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Socialismes, passés, présents, futur …

jeudi 14 octobre 2021 par Francis Arzalier (ANC)

Nos adversaires politiques de toutes obédiences, Droite extrême ou « modérée « , sociaux-démocrates plus ou moins convertis aux dogmes libéraux, ou Verts ambitionnant de rajeunir le Capitalisme, s’accordent au moins sur une affirmation aussi péremptoire que fausse :
L’idéal communiste est mort, et les systèmes politiques et sociaux qui s’en réclamaient sous le nom de Socialisme, ont disparu au XXème siècle sous le poids de leurs erreurs et de leurs crimes.
Eh bien non, mesdames et messieurs, vous aurez beau le répéter à longueur de journées sur les petits écrans dont les Pouvoirs vous ont donné la charge, vous parviendrez peut-être à en convaincre ce peuple que vous méprisez, vous ne changerez rien à la réalité des faits :
La société socialiste existe, et régit encore aujourd’hui près d’un humain sur 5 !

Les faits

Cela va de l’immense foule Chinoise, qui redevient peu à peu la première puissance mondiale après mille ans de léthargie, grâce à la fois à son milliard et plus d’individus, et aux transformations consécutives à sa Révolution de 1947 à nos jours.
En Asie, en Amérique, des nations se clament fièrement socialistes, Vietnam, Corée du Nord, Cuba, et ne s’en portent pas plus mal. États et sociétés Socialistes, certes, qui ont tous en commun une économie très largement collective, car possédée par l’État national ou des collectivités locales ou régionales, excluant en tout cas le contrôle des moyens de production essentiels par le Capital privé désireux d’en tirer profit.

Et, dans chacun de ces pays, le Parti Communiste (90 millions de femmes et hommes en Chine) est reconnu par la constitution comme la force dirigeante, en tant que représentant des citoyens, producteurs et concepteurs les plus méritants de la Nation. On peut discuter cette légitimité, pas de l’objectif qui est de mettre l’économie nationale au service des citoyens et non du profit des actionnaires privés.

Au-delà de cette définition générale du Socialisme, ces survivants bien réels des alliés de l’URSS du siècle dernier sont d’une grande diversité, résultat d’une histoire spécifique, et des choix différents qui en ont découlé. Différences de taille d’abord, du milliard dépassé par une Chine qui a réussi à juguler sa démographie prolifique, et la petite nation caraïbe cubaine, avec ses 11 petits millions d’habitants (Corée du Nord, 27 et Vietnam 97).

Une diversité très grande aussi quant au mode de fonctionnement politique, plus au moins autoritaire, et surtout à la relation à l’économie mondiale : la Chine, profitant de son immense marché intérieur, s’est délibérément insérée dans les échanges capitalistes mondialisés, en laissant une part importante de l’économie aux capitalistes étrangers et chinois, à condition qu’ils contribuent au développement économique et technologique du pays, sous le contrôle de l’État, de ses banques, et du Parti Communiste (cf les ennuis du patron d’Ali Baba, jack Ma).

Quand aux petits pays socialistes comme la Corée ou Cuba, ils ont fort à faire à résister aux mesures d’encerclement et d’asphyxie économique de l’impérialisme occidental. Cuba le fait notamment par l’ouverture touristique, qui entraîne des inégalités sociales telles qu’elles menacent le choix socialiste lui-même.

Du passé à notre futur

Les Partis Communistes du monde entier au XXème siècle avaient un modèle, évident après la Révolution de1917, l’Union Soviétique qu’elle avait engendrée. Cette filiation historique, et la guerre menée contre l’URSS durant les décennies suivantes, les a amenés à révérer longtemps les réalités soviétiques comme modèle incontournable de société socialiste. Cette prégnance d’un modèle unique à copier les conduisit à bien des erreurs, et laissa désemparés beaucoup de militants lors de l’effondrement de l’URSS en 1990.
Il serait donc absurde de réitérer le même aveuglement politique au XXIème siècle, ce serait d’ailleurs impossible tant les modèles existants sont différents l’un de l’autre, et encore plus des caractéristiques majeures, culturelles et politiques, de la société française.

Notre objectif est le socialisme en France, c’est à dire une société dont les richesses productives seront possédées par les représentants démocratiquement élus des travailleurs, et contrôlées par eux, au niveau de l’État National ou des Collectivités locales.

La forme qu’il prendra ne pourra que découler de l’´héritage historique de notre pays, des conquêtes politiques et civiles arrachées par les Révolutionnaires de 1789 à 1794 (libertés communales et nationales et suffrage universel), par les Communards de 1871 (premier État au service des travailleurs, et contrôlé par eux), par les militants occupants les usines en 1936 (congés payés, etc…), par les patriotes antifascistes de la Résistance en 1943-45, etc…
Et il devra tenir compte des échecs et erreurs des Socialismes du passé et du présent pour ne pas les reproduire, sans laisser oublier leurs succès pour autant.

Ce serait une insulte à la raison et à l’histoire de faire chorus avec la meute libérale qui réduit l’histoire de l’Union Soviétique à une succession d’assassinats, et veut faire oublier que le Nazisme n’a été vaincu que grâce aux vingt millions de morts soviétiques.

Mais ces mêmes propagandistes « Européens ou « Atlantistes » qui peuplent nos médias y rajoutent aujourd’hui la haine quotidienne de tous les pays qui, de près ou de loin, se réfèrent au socialisme, et refusent l’appropriation privée des grands moyens de production.
On pense d’abord à ce sujet à la Chine, ce géant démesuré qui leur fait peur, au point qu’ils ne peuvent en parler autrement que l’insulte à la bouche. Et il n’est pas besoin pour rejeter cet amas d’âneries d’être un fanatique admirateur de tout ce qui vient de Beijing, il suffit d’un peu de réflexion et de bon sens. Le milliard trois cent millions de Chinois à un poids suffisant pour l’avenir de notre monde pour ne pas répéter ce qu’en disait Tintin en 1936 (Le lotus bleu), et tenter de comprendre rationnellement ce cinquième de l’humanité.

Mais cette haine des sectateurs du « marché « capitaliste se déverse aussi quotidiennement sur tous les peuples qui ont eu l’audace de choisir une voie socialiste, sans avoir pour cela les moyens humains et matériels immenses de la Chine.

La disproportion démographique est déjà grande avec le Vietnam et ses 97 millions d’habitants, elle est énorme avec la Corée du Nord (26 millions, soit la moitié de sa sœur ennemie du Sud) et surtout avec l’île caraïbe de Cuba, qui n’en a que 11.3 ! Et la différence est énorme aussi sur le plan des ressources minérales et énergétiques, et de l’économie en général, avec une Chine devenue depuis peu la deuxième puissance mondiale en ce domaine.

S’il existe, selon certains observateurs, un « développement miracle » des quelques pays à économie socialiste, le plus étonnant n’est pas celui de l’immense Chine, avec son énorme potentiel, mais ceux des petites nations dirigées par le parti communiste en Asie et Amérique. La Corée, le Vietnam, Cuba, qui furent toutes trois des colonies asservies et pillées, et sont encore tributaires d’importations pour se nourrir et se développer.

Un miracle cubain ?

La transformation de Cuba depuis la Révolution de 1959 est extraordinaire dans les domaines aussi divers que la santé, la culture et l’éducation, l’emploi et la vie quotidienne, alors que l’île était en 1950 peuplée de paysans misérables et analphabètes et d’une bourgeoisie vendue aux maîtres yankees, au point d’être fiers d’avoir fait de La Havane « le bordel de l’hémisphère occidental » .
La société cubaine actuelle, présentée par nos médias comme subissant une affreuse dictature, est aujourd’hui encore un exemple pour les peuples « du Sud » et notamment ceux d’Amérique Latine et caraïbe.

Et ce qui est vraiment étonnant est que cette transformation a eu lieu malgré la véritable guerre menée sans cesse depuis 80 ans par les USA pour détruire l’expérience cubaine : une tentative avortée d’invasion militaire (baie des cochons en 1961), des attentats terroristes successifs organisés par la CIA, et surtout un embargo économique visant à asphyxier l’économie de l’île, qui provoque des pénuries de produits les plus nécessaires à la vie quotidienne jusqu’à aujourd’hui.

La révolution cubaine a durant plus de vingt ans survécu à ce blocus grâce au soutien de l’URSS. Mais quand ce grand protecteur s’est effondré en 1990, beaucoup d’observateurs ne donnaient pas longtemps à vivre au socialisme castriste et à sa population affamée.
Il a cependant survécu, grâce au patriotisme farouche de cette petite nation caraïbe, et à son attachement à ses conquêtes sociales. Et Cuba a même trouvé depuis le début de ce XXIème siècle le soutien d’autres pays d’Amérique latine, dirigés par des gouvernants anti-impérialistes (l’ALBA en réunit 10), comme le Venezuela.

Quelques exemples seulement de ce « miracle cubain » méconnu :

La santé

C’est la réussite majeure, reconnue dans le reste du monde par tous les observateurs que la haine anticommuniste n’aveugle pas. Depuis 1960, les soins sont entièrement gratuits, et assurés par tout un réseau de 452 polycliniques (dispensaires d’État ou municipaux), grâce à un nombre considérable de médecins et d’infirmiers (es) : 9 pour 1000 habitants, soit la densité la plus élevée des « pays du Sud « et même 3 fois plus qu’aux USA.
Ce réseau privilégie la prévention, ce qui a permis à Cuba d’atteindre une espérance de vie égale à celle des riches USA, et même de parvenir à une mortalité infantile inférieure à la leur.

Et cette avance cubaine se traduit aussi par les dizaines de milliers de soignants qui en 2015 allaient aider dans une centaine de pays, la plupart « du sud », en Afrique où en Amérique. Et cette aide médicale internationale s’est encore plus marquée depuis deux ans, grâce à des « brigades anti-Covid » : qui sait en France que des médecins cubains sont allés seconder les soignants italiens en difficulté ?
Les laboratoires cubains travaillent à l’invention de vaccins que leur prix modeste permettra d’acquérir en Afrique, si toutefois le blocus US ne les en empêche pas.

Culture et éducation

En 1959, 22/100 des Cubains étaient totalement analphabètes et la majorité des paysans savaient seulement signer. En 2019, le taux d’alphabétisation est parmi les plus élevés du globe, dépassant 99/100, alors qu’il est des plus faibles dans une bonne partie de l’Amérique latine.
Cela grâce aux campagnes d’alphabétisation passées, mais aussi à l’effort budgétaire constant depuis.

Cuba consacre 13% de son PIB à l’éducation et la culture, soit près de 3 fois plus que les USA, première puissance économique du monde. Ce qui permet la gratuité totale de la maternelle aux études supérieures, dans des écoles où l’éducation artistique et sportive est aussi importante que celle scientifique, et dans 69 universités.
Cuba a aujourd’hui un million d’enseignants tous niveaux, 2000 bibliothèques publiques, 250 musées, et des équipements sportifs, consacrés à des activités non-commerciales. Elle est même, de ce fait, le seul « pays du Sud » à obtenir des médailles aux JO, que n’obtient pas l’Inde et son milliard d’habitants.

Cela doit il nous entraîner à dire de Cuba qu’elle est une sorte de paradis pour bisounours socialistes ?

Évidemment pas. Les pénuries y sont courantes, elles ont provoqué les manifestations de cet été, que les télés françaises ont répercutées, pour une fois. Mais il faut être un anticommuniste borné et servile aux désirs du CAC40, comme trop de journalistes français actuels, pour en attribuer la responsabilité au régime, et occulter qu’elles sont les conséquences directes du blocus états-unien.

Le constat de cette « réussite-miracle » doit il nous inciter à faire de Cuba un modèle à copier pour dessiner un projet socialiste pour la France ?
Sûrement pas, notre histoire fut trop différente.
Mais cela n’interdit pas le bon sens politique, une denrée devenue si rare dans nos médias….

13/10/2021

   

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