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Guerre, sanctions et climat

vendredi 7 octobre 2022 par MS-21

Juste une remarque préliminaire :La petite phrase sur les climato-sceptiques qui ne s’expriment plus n’est pas correcte, ils s’expriment mais ne sont jamais relayés par les medias. Mais c’est un point de détail dans l’analyse. (PL-ANC)

En mars 2014, par referendum, les habitants de la Crimée, en majorité russophones, votent pour leur rattachement à la Fédération de Russie. La légitimité de ce referendum n’est pas reconnue par les puissances occidentales qui parlent d’annexion et mettent en place des sanctions économiques pour « punir » la Russie. Parmi ces sanctions, l’interruption des travaux de construction du gazoduc Nord Stream 2 en décembre 2019.

Le 24 février 2022, la Russie lance une « opération militaire spéciale » et son armée entre en Ukraine, dans le Donbass. Cette région, majoritairement russophone, est régulièrement bombardée par l’armée ukrainienne, depuis qu’elle a fait sécession après le coup d’état du Maïdan en 2014.

Les accords de Minsk I et II , signés respectivement en septembre 2014 et
en février 2015 devaient mettre fin à cette guerre civile. Malheureusement ces accords n’ont pas été respectés et la guerre civile n’a pas cessé. Lassés par huit ans de guerre meurtrière – 14000 victimes ! - les habitants du Donbass demandent soutien et protection à la Russie.

Pour la « communauté internationale » il s’agit d’une invasion, la Russie a violé le droit international et doit être punie. D’où la mise en place de sanctions de toute nature ( commerciales, financières, diplomatiques et culturelles ), de façon progressive.

Conséquences des sanctions imposées à la Russie

Ces sanctions sont-elles efficaces ?
Ont-elles atteint leur but ?
Ont-elles permis l’arrêt de la guerre ?
Ont-elles affaibli la Russie ?
Ont-elles fait tomber le régime de Poutine ?
Quel est l’impact des sanctions dans les pays occidentaux ?
Sur le climat ?

Si au début du conflit, la Russie a vu effectivement une chute de ses revenus, l’économie russe ne s’est pas effondrée. Le bloc occidental doit admettre que ces sanctions n’ont pas atteint leur but.
Quel était-il ?
Un affaiblissement de la Russie, entraînant un changement de régime à Moscou et un éclatement de la Fédération ! La tactique des sanctions consiste à
créer de la misère et des pénuries tellement insupportables qu’elles provoqueront des révoltes et feront tomber le gouvernement.
Ça n’a pas marché : V. Poutine est toujours en place.

La Russie a su trouver des solutions de rechange : elle a conclu des accords
commerciaux avec des pays comme la Chine , l’Inde, l’Arabie Saoudite, etc. auxquels elle vend ses matières premières ( gaz, pétrole, métaux ...).

L’effet boomerang

Ces sanctions affectent lourdement les économies des pays de l’UE qui sont tous plus ou moins dépendants du gaz et du pétrole russes et en interdire l’achat est suicidaire. La nation la plus fortement impactée est l’Allemagne dont l’économie très dépendante du gaz russe va beaucoup souffrir.
La France aussi va connaître une crise de l’énergie électrique : la moitié
de ses réacteurs nucléaires est à l’arrêt et l’apport des énergies renouvelables est faible.

Notre gouvernement prépare les consommateurs par des annonces telles que celles-ci : le chauffage des appartements devra être limité à 19°, les chauffe-eau réglés à 60°, les municipalités doivent restreindre l’éclairage public, fermer les piscines, etc...

Des économies ridiculement insignifiantes...quand on sait que les grandes consommatrices d’énergie ( gaz , pétrole, diesel ) sont les usines, l’agriculture et les transports. La principale conséquence de cette tension sur le commerce de l’énergie est l’envolée des prix du gaz et de l’électricité : le patron de Duralex explique que depuis deux ans, le prix du gaz a été multiplié par 18 et qu’il ne peut faire face. Il est obligé de fermer son usine pour au moins 4 mois.

Et la guerre ne s’est pas arrêtée, au contraire elle n’a fait que s’amplifier depuis 2014 !
Certains commentateurs ont dit que l’UE s’est tiré une balle dans le pied , et même pire : dans la poitrine !
Comment se passer du gaz russe ?
Le gaz naturel est exporté à l’état gazeux par de nombreux gazoducs qui sillonnent le monde. Ce transport est souple, rapide, peu coûteux. En l’absence de gazoduc, le gaz doit être liquéfié en portant sa température à -160° (GNL) pour être transporté dans des cargos appelés des méthaniers. Les ports doivent être spécialement aménagés pour effectuer le chargement et le déchargement : ce sont des terminaux méthaniers.
Puis, afin d’être distribué dans le réseau, ce GNL est re-gazéifié. Toutes ces installations et ces traitements coûtent très cher...L’Allemagne n’a pas de terminaux méthaniers.
La France en possède 4 et envisage la construction d’un terminal méthanier flottant près du Havre. E. Macron vient de signer un accord avec l’Allemagne : celle-ci achètera du gaz à la France et en échange lui fournira de l’électricité qu’elle produit dans ses centrales à charbon !

Mais il n’y a pas de gisements de gaz en France...celui de Lacq dans les Pyrénées-Atlantiques ne produit plus depuis 2013. Il s’agit donc de gaz importé d’Algérie, de Norvège, des Pays -Bas, etc.
Les Etats-Unis vont nous vendre leur gaz de schiste, le plus polluant de tous les combustibles fossiles !

Les conséquences sur le climat

Depuis quelques mois, les climato-sceptiques ne s’expriment plus(sic)...Tout le monde constate que le dérèglement climatique est bien là : canicules de plus en plus fréquentes et précoces, sécheresses, inondations, incendies de forêts, orages de grêle, tornades, ouragans, élévation du niveau des mers, fonte des glaciers et de la banquise...

Le réchauffement de notre planète est dû à l’accumulation dans l’atmosphère de gaz à effet de serre (dioxyde de carbone CO2, méthane CH4 ...). Le dernier rapport du GIEC est très alarmant. La crise énergétique actuelle va empirer cette situation .

Au début des années 2000, le gouvernement allemand a choisi de fermer progressivement ses centrales nucléaires sous la pression des Verts. Fin décembre 2021, trois des six derniers réacteurs encore en service ont été arrêtés. Les trois dernières centrales nucléaires d’une puissance totale nette de 4055 MW seront arrêtées fin 2022. Même au vu de la menace de
l’arrêt complet des livraisons de gaz russe, le refus de prolongation du nucléaire a été confirmé en juin 2022 par le gouvernement.

Pour compenser ce déficit les Allemands ont réactivé des centrales à charbon et à fioul beaucoup plus polluantes que les centrales fonctionnant au gaz...

Autre aberration : la Russie vend du gaz et du pétrole à l’Arabie Saoudite qui le revendra plus cher aux pays européens qui ont décidé de ne plus commercer avec la Russie !

Enfin les Etats-Unis qui produisent du gaz de schistes se réjouissent de l’aubaine : son exportation vers l’Union européenne a presque triplé depuis le début de la guerre.
L’extraction de ce gaz par fracturation hydraulique, interdite en France à cause des nombreux dommages causés à l’environnement, est très largement pratiquée aux Etats-Unis malgré le prix élevé de cette technique devenue rentable avec l’envolée des cours mondiaux de tous les hydrocarbures (pétrole, gaz, fioul).

L’UE importe ce gaz plus cher que le gaz russe et il est livré en France par des méthaniers géants qui parcourent des milliers de km ...Ajoutons que la fracturation hydraulique provoque des fissures dans le sol d’où le
méthane peut s’échapper dans l’atmosphère et on sait qu’il est un puissant gaz à effet de serre avec un pouvoir de réchauffement plus de 80 fois supérieur à celui du CO2 .

A l’heure actuelle, 28 des 56 réacteurs nucléaires que compte la France sont à l’arrêt, le risque de rupture dans la distribution d’électricité est important. Pour s’en prémunir de petites entreprises comme les restaurants, les hôtels, ont acheté des groupes électrogènes qui fonctionnent au fioul et pour faire face aux canicules on s’équipe en climatiseurs...

Tout ça n’est pas très bon pour le climat, un cercle vicieux s’est enclenché ...

Les gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2 reliant la Russie à l’Allemagne sous la mer Baltique ont été sabotés le lundi 26 septembre.
Saboter simultanément deux gazoducs en pleine mer ?
Une opération si complexe laisse à penser qu’il ne peut s’agir que d’une « opération d’État ».
Qui aurait pu le faire ? La Russie ?
L’Ukraine ?
Les Etats-Unis ?
La Pologne ?
Dans tout crime, il faut se poser la question des motifs. « Qui en profite ? »

Si la Russie veut vraiment couper l’approvisionnement en gaz de l’Allemagne et de l’UE, il lui suffit de fermer le robinet. Elle conserve alors son infrastructure de transport comme moyen de pression et peut immédiatement reprendre ce commerce très lucratif après la guerre.
Alors que les réparations s’avèrent très compliquées sinon impossibles le manque à gagner est considérable pour la Russie.

L’Ukraine et les Etats-Unis ont pour objectif d’affaiblir durablement la Russie et comme les divers trains de sanctions n’ont pas atteint leur but ils ont pu penser utiliser une méthode plus radicale pour la priver d’une ressource importante. Les Etats-Unis ont toujours été opposés à la construction de Nord Stream 2 dont ils ont retardé au maximum la réalisation et la mise en service craignant une trop forte dépendance de l’UE au gaz russe.
M. Biden a déclaré avant l’entrée de l’armée russe enUkraine :
« "Si la Russie envahit l’Ukraine, il n’y aura plus de Nord Stream 2. Nous allons y mettre fin".
En contournant l’Ukraine par la Baltique, les gazoducs Nord Stream 1 et 2 privent ce pays de ressources financières importantes - estimées à 1,5 milliard d’euros par an - liées au paiement de frais de transit du gaz russe sur son territoire.

M. Sikorski, homme politique polonais, membre du Parlement européen préside la sous-commission des relations avec les États-Unis, c’est donc un homme très bien informé et en excellents termes avec les États-Unis. Voici sa première réaction à la nouvelle des fuites de gaz dans les gazoducs Nord Stream : « Merci, les États-Unis »
Peut-on interpréter ces mots comme un aveu ? En outre, il souligne qu’il s’agit en fait d’une bonne nouvelle car un autre gazoduc transportant du gaz naturel vers la Pologne depuis la Norvège via le Danemark a été mis en service quelques jours avant l’attaque.

L’enquête sur ce sabotage ne fait que commencer. Saura-t-on jamais qui a pu poser des explosifs par 70m de profondeur dans un secteur très surveillé de la mer Baltique, sans être repéré ?


Voir en ligne : https://www.ms21.org/affiche-articl...

   

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