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Zemmour ? Ça ne vous rappelle rien ?
lundi 20 décembre 2021 par Jean Bonhomme
Si, mais ça ne nous rajeunit pas.
Mitterrand, arrivé enfin au pouvoir en 1981, ne pouvait pas faire autrement, après tant d’années de luttes opiniâtres des Français contre le régime gaulliste, que de réaliser le programme qu’il avait promis.
L’espace de deux années…
Ensuite, « le grand échec de la gauche » (Le Monde) a commencé, et les futures élections s’annoncèrent plutôt mal.
Grâce au scrutin proportionnel, promis lui aussi, Mitterrand tenta de briser l’unité de la droite en sortant de son chapeau le joker Le Pen.
Et ça a marché.
Au moins pour Le Pen.
Il a suffi que les médias apportent une attention toute particulière à cet adversaire de rêve pour que celui qui n’avait pas dépassé 0,7 % sous la Vème République, intervienne effectivement dans le paysage politique.
Il suffisait en effet que Jean-Marie Le Pen change de cravate le matin même, pour que la France entière l’apprenne au journal de 20h…
Et aux élections de 1986, le parti de Le Pen obtint 11% et envoya 35 députés à la Chambre.
Mitterrand avait ouvert la boîte de Pandore. On connaît la suite.
La méthode s’est peaufinée depuis…
A quinze jours des élections européennes qui avaient eu lieu en 2019, les sondages prévoyaient que le candidat d’EELV Yannick Jadot et la tête de liste de la F.I. Manon Aubry seraient au coude à coude.
Bien ennuyeux, tout ça !
Il est finalement pas si mal, Jadot.
Il lui arrive bien, certes, de prétendre que « l’écologie, c’est bien plus que la gauche », mais il n’a rien contre l’Europe capitaliste. Certaines mauvaises langues ont même été jusqu’à prétendre qu’il serait prêt à s’allier avec les Grünen, ceux-là même qui ont fait un bout de chemin avec la droite libérale allemande.
Alors, on y va ? On creuse l’écart ?
C’est parti !
Pendant ces quinze derniers jours, les citoyens ont subi une campagne de lavage des cerveaux enrichie : en plus du sempiternel « Macron-Macron-Macron » assorti du même « Le Pen-Le Pen-Le Pen », ils ont eu droit à du « Jadot-Jadot-Jadot ».
Rappelez- vous, l’irrésistible ascension de Le Pen !
Et le soir des élections, « divine surprise » ! EELV, troisième parti de France !
Ouf !
Le groupe Écologie en progrès arrivera sans doute à arracher aux instances européennes quelques réformettes fleurant bon la chlorophylle.
Mais les multinationales pétrolières imposeront toujours leurs volontés avec la complicité de Bruxelles.
Le kérosène ne sera toujours pas taxé ; les files des transporteurs continueront d’encombrer les autoroutes, les pubs pour les grosses bagnoles de nous divertir, et le monde de courir à sa perte.
« Concurrence libre et non faussée » dans l’Union Européenne oblige !
Jadot, en refusant que son parti devienne une composante du courant radical engagé contre le système, est condamné, comme ses prédécesseurs, à décevoir.
Les médias asservis continueront, au nom de « nos valeurs », à faire la soupe à cette bonne vieille dictature douce de la bourgeoisie, qui a plus d’un tour dans son sac.
Les citoyens auront été bernés, une fois de plus.
Les Nuit debout ont échoué.
Les Gilets jaunes ont échoué.
Alors ? Qu’est-ce qu’on fait ?
Hé ! Hé !
Zemmour est arrivé !
Et c’est reparti…
Génial, Mitterrand !
Comme toujours.
