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Rapport sur la situation Internationale

mercredi 18 janvier 2023 par Bruno Drweski/ANC

Présentation de Bruno Drwreski lors des Rencontres Internationales avec des Organisations politiques étrangères organisées par l’ANC le 17 Janvier 2023.

La crise mondiale du capitalisme et ses effets : l’impérialisme dans la fuite en avant :

Depuis 2008, le capitalisme est entré dans une crise systémique et civilisationnelle dont il n’est jamais sorti en fait et qui n’a fait que s’aggraver, ce qui s’est manifesté par une visibilité particulière de l’incapacité manifeste des pays occidentaux de maîtriser et de gérer la crise du covid19, en particulier si l’on compare ceci avec la façon dont cette pandémie a été traitée dans toutes les autres régions du monde, en particulier dans les pays à orientation socialiste.

Puis est arrivée la défaite des États-Unis et de l’OTAN en Afghanistan après vingt ans d’occupation militaire et, enfin, la guerre en Ukraine qui a démontré l’incapacité des pays occidentaux à prendre des mesures économiques efficaces contre leur ennemi déclaré, la Russie, pendant qu’ils s’enlisaient eux-mêmes dans une stagnation-régression économique.
Toutes ces évolutions contribuent à remettre en cause l’hégémonie séculaire du monde occidental et du bloc euro-atlantique qui s’est constitué au sortir de la Seconde Guerre mondiale autour des États-Unis.

Cette situation a plusieurs causes.

D’un côté, les politiques de mondialisation capitaliste ont eu comme conséquence les délocalisations et la désindustrialisation du centre occidental au profit du développement en leur sein d’une économie virtuelle et financiarisée, censée annoncer une future prédominance à leur profit de l’intelligence artificielle que certains rebaptisent désormais sous le concept beaucoup moins reluisant de « fascisme digital ».

Les élites dominantes des États-Unis croyaient pouvoir imposer leurs choix et continuer à dominer le monde grâce au dollar, avec une roue de secours européenne ayant créé l’euro, grâce à leur avance technologique acquise auparavant. Mais si la politique économique pratiquée depuis la généralisation partout sur la planète des dogmes économiques néolibéraux a eu comme conséquence de diriger vers les pays de la périphérie du capitalisme le processus d’industrialisation, celui-ci a contribué à augmenter le nombre d’ouvriers manuels à l’échelle du monde grâce aux pays du Sud tandis que le processus général initié au XIXe siècle d’augmentation constante de la proportion de travailleurs salariés, ouvriers ou employés de services, des prolétaires donc, au dépens des propriétaires des moyens de production, a continué à augmenter lui-aussi partout dans le monde, tant dans les pays de la périphérie du système que dans les pays du centre.

Mais à l’occasion, les pays du centre ont perdu une grande part de leur production industrielle liée à l’économie réelle au profit des pays de la périphérie, ce qui s’avère avoir aujourd’hui renforcé leur poids dans les affaires du monde.
C’est en particulier les cas des pays aux économies les plus dynamiques d’Asie orientale. Le seul secteur industriel qui n’a pratiquement pas été délocalisé en masse a été celui lié au complexe militaro-industriel qui, du coup, a renforcé son poids au sein des groupes dirigeants des puissances occidentales.
D’où un poids accru des fauteurs de guerre.

Tous ces processus cumulés ont abouti au renforcement de la concentration de la propriété à l’échelle mondiale au profit de quelques grands groupes supranationaux basés en grande partie en Amérique du Nord et en Europe occidentale, ce qui permet de mieux comprendre le renforcement constant de la centralisation du bloc des États dominants en cercles concentriques à partir d’un noyau :

  • 1°/ Les États-Unis
  • 2°/ Les pays dits des « Five Eyes » centralisés autour des services secrets des cinq puissances anglo-saxonnes (USA, Royaume-Uni, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande)
  • 3°/ Les pays de l’OTAN
  • 4°/ Les pays de l’UE organiquement liée à l’OTAN
  • 5°/ Les États de l’AUKUS pour la zone Pacifique (Australie, Royaume-Uni, USA) avec comme associé impérialiste le Japon. Alors que l’Inde en principe membre du « Quad » associé à l’AUKUS, s’est finalement sentie marginalisée par des accords privilégiés entre puissances anglo-saxonnes, d’où sa volte-face relative et pour beaucoup inattendue en direction de la Russie au cours de l’année 2022.

Face à ce bloc organisé autour des États-Unis et de leurs 800 à 1 000 bases militaires d’occupation réparties dans le monde entier, le « reste du monde » compte 85 % de la population mondiale et manifeste des tendances grandissantes en faveur du multilatéralisme, de la multipolarité et/ou du non-alignement.
La France qui était sortie de l’organisation militaire de l’OTAN ainsi que les anciens pays occidentaux neutres comme la Suède, la Finlande, la Suisse ou l’Irlande, ont, dans ce contexte de centralisation et de verrouillage du cercle dominant, été poussés à rejoindre les structures militaires dirigées par Washington.

L’OTAN est au cours de ce processus passé d’une alliance en principe défensive et limitée au théâtre européen à une alliance offensive capable de « se projeter » dans le monde entier. En même temps que ce « gendarme du monde » jouait un rôle de policier pour ses États-membres en étant chargé de garantir la soumission aux règles économiques et politiques adoptées en particulier par le biais de l’Union européenne mais pas seulement, d’autres structures fonctionnent aussi dans ce sens comme l’OCDE et les clubs moins formels de rencontre ou de formation des élites occidentales, Club Bilderberg, Trilatérale, Young leaders, etc.

Aujourd’hui, les pays du bloc occidental et ses associés représentent à peu près 70 % des dépenses militaires officielles dans le monde (si l’on ne compte pas l’Arabie saoudite) et elles sont en augmentation constante depuis 2015, ce qui prouve que le conflit en Ukraine n’est pas la cause de cette évolution mais qu’il est, au contraire, une des conséquence de cette évolution, puisque le « reste du monde » donc, et en particulier la Russie, la Chine, l’Iran, la RPD de Corée souvent accusés de militarisme et d’agressivité ne participent que pour moins d’un tiers aux dépenses militaires mondiales.
C’est dans ce contexte que nous devons analyser les tensions et les contradictions qui se manifestent dans le monde entre les classes possédantes et les classes prolétarisées, et aussi au sein même des classes possédantes.

Contradictions inter impérialistes, contradictions intra capitalistes et luttes populaires

Depuis le développement de l’impérialisme comme stade suprême (mais pas forcément terminal !) du capitalisme, la lutte de classes entre prolétaires, petits propriétaires en voie de précarisation et de disparition et la grande bourgeoisie possédante a marqué la marche de l’histoire, mais la mondialisation accomplie aujourd’hui par l’impérialisme a contribué progressivement à l’émergence de contradictions au sein même de la classe possédant les moyens de production et d’échange, la bourgeoisie.

En effet, si l’on a vu depuis plus d’un siècle le développement d’une bourgeoisie impérialiste en capacité de s’appuyer sur les puissances qu’elle contrôlait pour conquérir les marchés du monde entier, celle-ci a dû affronter l’émergence d’États à orientation socialiste tendant à sortir du marché capitaliste, tout en se trouvant confrontée à certains secteurs des bourgeoisies possédantes de pays économiquement moins développés et cherchant à préserver le contrôle de leurs marchés nationaux en s’opposant, souvent de façon inconséquente et opportuniste, à l’impérialisme, ce qu’on a appelé les bourgeoisies nationales et qui, dans leurs propres pays, étaient en opposition avec la bourgeoisie compradore au service des bourgeoisies impérialistes.

C’est dans ce contexte qu’on a vu émerger les mouvements de libération nationale dans les colonies et semi-colonies qui ont pu s’appuyer à la fois sur de forts mouvements populaires, sur leurs propres bourgeoisies nationales et sur les États qui avaient dans la foulée de la révolution d’Octobre 1917 emprunté le chemin menant à la construction d’une société socialiste échappant tant que faire se peut aux lois du marché capitaliste.

Le démantèlement du socialisme est-européen a cependant créé un phénomène régressif et donc réactionnaire qui a permis de renforcer la position du bloc occidental aux dépens des pays décolonisés et non alignés, même si le capitalisme n’a pas été ensuite en état de maîtriser efficacement la scène économique et politique mondiale.
Car le développement des « rescapés » du socialisme (Chine, Cuba, Vietnam, Corée du Nord, Laos), des rescapés du non-alignement (Afrique du sud, Iran, Libye, Syrie, etc.) puis la naissance de nouveaux États tendant à s’orienter vers le socialisme (Venezuela, Bolivie, Nicaragua, etc.) a représenté progressivement un défi nouveau pour le capitalisme néolibéral mondialisé.

Certains pays ont dès lors été directement ou indirectement attaqués par l’impérialisme, d’autres ont subi un régime de sanctions et de blocus (Libye, Yémen, Zimbabwe, Syrie, etc.). Nous constatons donc aujourd’hui l’émergence de contrepoids sur la scène internationale qui explique pourquoi certains émettent l’idée qu’on assiste à la formation d’une mouvance plus ou moins informelle de puissances et de pays contre-hégémoniques.

À la fin de 2021, on a vu lors de la session de l’Assemblée générale des Nations Unies 19 pays ayant l’Algérie à leur tête participer avec la Chine et la Russie à la formation d’un groupe d’États socialistes ou non alignés proclamant leur engagement dans la défense de la Charte des Nations Unies. Ce groupe peut apparaître comme le noyau militant des États grands ou petits mais contre-hégémoniques. Tout ceci pose la question de la base de classe des régimes politiques existant dans les pays qui s’opposent peu ou prou aux règles dominantes édictées par les États-Unis et les pays qui lui sont associés, en particulier au sein du bloc atlantique.

Il est clair que certains de ces pays émergents et ayant, en particulier depuis le début de l’intervention de la Russie en Ukraine, tendance à s’opposer ou à se distancier du bloc occidental, comme la Russie, l’Inde, le Brésil, l’Indonésie, l’Iran… sont des pays capitalistes, même là où il peut exister des politiques sociales ou économiques n’entrant pas toujours dans le cadre des dogmes néolibéraux.

D’autres pays proclament avec plus ou moins de constance des objectifs socialistes ou simplement radicalement sociaux comme la Biélorussie. Presque partout néanmoins on constate que dans tous ces pays il existe des capitalistes qui prônent un rapprochement avec les pays du bloc occidental et qui ne sont pas éloignés des thèses libérales tandis que d’autres soutiennent des politiques de souveraineté nationale, de développement industriel et autocentré et, parfois, un interventionnisme d’État profitable aux classes travailleuses.

Cela peut être dû aux pressions des classes populaires sur leurs gouvernements mais cela semble aussi dû au poids que des nouvelles bourgeoisies nationales tendent à jouer contre leurs bourgeoisies compradores, parfois appelées « oligarques », et existant à leur côté. C’est en particulier dans ce contexte que les adeptes de la méthode du socialisme scientifique doivent poser la question des bases de classe de tous les États menant vis à vis du bloc dominé par les États-Unis des politiques de souveraineté voire de contre-hégémonisme.
C’est en particulier le cas de la Chine et du Viêt-Nam où existe un système politique et social apparaissant aux yeux de certains comme issus du socialisme et à d’autres comme quasi-capitaliste.

Car il existe en Chine de véritables capitalistes qui se sont lancés à la conquête de marchés nationaux et internationaux même si leurs entreprises n’appartiennent pratiquement jamais au « top 50 » des plus grandes entreprises mondiales homologuées à Wall Street et à la City de Londres.

Ce qui caractérise aussi la Chine, c’est l’existence d’un fort secteur public, le maintien de la propriété étatique de la terre, l’existence d’un système de planification économique étatique incitative et l’engagement de l’État en faveur du développement du secteur productif et de l’éradication, en partie réussie, de la pauvreté, la grande pauvreté ayant été éliminée au cours de l’année écoulée.

Par ailleurs, au niveau du système politique, sa colonne vertébrale reste le Parti communiste fort de 95 millions de membres, qui possède des cellules dans les entreprises, y compris privées, ce qui permet de court-circuiter au moins en partie les réseaux bureaucratiques et de contrebalancer les décisions des propriétaires d’entreprises privées.
À quoi il faut ajouter les comités de rue et de village qui jouent un rôle non négligeable dans la vie quotidienne et dans une démocratie de base en lien direct avec le peuple.
Mais en observant les débats vifs, les grèves et les mécontentements qui se manifestent en Chine périodiquement, on peut penser qu’à côté de mobilisations populaires il existe aussi en Chine une lutte moins visible au sein des milieux capitalistes entre ceux qu’on peut qualifier de représentants les intérêts d’une bourgeoisie nationale et ceux qui sont plus proches de la mondialisation capitaliste et qu’on peut qualifier de compradores.

Dans le monde, la Chine est accusée par les puissances occidentales d’ingérences et d’expansionnisme mais on doit constater que beaucoup de pays du Sud semblent préférer avoir affaire à la Chine qu’à leurs anciens maîtres et que les entreprises chinoises sont assez souvent bien accueillies, sans qu’on y fasse d’ailleurs toujours la différence entre firmes publiques et firmes privées.
Quoiqu’il en soit, la politique chinoise dite de « gagnant-gagnant » semble marquer des points, en particulier dans le cadre du projet de l’Initiative une Ceinture une Route. Les puissances occidentales de leur côté se retrouvent prises dans les contradictions de leur propre discours puisqu’elles dénoncent ici la Chine pour son expansionnisme mais qu’elles dénoncent là simultanément le fait que la Chine n’impose pas son modèle au monde et s’accommode de tous les régimes politiques existant sans s’ingérer dans les affaires intérieures des États avec lesquels elle coopère.

Quoiqu’il en soit, on doit être conscient qu’il n’existe pas d’État au monde sans contradictions de classe mais que celles-ci se manifestent différemment selon la structure de classe existant dans chaque pays, en particulier au sein de l’appareil du pouvoir, et il est clair que les pays se déclarant d’orientation socialiste n’ont pas la même structure de classe et de pouvoir que les pays capitalistes classiques.
Ce type d’analyse reste aussi valable pour la France et les pays de l’UE.

Comment expliquer l’effritement de la position de la France et des pays de l’Union européenne ?

Nous avons placé plus haut la France et ses voisins, partenaires, concurrents de l’Union européenne dans le troisième cercle du système impérialiste centralisé. Ce qui permet de constater que, dans ce cas, nous avons affaire à une contradiction entre des caractéristiques qui permettent de considérer la France comme un pays vassalisé envers les États-Unis, voire l’Allemagne, sur un modèle pas très éloigné de l’ancienne collaboration pétainiste, et d’un autre côté un pays toujours actif en direction de ses anciennes colonies, en particulier en Afrique où elle cherche à maintenir ses positions, même si son ancien « pré carré » est aujourd’hui le théâtre d’une rivalité nouvelle entre l’ancienne présence française, des prétentions allemandes et une présence étatsunienne de plus en plus visible.

Quant à l’Union européenne, dont le projet a été concocté aux États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale, certains pensent qu’elle a été fondée à dessein selon des structures si complexes qu’elle en est rendue ingouvernable, ce qui permet à la fois de promouvoir « la concurrence libre et non faussée » néolibérale en son sein et l’ingérence des États-Unis et de leurs lobbies jusqu’au centre même de ses institutions.

Si la création de l’euro et la tentative de promouvoir une politique de défense européenne tend à montrer qu’il y a une réelle volonté de créer un pôle politique européen, voire un impérialisme européen distinct de celui de son partenaire d’outre-Atlantique, la soumission de la Commission européenne et des dirigeants des États de l’UE au diktat du laboratoire Pfizer pendant l’épidémie du covid19 et l’absence de réaction des « puissances » européennes lors de la violation de l’accord de compromis conclu avec le président Ianoukovitch au moment du maïdan en 2014, puis l’absence de pression de Berlin et de Paris pour forcer Kiev (et donc Washington) à respecter les accords de Minsk et enfin la soumission au diktat d’outre Atlantique visant à casser l’économie européenne tributaire du gaz russe bon marché depuis février 2022 semblent montrer que l’UE n’est aucunement une structure apte à promouvoir un impérialisme européen, allemand ou français autonome.

Cette contradiction doit aussi être étudiée de façon approfondie. De la même façon donc que la méthode marxiste-léniniste doit être employée pour analyser les bases de classe de la Chine, de la Russie, de l’Iran et d’autres pays opposés au bloc occidental, on doit l’utiliser pour analyser les bases de classes des choix plus pro-US et moins pro-US qui peuvent se manifester au sein des élites et des structures existant sur le territoire de l’Union européenne.
Car il existe évidemment ici des contradictions inter-impérialistes.

On notera encore pour les forces politiques et sociales qui nous intéressent particulièrement que le statut des partis européens a été élaboré par Tony Blair pour les domestiquer par le biais de subsides décidés à Bruxelles, c’est en particulier le cas du Parti de la gauche européenne auquel appartiennent les formations parlementaires de la « gauche radicale » française et c’est aussi le cas de la Confédération européenne des syndicats (créée en 1973) vers laquelle ont été poussées toutes les confédérations syndicales françaises.
Ce qui explique les pressions visant désormais à supprimer les principes syndicaux fondateurs du syndicalisme français de la Charte d’Amiens qui rendent chaque syndicat, union locale, union départementale, fédération professionnelle libre de ses décisions.

On doit donc s’étonner du fait qu’aujourd’hui, alors que presque partout au Sud et à l’Est on voit se développer des tendances en faveur d’une forme ou d’une autre d’industrialisation et de « démondialisation », en France et en Europe, on assiste au contraire, à la désindustrialisation et au renforcement des pouvoirs supranationaux, et c’est là où la logique de guerre propre au capitalisme permet de comprendre cette contradiction.

Guerre en Ukraine et logique de guerre mondialisée :

Tout le monde sait en fait aujourd’hui que la guerre en Ukraine n’a pas commencé en février 2022 par une attaque russe, et que l’OTAN, par son expansion continue, a tout fait pour provoquer ce conflit au moins depuis le coup de force du maïdan de 2014 à Kiev avec ses conséquences dans les régions traditionnellement rebelles vis à vis du nationalisme ukrainien.

Il faut comprendre que la Russie, quant à elle, a subi de plein fouet une tentative de colonisation et de morcellement dans les années 1990, ce qui a permis la formation en son sein, comme en Ukraine d’ailleurs, d’une couche « d’oligarques », de bourgeois compradores, liés aux centres financiers d’Occident et à leurs « paradis fiscaux » sous protection directe ou indirecte de l’OTAN.

Ce n’est donc que très progressivement qu’on a vu émerger en Russie une couche de la bourgeoisie tentée par un redémarrage de l’économie nationale et allant de ce fait à la rencontre des désirs de la masse de la population russe appauvrie et humiliée. La décision prise au Kremlin d’intervenir activement en Ukraine en février 2022 provient de cette volonté de réaffirmation nationale, ce qui présente néanmoins une grande ambiguïté car si pour la bourgeoisie nationale russe et pour les nationalistes russes il s’agit d’affirmer la puissance de l’État et de l’économie russes, cela est censé se faire dans le cadre strict d’une économie capitaliste héritée de la contre-révolution des années 1980-90, alors que pour une grande partie des masses populaires russes, en particulier des communistes, il s’agit de réaffirmer la puissance de l’État, voire de repasser au socialisme, donc en modifiant les structures de propriété héritées des années de dégénérescence nationale, économique, politique, culturelle, scientifique des années 1990.

De fait, la logique de guerre impose ce que certains en Russie comme en Ukraine n’hésitent plus à appeler une « dékoulakisation » , c’est-à-dire la confiscation des biens des parvenus qui se sont appropriés les biens publics auparavant et qui ne sont pas en état de fonctionner dans le cadre d’une économie de guerre coupée de ses bases occidentales.
Mais, si en Ukraine, la confiscation des biens des oligarques qui jouaient jusque-là un rôle clef se fait sous la supervision de l’ambassade des USA, en Russie le processus semblable aboutit au renforcement du secteur public. Ce qui ne veut pas dire que la Russie ait rompu avec le capitalisme transnational mondialisé puisque la très libérale présidente de la banque nationale russe reste inamovible malgré la guerre et l’affaiblissement de la position des capitalistes russes pro-occidentaux.

Un autre aspect intéressant de la guerre en Ukraine est le fait qui n’avait sans doute pas été prévu au Kremlin, est que dans la foulée des sanctions décidées contre la Russie, non seulement celle-ci a réorienté avec succès son commerce extérieur vers l’Asie et les pays du Sud, mais que ceux-ci ont profité de la nouvelle configuration d’affrontement entre puissances pour participer à un mouvement de « dédollarisation » .
Ce mouvement est certes encore partiel et on ne peut pas annoncer la fin du règne du dollar qui équivaudrait à l’effondrement de l’empire nord-américain, mais on assiste déjà à un processus de réorientation de l’économie et du commerce international au profit en particulier du rouble et du yuan mais aussi d’autres monnaies nationales comme la roupie ou le rial.

C’est donc bien une guerre mondiale de fait qui se déroule, même si on hésite à Washington à enclencher un processus qui mènerait à la guerre nucléaire. La guerre d’Ukraine n’est d’ailleurs que le sommet de l’iceberg guerrier, puisque c’est à une quarantaine de conflits souvent tus par les médias occidentaux auxquels nous assistons dans le monde aujourd’hui depuis la fin du monde bipolaire.
Citons quelques pays touchés par ces drames de masse, RD du Congo, Palestine, Yémen, Syrie, Colombie, Mali, Burkina Faso, Nigeria, Cameroun, Éthiopie, Philippines, Tadjikistan, Caucase, etc. sans parler des provocations, des sanctions et des blocus entrant dans une logique de guerre, visant Cuba, la Serbie, la RPD de Corée, la Chine, l’Iran, etc.

   

Messages

  • 1. Rapport sur la situation Internationale
    19 janvier 2023, 21:53 - par Gérard Jugant


    Concernant les blocus et les sanctions des USA et de leurs alliés occidentaux (UE), n’oublions pas les sanctions qui frappent la République bolivarienne du Venezuela, qui actuellement atteignent leur paroxysme. Il appartient donc aux communistes, combattants anti-impérialistes, d’être solidaires du Venezuela.

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