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"Ma France" est en piteux état !

lundi 20 septembre 2021 par Francis ARZALIER, ANC

La proximité des scrutins a toujours suscité des vocations "d’écrivains" chez les candidats, encore plus depuis que l’histoire de la France est scandée par les élections présidentielles, qui désignent pour 5 ans le monarque et sa majorité de "députés-godillots", comme on le disait sous De Gaulle.
Car la Constitution de 1958, monarchique, a tout changé, et les politiciens français, de Droite et du PS, et leur enfant naturel Macron, ont aggravé les dimensions personnelles du pouvoir d’État.

Quand Georges Marchais publie " l’espoir au présent " en 1980, c’est bien sûr pour exprimer un programme électoral, mais c’est au nom du PCF dont il est le responsable élu par ses adhérents. Quand en septembre 2020, Anne Hidajgo, Fabien Roussel, Éric Zemmour, et d’autres aprés eux sortent un livre-programme, c’est pour lancer leur candidature personnelle aux présidentielles de 2022, même si cela reflète l’idéologie d’une organisation, et préfigure les éléments de sa campagne future.

Certains des candidats évidents n’en éprouvent même pas le besoin, et notamment le Président Macron, qui n’a jamais caché sa volonté d’un deuxième mandat : il dispose d’un appareil médiatique public et privé qui répercute sa moindre réflexion, le plus anodin de ses déplacements.
Et chacun peut remarquer que lui et les communicants à son service, ont commencé depuis longtemps sa campagne de réélection, les yeux fixés sur les derniers sondages, sur tous les sujets où l’on peut grappiller des suffrages.

Une véritable cavalcade publicitaire- électorale, qui permet de voir notre candidat sortant se montrer un jour aux Invalides pour célébrer notre Bébel national comme s’il était un général victorieux, un autre jour â Roubaix pour flatter les policiers et les "sécuritaires", un autre jour â Marseille pour annoncer de grandes initiatives contre le trafic de drogue et les règlements de compte entre trafiquants ( dont certaines aussi inefficaces que discutables, comme le droit donné aux directeurs d’école de choisir leurs enseignants, sans être aucunement qualifiés pour cela ).

Il dispose surtout de tous les divers services de l’État et les médias pour orienter les débats publics durant la campagne électorale bien avant qu’elle ne soit officiellement déclarée ouverte, deux exemples suffisent à le prouver :

1/ une bonne partie des français se sentent menacés par le terrorisme islamiste, dont Macron se pose en ennemi juré. Est-ce un hasard si le procès des odieux attentats du Bataclan en 2015 vient de commencer, et va durer 9 mois, c’est â dire durant toute la campagne des présidentielles, permettant aux télévisions d’évoquer quasi-quotidiennement le sujet, et d’alimenter la peur qu’il suscite ?

2/ Est-ce par hasard que les mêmes journalistes dévoués aux
Pouvoirs politiques et d’argent font beaucoup de bruit autour de la candidature du polémiste xénophobe Zemmour avant même qu’elle soit déclarée, alors que tous les analystes sérieux savent qu’elle serait le seul moyen de ponctionner le score d’un concurrent de Macron a Droite, et donc de le laisser seul au second tour face à Marine Le Pen, comme il le souhaite depuis 5 ans ?

Un jeu machiavélique, mais particulièrement dangereux pour la France, puisqu’il se fait au profit d’un discours raciste, confondant sans scrupule les terroristes et les Musulmans en général, en faisant de ces millions de citoyens français et d’immigrés les boucs émissaires de tous les maux, comme le firent autrefois les Nazis et leurs alliés avec les Juifs !

Ce contexte est délétère, grâce â une Constitution qui repose sur un scrutin totalement truqué, puisqu’il organise le choix du Président par une minorité des citoyens tous les 5 ans, et lui confère un pouvoir à peu près sans contrôle, puisque les députés sont élus dans la foulée, les législatives n’étant que les troisièmes et quatrièmes tours de la présidentielle.

Ajoutons â cela qu’au terme d’un processus organisé depuis un demi-siècle, notamment par les médias de l’État et du Capital, le discrédit des responsables politiques et des militants ( "tous pourris, tous impuissants, tous incapables", comme le disait déjà Coluche il y a plusieurs décennies ), aggravé par l’opportunisme bien réèl de certains politiciens, a détourné des urnes la majorité des gens qui n’ont que leur travail pour vivre, ce qui est évidamment tout bénéfice pour la bourgeoisie dirigeante.
L’élection de 2017 fut ainsi l’apogée d’un véritable tsunami politique, avec le dynamitage des partis politiques ( PS, Partis Radicaux, de Droite parlementaire, PCF ) qui formaient depuis 150 ans l’ossature des Républiques successives en France ; l’élection de l’inconnu Macron, choisi par les officines du CAC 40, put se faire sans le soutien d’une organisation, par ce qui ressemblait à une sorte de plébiscite personnel (Moi ou le Front national !).

Et tout l’appareil électoral officiel et clandestin est mobilisé pour renouveler le même résultat en 2022.

Tous ces mécanismes ont créé dans la France actuelle une atmosphère délétère, d’une intensité rarement atteinte dans l’histoire. Une atmosphère empuantie par l’apolitisme faussement naïf, la xénophobie débridée, amplifiée par le matraquage médiatique. Des "experts" se succèdent pour constater que la majorité des Français sondés penchent à droite, euphémisme qui recouvre une réalité quotidienne, l’invasion des mentalités par les obsessions idéologiques nées à l’extrême-droite : les menaces supposées pour "l’identité française "d’un "remplacement" par les Musulmans, dont l’avant-garde serait constituée par le terrorisme islamiste.

C’est Zemmour qui est assuré de voir la moindre de ses âneries, démultipliée, par exemple l’obligation pour les parents de choisir pour leurs nouveau-nés un prénom "français" !

C’est aussi le député de Sarcelles Pupponi, intronisé il y a 10 ans par le PS et son prédécesseur à la mairie de cette ville Dominique Strauss-Kahn, qui publie un livre règlement de comptes intitulé " les Émirats de la République", grâce auquel il explique "comment les Islamistes s’emparent de la banlieue ". Un pamphlet délateur digne du Céline de 1942, qui dénonce nommément ses adversaires politiques en Val d’Oise, tous coupables "d’Islamo-gauchisme", cette ahurissante copie du "judéo-bolchevisme" nazi, née du cerveau enfiévré des ministres Darmanin et Blanquer.

Pour le prosélyte anti-terroriste Pupponi, dont le pére fut l’adjoint socialiste du maire communiste de Sarcelles des années 1980, sont de terrifiants islamo-gauchistes tous ses concurrents, du PCF, du PS et tous ceux qui s’opposent à l’État d’Israël et défendent les Palestiniens contre la colonisation. Rétif à la moindre nuance, notre valeureux combattant anti-islamiste assimile toute critique du sionisme à l’antisémitisme, et voue même aux gémonies le Préfet du Val d’Oise et ses services, coupables selon lui de laxisme à cet égard.
Lui, qui se vantait il y a quelques années, entre deux parties de black-jack dans les maisons de jeu des Champs Élysées, de son amitié pour Macron, et proposait dans le quotidien " La Corse" son entremise auprès de lui aux nouveaux élus nationalistes de l’île, laisse aujourd’hui entendre que le Président est lui aussi timoré face au danger pressant de l’Islam conquérant. Â tel point qu’on peut se demander où s’arrêtera cette dérive personnelle vers l’idéologie extrémiste de Droite ....

Peu importe, à la limite, son "essai" n’est qu’un symptôme de plus de la dérive irrationnelle d’une partie de l’opinion française à l’automne 2021.

Ce qui ne signifie en rien l’allégeance majoritaire des Français à nos élites dirigeantes.
Au contraire : la colère des mal-payés est grande, pérenne, qui se traduit depuis 4 ans par des manifestations mobilisées à l’improviste, par des e-mails émanant d’individus plutôt que de partis politiques ou d’organisations syndicales. Ce fut le mouvement hebdomadaire des Gilets Jaunes, puis, cet été 2021, les manifestations contre le pass sanitaire, d’une ampleur inusitée en période de vacances.

Dans les deux cas, un refus de toute organisation représentative assimilée à une délégation inacceptable de pouvoir, un mélange de motivations contradictoires, et, de ce fait, une impuissance quasi absolue : la colère n’est pas un objectif politique en soi !

Il n’en reste pas moins que cette période pré-électorale est idéologiquement parlant une des pires que notre pays ait connu depuis longtemps, et seul un rebond militant organisé des forces anti-capitalistes peut éviter le désastre annoncé de 2022.

Le titre du livre de Fabien Roussel, candidat désigné par les adhérents du PCF a un titre alléchant en ce sens, qu’il fait référence à la chanson "Ma France" de jean Ferrat, celle des militants " qui n’ont en or que leurs nuits blanches, pour coller sur les murs l’espoir du lendemain..."

Malheureusement la réalité de la France en 2021 est bien différente : dans beaucoup de localités de banlieue parisienne et d’autres régions, il n’y a plus ce qui fit l’influence passée des Communistes, affichages, distributions de tracts, porte à porte, etc. La dernières Fête de l’Humanité, en quête semble-t-il de reconnaissance plus que de combattivité, avait invité à "débattre" la plupart des leaders de la "Gauche" ralliée au libéralisme ambiant, socialistes, Verts, et même Valérie Pecresse, libérale elle aussi, pour la Droite jugée "convenable ".

Dans la même optique "rassemblée" ( ? ) plutôt que conquérante, le leader de la CGT Martinez y débattait, lui, avec Attal, porte-parole du parti gouvernemental !

Et les autres mouvements anti-capitalistes, insoumis, NPA, LO, etc, asphyxiés par le consensus médiatique libéral, ne semblent guère en forme eux non plus à la veille d’une bataille électorale décisive, Présidentielles et Législatives dans la foulée.
Ce ne sont certes pas les appels au ralliement à cette Gauche qui a démontré largement être de trahison des intérêts des salariés plus que de progrès social qui résoudra le problème.

Seules les luttes populaires, dans les rues et les entreprises, des luttes organisées et aux objectifs clairs, pourraient en quelques mois rétablir une atmosphère propice aux conquêtes sociales et politiques.

Il n’est que temps !

22/09/2021

   

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