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Pakistan : Les raisons qui ont poussé les Etats-Unis à se débarrasser d’Imran Khan

samedi 16 avril 2022 par Samer Zoughaib

Les États-Unis sont à l’origine du coup d’État constitutionnel qui a renversé l’ex-Premier ministre pakistanais, Imran Khan, et son remplacement par Shehbaz Sharif.

Figure charismatique et populaire, l’ancienne star internationale de cricket, Imran Khan, devenu Premier ministre d’un pays de 220 millions d’habitants, doté de l’arme nucléaire, a été renversé à l’issue d’une crise constitutionnelle qui a duré une semaine.

Avant d’être évincé du pouvoir, dimanche 10 avril, par une motion de censure au Parlement, Imran Khan a clairement désigné les coupables : les États-Unis.

Imran Khan, avait survécu à une première tentative de l’opposition de le renverser, avait dissous le Parlement et convoqué de nouvelles élections législatives pour donner au peuple la possibilité de se prononcer.
Mais c’était sans compter sur les leviers dont disposent les États-Unis et leurs alliés dans le système politique pakistanais.

La Cour suprême a invalidé la décision de dissolution de l’Assemblée et autorisé le vote sur une motion de censure dont les résultats étaient connus d’avance en raison de l’éclatement de la coalition dirigée par Imran Khan et la défection d’une dizaine de députés de son parti Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI, Mouvement du Pakistan pour la justice).

La coalition qui soutenait Imran Khan n’a pas éclaté de son propre chef. Les alliés de l’ex-Premier ministre l’ont quitté sur injonction des États-Unis qui ont multiplié ces derniers mois les signes de mécontentement contre le leader pakistanais en raison de son indépendance et de ses choix en politique étrangère.

La petite phrase d’un diplomate américain

Dans une adresse à la nation diffusée à la télévision, Imran Khan avait clairement accusé Washington de chercher à le renverser. Il faisait allusion à une lettre de l’ambassadeur du Pakistan à Washington, dans laquelle le diplomate rapportait une conversation, enregistrée, avec un haut responsable américain, qui estimait que les relations seraient meilleures si le Premier ministre quittait ses fonctions.

« Ils disent que notre colère s’évanouira si Imran Khan perd ce vote de censure », a dit le leader pakistanais.

Le nom de ce « responsable américain » est désormais connu. Il s’agit de Donald Lu, chef du desk Asie du Sud au département d’État américain, selon India Today.

Donald Lu aurait averti le représentant du Pakistan aux États-Unis, Asad Majeed, qu’il y aurait des implications si le Premier ministre pakistanais survivait au vote de défiance à l’Assemblée nationale.

La petite phrase du diplomate américain a été entendue par les amis et les agents des Américains au Pakistan, qui ont imaginé le scénario de renversement du Premier ministre par le biais d’un coup d’État constitutionnel.

Le « changement de régime » est une constante de la politique de Washington, qui déploie toute une série d’outils allant des « révolutions de couleurs » (Géorgie, Ukraine...), au coup d’État judiciaire (Contre Lula au Brésil), en passant par les putschs militaires et les guerres civiles, pour se débarrasser des dirigeants qui ne leur conviennent pas, même s’ils ont été élus démocratiquement.

Imran Khan a été évincé en raison de l’impulsion indépendante qu’il a donnée à la politique étrangère de son pays, loin de l’alignement aveugle sur la politique des États-Unis.

Un partenariat géostratégique avec la Chine

Il a développé un partenariat géostratégique avec la Chine, à un moment où Washington s’est lancé dans une confrontation multiforme avec Pékin, en passe de devenir la première puissance économique mondiale.

La Chine développe d’importantes infrastructures portuaires à Gwadar, dans le Sud-Ouest du Pakistan à la frontière avec l’Iran. Ces projets gigantesques s’intègrent dans la stratégie de nouveau corridor sino-pakistanais CPEC par l’Himalaya et des « Nouvelles Routes de la Soie » qui consistent à maîtriser les itinéraires terrestres et maritimes entre l’Asie orientale, le Proche-Orient et l’Europe.

Les Américains ont d’autres raisons qui les ont poussés à se débarrasser d’Imran Khan. Ils le tiennent en partie responsable de leur humiliante défaite en Afghanistan à cause de son refus d’impliquer activement l’armée et les forces de sécurité pakistanaises dans la guerre contre les Talibans afghans.

Pour Imran Khan, les États-Unis étaient une puissance d’occupation en Afghanistan et c’était à eux de gérer la situation qu’ils ont créée dans ce pays.

Ces dernières années, l’ancien Premier ministre pakistanais était souvent à l’opposé des choix américains en politique étrangère. Il a ainsi refusé de faire partie de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite au Yémen, s’est abstenu de contribuer à l’isolement de l’Iran et s’est tenu à l’écart du processus de normalisation des relations avec « Israël », entamé par des pays arabes avec l’encouragement des États-Unis.

Le mécontentement américain s’était manifesté par le refus du président Joe Biden d’avoir une conversation téléphonique avec le Premier ministre pakistanais, depuis son entrée à la Maison Blanche.

La goutte qui a fait déborder le vase a été le refus ferme d’Imran Khan de s‘aligner sur la décision des Occidentaux de sanctionner la Russie en raison de la guerre d’Ukraine,

Au lieu de cela, l’ex-Premier ministre du Pakistan s’est rendu à Moscou le jour du début de la guerre, le 24 février, et s’est affiché en compagnie du président Vladimir Poutine au Kremlin.

Devant les critiques occidentales, Imran Khan a défendu cette visite. « Même les dirigeants européens sont allés en Russie, mais on demande au Pakistan en particulier ‘Pourquoi y êtes-vous allé ?’, comme si nous étions leurs serviteurs », a-t-il martelé.

Ces derniers mois, Imran Khan avait rappelé les « sacrifices » demandés au Pakistan pour se joindre à la « guerre contre le terrorisme » lancée par les États-Unis au lendemain des attentats du 11 Septembre, et qui selon lui n’apportent ni reconnaissance ou récompense, il a demandé : « Est-ce que quelqu’un a dit ‘merci Pakistan’ pour ce que nous avons fait ? », s’est-il interrogé.

Alors que la crise politique était à son pic au Pakistan, Imran Khan a révélé que l’une des principales raisons de la colère des États-Unis contre lui est son refus d’établir des bases militaires américaines dans son pays.

Même si les médias occidentaux et les élites politiques pakistanaises pro-américaines tentent de donner à la crise au Pakistan une dimension interne, notamment liée à la gestion économique de l’ancien Premier ministre, il ne fait aucun doute que Imran Khan a été évincé en raison de sa volonté d’avoir une politique étrangère centrée sur les intérêts stratégique de son pays, et non pas sur les désideratas américain

*Source : Alahed


Voir en ligne : https://www.france-irak-actualite.c...

   

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