et qui reçoit vraisemblablement ce courrier. Il y en a peut-être eu d’autres.

Je vais éviter de juger chacun de ces deux programmes et seulement me réjouir de leur parution, car ils commencent le travail. Je vais simplement dire 3 ou 4 choses que je crois essentielles à ce propos.

1)
Nous ne devons pas avoir l’illusion que nous allons gagner l’élection et que le candidat communiste qui se présentera (car, à mon avis, ce point, sans être acquis, devrait l’emporter, ou alors c’est à désespérer) sera élu.
Ce qui exclut, à mon avis, les programmes en forme de liste des décisions qui seront prises une fois gagnée l’élection. Nous allons gagner avec cette élection, mais quoi ?
Je suis de ceux qui pensent que l’extrême droite va gagner électoralement cette élection. Aussi, le fait de rassembler sur un contenu réel (c’est-à-dire la double idée que ce système capitaliste est fini et que nous devons construire le socialisme) le maximum de personnes pour se préparer pour les combats à venir, me paraît devoir être l’axe de notre action.

C’est ça que nous allons gagner en créant la surprise. C’est cette idée qui me paraît frontale. Commencer un programme avec des objectifs chiffrés comme nous avons l’habitude de la faire puis conclure sur une autre idée à savoir que pour réaliser ces objectifs il faut le socialisme, c’est à mon avis une démarche insuffisante.

Il faut, à mon avis, attaquer bille en tête et à voix haute tant les problèmes, par exemple, de l’emploi, de la production, de la sécurité, de l’avenir de ce pays et de ses habitants bille en tête et dire, tout aussi bille tête : Voilà ce que nous communistes, progressistes, démocrates de ce pays nous proposons de faire en priorité en sachant qu’il va falloir changer beaucoup de choses et reconstruire beaucoup de choses. Mais nous allons le faire dans l’ordre, sans précipitation et sans hésitation, avec votre participation et votre soutien.
S’il n’y a pas ce soutien actif, rien n’avancera.

2)
La deuxième idée d’un programme de ce genre est à mon avis qu’il doit prendre appui sur ce que nous appelons les services publics. Ce doit en être le centre. Tout le monde comprend, donc on ne va pas pinailler sur les mots. Mais le socialisme, c’est d’abord l’orientation de la production vers la satisfaction des besoins populaires. Les services publics sont parmi les premières des productions à rétablir pour satisfaire les besoins populaires. (Entre parenthèses, tant qu’à faire de proposer dans l’abstrait un certain nombre de créations d’emplois, et ce que c’est s en France, et prendre appui sur ce chiffre pour nos éventuelles propositions sur ce point ?)

3)
La troisième idée est que nous devons réaliser l’unité des ouvriers et du salariat des employés de toutes sortes. Nous devons unir les luttes et les idéologies des catégories populaires les moins éduquées et celles des catégories plus intellectuelles. Et donc avancer des propositions générales de démocratie électorale, professionnelle, d’entreprise, de résidence, de participation à l’élaboration des plans. Le socialisme ce n’est pas l’autoritarisme des bourgeois. C’est le contraire. C’est un état de droit multiplié, dans la nation et entre les nations.

4)
L’international est notre 4ème grande préoccupation. Le socialisme en France ne sera pas une histoire entre nous. Cela va faire "grrr...." dans tous les coins.
Nous devons convaincre certaines populations de la nécessaire alliance avec la Chine et tous les pays socialistes ou amis. Nous devons stopper la politique coloniale de la France en Afrique. Nous devons prendre l’initiative de contacts avec les autres partis communistes d’Europe sur ces questions de transition vers le socialisme dans un pays développé.

Ensuite, dans le cours de la campagne électorale, le candidat et son équipe seront conduits à faire des meetings destinés à éclairer la position des communistes et autres sur tel ou tel aspect ciblé de leurs positions.

Qu’en pensez-vous ? comme le dit si bien Danielle.

L’opinion de Jean-Pierre Page

Chers amis et camarades,
Je voudrais donner mon opinion au courrier de Danielle et aux questions qu’elle a soulevé. Il ne faudrait pas conclure trop vite cette amorce de débat !

1-
Avec ou sans les présidentielles, nous sommes face à une situation dont les développements dans tous les domaines y compris et surtout internationalement peuvent provoquer des situations inédites. On savait, que la crise systémique arrivait à la vitesse grand V, mais on n’avait pas prévu que le révélateur en grand de toutes les tares du système K serait l’épidémie. Le centre du système en crise : les USA font face sur tous les plans à une polarisation extrême dont il est difficile de prévoir les futurs développements, d’autant que Trump fait le choix de demeurer un acteur politique de premier plan et il a une base de masse pour cela.

Pour certains observateurs, les perspectives aux États-Unis sont plus incertaines qu’il n’y parait. On parle de sécession (elle est revendiquée par certains états.), et même de risques de guerre civile avec le problème de plus en plus aïgue de la dissémination de 300 millions d’armes dont la moitié est des armes de guerre et la multiplication de groupes paramilitaires ayant pignon sur rue. Tout le monde s’accorde sur le déclin avancé des USA même si sa puissance militaire a atteint un niveau monstrueux. Elle représente un des dangers majeurs pour l’humanité d’autant qu’elle est devenue pour l’administration une gestion de plus en plus compliquée.

J’ai été frappé par la récente déclaration de Jake Sullivan, le nouveau conseiller à la sécurité nationale de l’administration Biden. Il est celui qui va orchestrer et articuler la politique internationale (Anthony Blinken) et la politique domestique (Susan Rice), il parle même de fusion entre les deux.

Que dit-il ?

En gros, "les adversaires des USA font valoir que le modèle chinois est meilleur que le modèle américain", "ils mettent en avant les dysfonctionnements et les divisions chez nous, qui font que notre système ne marche pas. Par contre, disent-ils : le leur (le chinois) lui fonctionne". Et il ajoute en conclusion : " nous devons mettre de l’ordre chez
nous"." https://www.voanews.com/usa/bidens-national-security-approach-sees-merger-foreign-domestic-policy.

La lutte entre deux systèmes, ou deux modèles est clairement placée sur le devant de la scène, l’enjeu, c’est bien celui-là et nul autre. C’est ce que vient de réaffirmer Biden "la Chine est le plus grand défi pour les USA" il a ajouté" il nous faut nous dresser contre les abus et la contrainte du gouvernement chinois qui sabotent les fondements du système économique mondial". Il faut lire, le rapport de l’Atlantic Council sur la stratégie US à l’égard de la Chine sur les 30 ans à venir, c’est limpide.

Les Américains font porter le débat sur la dimension idéologique et politique autant que sur l’économique et le militaire. Pour eux, il s’agit de l’affrontement entre deux visions : "les valeurs US contre le marxisme-léninisme, le PC Chinois, Xi Jiping, l’illibéralisme".
Voilà, à quelle hauteur les néoconservateurs américains ont placé la barre !

Par conséquent, quand nous parlons de socialisme comme enjeu planétaire, nous ne sommes pas hors sujet ! Bien sûr, cela ne se réduit pas exclusivement à l’affrontement entre d’une part la Chine et la Russie et d’autre part les USA et leurs vassaux, mais tout le monde comprend bien que ce qui va dominer la période qui s’ouvre devant nous est celle d’une conflictualité plus "intense et de longue durée".

Comment s’y prépare-t-on ?

En Asie, cadre déterminant et privilégié pour les USA, comment basculera l’Inde ?
Dans ce pays, rien n’est définitif, comme on le voit à travers le formidable mouvement de masse des prolétaires indiens, dans quasiment tous les états. Les communistes y jouent un rôle très important. Pourtant, mai 2019 était le triomphe électoral de Modi pour la seconde fois. Cette situation imprévisible il y a quelques mois, est tenant compte de sa dimension totalement inattendue. Dans ce contexte en évolution rapide, il y aura d’autres événements majeurs ailleurs comme ce début de retournement de situation en Amérique Latine.

Les Chinois et les Russes ont une vision stratégique régionale et internationale qui je le pense réserve de prochaines surprises. Les annonces du Congrès national du people chinois sont révélatrices d’ambitions élevées. Cette anticipation est totalement occultée en France ou alors elle est prise en compte sur un fond hystérique anti-chinois (Ouïghours) et anti-russe (Navalny). On trouve cela entre autres dans la "gauche" et au sein de celle-ci par le PCF comme au plan syndical par la CGT.

C’est un handicap politique majeur à la construction des solidarités nécessaires et de ce fait à faire venir politiquement le débat sur tout ce qui touche au socialisme.
Je suis d’accord avec Jean-Claude sur son 4e point.

Comment dans ces conditions avoir une juste appréciation du rapport des forces si l’on veut prétendre jouer un rôle ?

Pourtant, tout démontre que nous sommes à l’heure de choix importants et au pied du mur. L’impérialisme le dit clairement mais la "gauche" se tortille pour en parler ! Le système dominant US fait face aux risques sérieux d’une faillite à laquelle il faut ajouter à ce constat d’un avenir des plus incertain pour l’Europe. Dans ce contexte, le pire serait l’inaction et la passivité en attendant le jour d’après.

Il peut y avoir des rebonds, des issues provisoires, mais sur une aussi longue période et à cette échelle, 1929 va finir par faire figure de péripétie. Le socialisme comme seule réponse devient le seul et vrai débat.

Comme dit Atilio Boron" il y a là comme un défi et une opportunité qu’il serait impardonnable de manquer par toutes les forces anticapitalistes de la planète." Si ce moment historique ne saurait-être différé. Il faut en tirer les conséquences Le problème pour nous, c’est que nous sommes loin d’en être là et pour prendre la juste mesure des choses nous avons besoin d’autres moyens que ceux dont nous disposons. Moyens, mais aussi objectifs. À ce stade, ils font défaut. Or, " Celui qui n’a pas d’objectifs ne risque pas de les atteindre ! " disait Sun Tzu.

2-
L’évolution prévisible du contexte international et la tendance qui s’exprime n’est pas indifférente aux questions qui se posent sur les présidentielles en France. Je partage pour l’essentiel l’opinion de Bernard, la messe est loin d’être dite pour Macron. Certes il y a un rejet fort et beaucoup de gens, dans bien des milieux, veulent régler leurs comptes avec lui !

À l’exception des riches, aucune catégorie sociale n’échappe au mécontentement.

Cela dit s’il y a une colère forte, celle-ci est rentrée ce qui ne veut pas dire forcement : résignation, il y a un potentiel combatif en particulier chez les jeunes. Le mouvement revendicatif intergénérationnel sur les retraites en 2019 en avait fait la démonstration, les mobilisations face à la gestion de l’épidémie par le pouvoir, les actions face aux atteintes multiples aux libertés à la répression avec la loi sur la sécurité nationale, la campagne du pouvoir sur islamo-gauchisme et une situation générale économique, sociale et politique explosive y compris l’image et la crédibilité de la France à l’étranger tout cela participe à un malaise très lourd dans le pays.

L’explosion sociale des gilets jaunes a été en son temps un révélateur que personne n’avait vu venir, il en annonce d’autres compte tenu de l’effacement syndical particulièrement celui de la CGT : des rebellions, des jacqueries possibles ?
Mais, tout cela ne fait pas une alternative !

Le bilan désastreux de Macron est un fait qu’il est difficile de contester, mais est-il suffisant pour ouvrir une perspective ?
Globalement et pour l’instant, le paysage politique et social est atone, l’espace de contestation est peu occupée sinon de manière défensive, sporadique et éparpillée. Macron est seul sur le devant de la scène, et cela ne suscite pas beaucoup de réactions malgré l’arrogance dont il continue à faire preuve. Cela lui donne un très grand avantage. Surtout avec l’absence d’un projet politique alternatif qui soit crédible.

Certes, le repoussoir qu’incarne Macron profite à Le Pen, il va venir de plus en plus sur le terrain de celle-ci au point de concurrencer l’extrême droite sur certains sujets. Mais pour l’heure, l’absence d’une candidature rassembleuse à droite profite à Macron. Dans l’état actuel des choses, il est leur meilleur candidat.

Évidemment, des événements inattendus peuvent intervenir, mais de toute façon, il y aura une forte abstention. Le seul à droite qui pourrait émerger est Édouard Philippe, lui peut faire la différence et rassembler, mais c’est encore prématuré. Il peut toutefois apparaître plus tard comme un recours. Ce qui peut changer la donne, ce sont les élections générales, d’autant qu’à ce niveau la sanction prévisible de LREM sera forte, il est donc possible que Macron ne retrouvera pas sa majorité.

Il sera sanctionné ainsi on ira vers une nouvelle période d’instabilité politique.

Pour beaucoup, tout va dépendre de la sortie de la crise épidémique, ce qui dans ce cas permettra de donner plus d’espace à la contestation sociale et politique. Quant à la "gauche", elle est parfaitement incapable à ce stade de jouer un rôle déterminant en termes de mobilisation populaire et pas seulement à cause de ses divisions, mais surtout à cause du contenu des programmes autant que de ses alliances à géométrie variable et à la personnalité des candidats potentiels.

3-
Pour le PCF la perspective d’une candidature ne peut être une réponse politique à sa crise existentielle, du moins je le crois . On ne peut faire abstraction de tout ce qui a précédé, cette longue période pour laquelle il n’y a pas eu de la part du parti le début d’une approche critique, d’une clarification. Cela se reflète dans les débats entre communistes que l’on peut voir sur les réseaux sociaux en forme d’aveuglement et de croyance religieuse.

"Il faut un candidat pour montrer que l’on existe", certes, mais à partir de quel programme ?

Je n’ai aucune sympathie particulière pour Mélenchon, mais de lire les commentaires et la vulgarité de certains propos servant d’arguments et qu’expriment certains communistes à son égard est consternante. L’enjeu des présidentielles reviendrait à une sorte d’exorcisme anti Mélenchon. Cette manière irrationnelle de faire de la politique illustre l’affaiblissement idéologique phénoménal d’un grand nombre de communistes.

On a du mal à trouver du contenu cohérent dans tout ça. Sur ce point, les approches contradictoires de la direction du PCF qui se reflètent à travers certaines déclarations puis les propositions unilatérales du secteur économique totalement déconnecté de toute réalité, par exemple la mixité public/privé, l’Europe comme horizon indépassable, ou la situation internationale pour laquelle les analyses officielles du PCF sont affligeantes.

Même les votes au Parlement témoignent de l’absence de cohésion politique, sans parler du fait que l’on a du mal à distinguer qui est la direction du PCF à travers cette absence totale d’unité. On trouve à la fois plusieurs partis dans un seul. Dans cette condition qu’elle peut être la crédibilité du PCF. Si l’on prend en compte l’état général du parti, force organisée, influence réelle, le bilan est catastrophique.

Dans le 94 que je connais bien en 25 ans on est passé de 25 000 membres du parti à 1800. Aux dernières municipales 4 nouvelles villes et non des moindres ont été perdu, la présidence du Conseil général ne tient qu’à un fil et si l’ion tient compte des désastreuses péripéties de l’élection du Maire de Vitry, on peut craindre le pire et toutes les conséquences que l’on peut imaginer.

Et on voudrait faire comme si cela n’était pas en recourant à la magie du candidat providentiel. L’obstination de beaucoup de communistes à nier les évidences m’interroge. Jamais nous n’avons eu autant besoin d’un parti communiste, mais celui-là se trouve à des années-lumière de ce dont l’on a besoin.
Comment d’ailleurs peut-il encore porter ce nom et se présenter comme une force anticapitaliste et antiimpérialiste quand il ne l’est pas ou plus depuis longtemps.
Candidat ou pas à l’élection présidentielle je doute que cet électoralisme lourd puisse changer fondamentalement les choses.

4-
Sur la CGT on peut faire des constats presque identiques, sinon que dans son cas la dérive réformiste est plus forte encore compte tenu de sa nature. J’ai trouvé pertinente l’analyse publiée sur plusieurs sites "La CGT, ni sauveur suprême, ni union sacrée" qui a le grand mérite de provoquer le débat sur la situation du syndicat et les défis auxquels il doit faire face.

J’avoue ne pas m’expliquer comment certains camarades observent avec intérêt les propos et l’action d’un dirigeant syndical comme Laurent Brun aux ambitions connues et déclarées mais qui jamais n’a mis ni ne mettra en cause les orientations désastreuses de la Confédération, que cela soit sur le concept de syndicalisme rassemblé, sur la stratégie revendicative, celle par exemple qu’il a suivit à la SNCF s’est soldée par plusieurs désastres successifs, sur l’Europe et la CES dont il est un ardent défenseur, sur la FSM à l’égard de laquelle il fait preuve d’une hostilité permanente, et jusqu’ à sa condamnation et sa menace d’exclusion des rangs de la CGT des organisations et leurs militants parmi les plus combatives.

L.Brun dont la crédibilité dans la CGT est très loin de ce que certains imaginent, sans parler du personnage qui lui-même est ambitieux, arrogant et agressif. Il soutient en tous points les initiatives de la direction et de Philippe Martinez.

Il me semble plus important et utile de soutenir les efforts de militants de plusieurs départements, régions et Fédérations qui travaillent à la construction interprofessionnelle d’une alternative sociale et politique. Ils le font à travers une stratégie de luttes avec un contenu de classe, l’abandon du concept de syndicalisme rassemblé, une critique radicale de l’Europe et de la CES, un internationalisme conséquent et l’exigence de rapports avec la FSM, l’abandon de la professionnalisation, de la corruption et de la bureaucratie confédérale au bénéfice d’un militantisme désintéressé et altruiste.

Par dessus tout ils assument leurs responsabilités indépendamment de ce que décide ou pas la Confédération. Leurs résultats revendicatifs, leur état d’organisation, et leur combativité me font penser qu’il faut plutôt regarder dans cette direction pour envisager un renouveau.

En amitié,

   

Messages

  • 1. Présidentielle 2022 : la victoire de Marine Le Pen demeure certes improbable mais pour la première fois, elle serait possible.
    16 mars 2021, 18:36 - par RICHARD PALAO


    Je partage l opinion de JP PAGE notamment sur la direction de la CGT et sur ce faux cul et opportuniste L BRUN qui adapte son discours à son auditoire ,a l intérieur de la CGT il soutien la ligne réformiste de la direction , anti FSM , pro-CES et UE et à l extérieur il est devenu par exemple le syndicaliste CGT chouchou du PRCF pro FREXIT !!!
    Pour ce qui concerne la présidentielle , la gauche unie ou éclatée n ’ a aucune chance tant elle a déçue les français avec les trahisons de HOLLANDE , la guerre des égos et les querelles de boutique entre le PCF et Les Insoumis , l’ effacement de la pensée communiste et la quasi disparition du PCF ...
    Pour autant je ne crois pas à une victoire de MLP car tant que le capitalisme aura la possibilité de promouvoir un candidat de droite , un nouveau ou l actuel , il ne passera pas à l ’ étape suivante , celle d un régime autoritaire fascisant car il risque d y laisser des plumes en voyant certains marchés se fermer et la situation sociale intérieure se dégrader ce qui ne manquera pas d avoir une incidence sur les profits , tous les pays capitalistes qui ont tenté le passage vers le fascisme ont été contraints à plus ou moins longue échéance de rétropédaler et de revenir a un système politique plus acceptable en s appuyant souvent d ailleurs sur la sociale démocratie .
    Je crois plutôt qu’ avec l aide de la presse et la télé aux ordres le grand capital va lâcher MACRON
    onni par la grande majorité des francais et nous recycler un politicien " rassurant" du style PHILIPPE ou BERTRAND ou nous refaire une opération du type tous contre MACRON et LE PEN et nous sortir un clone de MACRON ripoliné en vert pour aller dans le sens du vent ...
    Nous n avons rien à gagner à participer à cette mascarade , notre rôle c est d être au coté de ceux qui ne craignent pas de parler de la lutte des classes , qui s appuient sur les luttes pour mettre en avant la nécessité de changer de système, de société , qui appelle un chat un chat , et donc appelle à en finir avec le capitalisme agonisant pour le remplacer par un véritable système socialisme

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