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Élisabeth Borne première de cordée

jeudi 19 mai 2022 par Philippe Arnaud

Le 16 mai 2022, Élisabeth Borne a été nommée première ministre par Emmanuel Macron, et, à cet égard, les médias nous ont, de nouveau, resservi leurs poncifs.

1. Exemple : c’est une femme (et la 2e depuis Édith Cresson à occuper cette fonction). Et les journalistes de s’émerveiller et - pour pasticher de Gaulle - "de sauter sur leur chaise comme des cabris en gloussant : Une femme ! Une femme ! Une femme !". Comme si le fait d’être femme à ce poste était une fin en soi ! Mais on peut être femme et mener une politique calamiteuse : qu’on se souvienne de Margaret Thatcher...

2. Autre poncif, ressassé ad nauseam : "C’est une femme venue de la gauche" (avec le pesant sous-entendu qu’elle ne peut que plaire à la gauche, puisqu’elle est issue de ses rangs). [Nuance : elle était, en fait, proche du Parti socialiste, ce qui n’est pas tout à fait la même chose que d’être de gauche...]. Mais le fait d’avoir été membre (voire militant ou dirigeant) d’un parti de gauche (et même plus à gauche que le Parti socialiste) ne vaut pas davantage brevet de vertu : à l’époque du régime de Vichy, le Collaborateur Marcel Déat venait de la S.F.I.O., le Collaborateur Jacques Doriot venait du Parti communiste, le Collaborateur René Belin était un ancien de la CGT. Et il n’a pas manqué de hauts fonctionnaires, de cadres moyens ou d’agents d’exécution, issus de la gauche, et qui ont néanmoins servi les gouvernements de Pétain.

3. De même, plus récemment, il n’a pas non plus manqué d’anciens soixante-huitards, gauchistes (de tendance trotskiste ou maoïste), qui, avec les ans, ont peu à peu échoué à droite et, pour reprendre un titre célèbre, "sont passés du col Mao au Rotary".

Autre sujet  : la guerre en Ukraine et le siège de Marioupol. Il semblerait que les quelques centaines (ou quelques milliers) de soldats ukrainiens qui défendaient encore l’usine Azovstal de Marioupol aient commencé à se rendre aux Russes. Et les médias de présenter cette reddition sur le modèle du siège de Fort Alamo, au Texas, pris par les Mexicains en 1836. [Ce qui n’empêcha pas, quelques années plus tard, les Texans de chasser les Mexicains, puis de s’intégrer aux États-Unis]. Message subliminal : une si admirable résistance ne peut, moralement, que préluder à la victoire finale des Ukrainiens. [Comme dans les films hollywoodiens, où le héros subit avanie sur avanie, pour finir, à l’issue des péripéties, par écraser les "méchants", qui - autant que possible - périssent de façon ignominieuse].

Mais les sièges longs et héroïques, qui s’achèvent par la capitulation des défenseurs, ne se concluent pas toujours, quelques mois ou quelques années plus tard, par le triomphe de ces mêmes défenseurs à l’issue d’une guerre victorieuse. C’est même, le plus souvent, l’inverse qui se produit : d’abord les assiégeants emportent la place, puis, au bout d’un certain temps, ils finissent par gagner la guerre.

Et les Français, qui ont longue tradition de célébration des défaites, peuvent, à cet égard, présenter un éloquent palmarès, à commencer par le siège d’Alésia, en 52 avant notre ère. Ou le siège de Camerone, en 1863 (célébré annuellement par la Légion étrangère), qui n’empêcha pas l’armée française de plier piteusement bagage du Mexique, en 1867. Ou, quelques années après, lors de la guerre franco-allemande de 1870-1871, de voir nombre de villes ou de places-fortes assiégées par les Allemands : Thionville, La Fère, Belfort, Paris, Neuf-Brisach, Soissons, Montmédy, Mézières, Strasbourg, Toul, Bitche, Metz, etc. Or, toutes ces places - malgré la ténacité et l’abnégation admirables de leurs défenseurs - finirent par se rendre à l’assiégeant allemand, qui sortit également vainqueur de la guerre en 1871 (en nous délestant, au passage, de 5 milliards de francs-or, ainsi que de l’Alsace et de la Moselle). Et on n’aura garde d’oublier le siège de Dien Bien Phu, en 1954, dont la place-forte fut emportée par les troupes du général Giap, ce qui préluda à la défaite finale de la France en Indochine.

Précision. Ces dernières remarques n’expriment ni un pronostic ni un souhait (en l’occurrence que les Russes gagnent).

   

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