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Chine : le Diplo devait-il hurler avec les loups de l’Otan ?

vendredi 2 juillet 2021 par Nico Hirtt

Je viens d’envoyer le courrier suivant au Monde Diplomatique.
Quelle grande déception !
Au moment où la grande presse occidentale unanime ressasse ses attaques anti-chinoises infondées, unilatérales voire totalement mensongères, au moment où l’Otan s’invente un nouveau grand Satan en la personne de Xi Jinping, au moment où Biden multiplie les actes de provocation contre la Chine (à Hong-Kong, à Taïwan, en mer de Chine), j’espérais trouver dans Le Monde Diplomatique le regard nuancé et critique que j’y apprécie d’ordinaire. Hélas ! À l’occasion du centième anniversaire du PCC, Jérôme Doyon nous sert mot pour mot les mêmes platitudes, la même propagande, que ce que le grand quotidien belge Le Soir, atlantiste et pro-européen acharné, nous vomit depuis trois jours. Tout professeur de la Sorbonne qu’il soit, Doyon s’avère incapable de la moindre nuance, préférant s’enfoncer dans ses contradictions plutôt que de devoir reconnaître un quelconque mérite au PCC.

Que vaut son « analyse » de la composition sociologique du parti chinois alors qu’elle ne prend aucunement en compte l’évolution sociale de la société chinoise elle-même ? Aujourd’hui le taux d’obtention d’un diplôme de l’enseignement supérieur atteint 34% en Chine.
Faut-il alors s’étonner que la représentation de ces diplômés au sein du parti augmente dans les mêmes proportions ?

Doyon semble se scandaliser du « contrôle accru [du Parti] sur le secteur privé, [..] en phase avec les tendances hégémoniques du PCC ». Il s’inquiète que « cette présence fournit à l’État-parti un levier d’influence au-delà des larges pans de l’économie qu’il possède ».

Or, il me semble au contraire que tout progressiste devrait se réjouir de cette évolution. Elle nous en apprend d’ailleurs beaucoup plus sur la question posée en titre (« Que reste-t-il du communisme en Chine ? ») que les calculs oiseux sur la structure sociale du Parti.

Avec un contrôle direct par l’État des secteurs stratégiques représentant plus de 30% de l’économie et un contrôle interne, par le Parti, au sein des entreprises privées, la Chine est en mesure de mettre en œuvre une véritable planification économique, sociale, technologique, industrielle et environnementale.
Et qui porte ses fruits comme le montre la réduction drastique de la pauvreté, la croissance rapide des niveaux d’éducation, les prouesses technologiques (TGV, espace, barrages…), la gestion exemplaire de la pandémie Covid et les progrès remarquables dans le domaine environnemental (baisse de 75% des émissions de CO2 par point de PIB depuis 1990, reboisement record, etc…)

Pareillement, dans les campagnes anti-corruption, dans la lutte contre l’enrichissement des cadres, dans la mise au pas de chefs d’entreprise devenus trop puissants, Jérôme Doyon ne voit que des manœuvres pour assurer le pouvoir de Xi Jinping.
Serait-il donc exclu que ces politiques puissent, au moins en partie, être sincères ?

Il suffit pourtant de se plonger dans la multitude de documents de formation du PCC, disponibles en ligne et désormais facilement accessibles avec les outils de traduction automatique intégrés dans nos navigateurs, pour se convaincre que l’analyse du parti chinois mérite à tout le moins un peu plus de nuance.

Certes, on y trouve parfois une grande complaisance envers les méthodes de management issues du secteur privé occidental, mais on y trouve aussi des textes et des vidéos fort bien construits sur les idées centrales du marxisme : matérialisme dialectique et historique, socialisme scientifique, économie marxiste, etc.

Je n’affirme certes pas que tout cela doit être pris pour argent comptant. J’ai moi aussi des doutes et des inquiétudes concernant l’évolution du parti communiste chinois. Mais j’aurais espéré, de la part du Monde Diplomatique, un peu plus de profondeur et de prise en compte de la complexité dans le jugement de ce grand parti.

Après tout, si l’Occident s’attaque de façon si virulente à Xi Jinping, ce n’est peut-être pas seulement parce qu’ils craignent la concurrence économique de la Chine, mais aussi parce qu’ils craignent (et perçoivent mieux que Jérôme Doyon) le virage marxisant du PCC.

Nico Hirtt
(abonné de longue date et auteur de plusieurs articles sur l’enseignement dans Le Monde Diplomatique)

   

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