Ziouganov : “Il faut faire la guerre pour de bon”.

Le 28 février, avant la session plénière de la Douma d’État, le président du comité central du KPRF et chef de la faction du KPRF à la Douma d’État, Guennadi Ziouganov, s’est adressé aux journalistes.

Dans les émissions de dimanche, j’ai réécouté attentivement les points essentiels de l’allocution du Président. Vladimir Vladimirovitch s’est ensuite exprimé avec force lors du rassemblement-concert de 200 000 personnes qui s’est tenu à Loujniki.

Le Président a souligné l’idée que l’Occident exigeait la défaite géopolitique de la Russie. Il a déclaré que cela signifie la défaite du monde russe, la désintégration de l’État russe et le démembrement de notre peuple multinational. C’est absolument inacceptable à tout point de vue.

Je partage ce jugement. J’insiste pour que le gouvernement, le Conseil de sécurité, la Douma d’État et le Conseil de la Fédération réagissent tous de manière appropriée au discours du président.

Le Message contient des évaluations précises de l’opération militaire et politique, y compris les sanctions occidentales, qui sont déjà au nombre de 15 000. Nous avons déjà compté pas moins de 7 500 personnes morales et physiques sanctionnées. Il n’y a jamais rien eu de tel dans l’histoire des autres pays. Mais cela ne nous a pas empêché de tenir bon.

Nous devons bien comprendre que maintenant une offensive de printemps se prépare. Si ceux qui sont chargés de prendre des mesures urgentes se comportent encore à la légère, je crains qu’un autre échec ne nous frappe.

En tant que militaire, il est de mon devoir d’avertir que je n’observe pas une préparation adéquate dans un certain nombre d’unités (y compris les unités industrielles).

Notre équipe a voyagé de Koursk à Kherson. Nos dirigeants ont visité tous les grands sites en cours de reconstruction là-bas. Nous faisons tout pour soutenir les combattants qui servent fidèlement leur pays et défendent le monde russe sur la ligne de front.

Nous y avons envoyé un 105e convoi humanitaire. Nous avons envoyé tout ce dont nous ils besoin. 17 000 tonnes. Et chaque jour, nous recevons et aidons les enfants qui viennent de là-bas. Maintenant ils apprennent le vrai patriotisme et l’internationalisme. Ils avaient reçu un enseignement utilisant les manuels de Soros. Soros avait préparé deux millions de manuels qui, dès la deuxième année d’école primaire, inculquaient la haine envers le monde russe, envers nous en tant que nation, notre État et notre histoire soviétique. C’est inacceptable. Tous les ministères doivent intensifier leurs efforts.

J’en appelle au Ministère de la Défense. Au ministre Shoigu. Au chef d’état-major général. Faites une évaluation réaliste de ce qui se passe là-bas ! Je ne comprends pas pourquoi des obus sont amenés sur la ligne de combat par convois, de l’Ouest vers l’Ukraine. Pourquoi les canaux permettant à ces munitions d’atteindre la ligne de front ne sont-ils pas coupés ? Pourquoi n’agissent-ils pas alors que toutes les lignes rouges ont été franchies par notre adversaire géopolitique depuis longtemps ?

Ils ont même fait sauter le pont de Crimée, nous le réparons depuis six mois. Mais les routes utilisées pour acheminer des armes et des chars vers l’Ukraine fonctionnent toujours.

Pourquoi tout le système de propagande qui travaille contre nos troupes et contre la population de l’Ukraine fonctionne-t-il encore ? Pourquoi les capacités à communiquer la vérité à la population ukrainienne ne sont-elles pas renforcées ? La population ukrainienne ne comprend pas pleinement qu’elle a été faite prisonnière.
Les nazis et les banderistes, dirigés par les Américains et la CIA, utilisent les AFU comme une armée de mercenaires, qui sont utilisés contre notre pays.

Je considère qu’il faut faire la guerre pour de bon.

Nous venons de célébrer le 23 février. Lénine a accompli le Grand Octobre. Deux mois plus tard, il était déjà confronté au fait que les banquiers de Londres, Paris et New York s’étaient réunis pour condamner le pays soviétique et le diviser en sphères d’influence. Lénine n’avait pas d’armée à l’époque. Il s’est adressé à tout le pays avec le slogan :
“La patrie socialiste est en danger !”.

Le résultat fut la formation d’une armée de quatre millions de personnes. Environ 86 000 officiers tsaristes ont servi dans l’armée des ouvriers et des paysans. Des commissaires étaient attachés aux officiers. Ils ont accompli leur travail de manière impeccable. C’est pourquoi nous avons vaincu les interventionnistes de 14 pays. Nous avons expulsé les interventionnistes de tous les ports : les Britanniques, les Américains, les Japonais, les Français et tous les autres.
Puis nous avons commencé à construire la grande puissance soviétique.

Mais dès le premier jour, les banquiers et leurs serviteurs nous ont déclaré la guerre. Et cette guerre n’a pas cessé un seul jour. Moins de six mois après mai 1945, Churchill à Fulton nous a déclaré une nouvelle guerre. En développant des armes nucléaires, ils ont préparé un plan pour une guerre éclair contre l’URSS. La guerre froide s’est depuis longtemps transformée en guerre chaude. Maintenant, nous nous battons même au corps à corps.

Grâce à l’ère soviétique, grâce à la mobilisation totale de la science et de l’éducation, grâce au travail de génie et aux efforts du généralissime Staline et de l’académicien Kourtchatov, nous avons éliminé le fossé technologique entre les États-Unis et l’URSS.
Kourtchatov est décédé à l’âge de 57 ans. Il n’a pas pris un seul jour de congé pendant six ans. Il a reçu le prix Lénine, quatre prix Staline, Kourtchatov a été trois fois Héros de l’Union soviétique. Il est enterré sur la Place Rouge, à côté de Korolev. Ces génies ont assuré notre sécurité.
Et nous n’avons toujours aucune garantie que la cinquième colonne ne viendra pas à nouveau sur la Place Rouge pour recouvrir le Mausolée de Lénine de contreplaqué.

La Cinquième Colonne semblait avoir rentré sa queue et ses oreilles au début de la SVO, mais maintenant elle s’enhardit.
J’allume “Soloviov Life”. Et qu’est-ce que j’entends ? Les militaires et les experts sont indignés. Pourquoi sont-ils indignés ? J’ouvre Nezavisimaya Gazeta avec un éditorial de Konstantin Remchukov. Il raye d’un trait de plume tout le message du Président et parle comme un Américain.
Dites-moi, comment est-ce possible dans des conditions de guerre ?

Si nous voulons faire du commerce et négocier, c’est une chose, mais si nous voulons défendre le monde russe, nous devons comprendre que nous ne pouvons nous permettre d’être vaincus. C’est ce que chacun doit comprendre, quel que soit le parti auquel il appartient. On nous a déclaré une guerre d’anéantissement. Les complexes militaro-industriels de 40 États ont été assujettis à cette fin, ils ont fait plier toute l’Europe et ont formé leurs rangs.

Je veux aussi parler de nos services de renseignements.
On nous a fait sauter trois oléoducs principaux. Vous savez maintenant qui les a fait sauter. Ils l’ont écrit eux-mêmes. Biden a officiellement annoncé que ce flux ne fonctionnera plus. On sait que les Norvégiens ont appuyé sur le dernier bouton. Alors il y a un pipeline norvégien vers la Pologne à côté.
Pourquoi fonctionne-t-il encore ?

J’ai moi-même servi dans l’armée trois fois. Je sais ce qu’est la guerre. Je sais ce que sont les services de renseignements et les services spéciaux. Pourquoi, après avoir écouté le discours du Président, n’a-t-on pas fait ce qu’il fallait pour le front et pour notre victoire ?

Le Président a brillamment déclaré que le système de Bologne devait être supprimé. Le système de Bologne et l’EGE [examen de fin d’études par QCM, NdT] détruisent tout ce qui est lié à l’éducation patriotique, à notre histoire, à notre culture. Invitons donc le ministre de l’éducation à la Douma d’État. Écoutons-le, qu’a-t-il l’intention de faire ensuite ?

Pourquoi n’y a-t-il toujours pas d’information politique dans les établissements d’enseignement supérieur ?

Il est nécessaire de soutenir ceux qui se battent là-bas. Et cela nécessite une autre politique d’information. Cela nécessite une mobilisation de toutes les forces et de toutes les ressources.

Nous devons nous réunir pour un conseil et découvrir sur quelle base 261 milliards de dollars ont été sortis du pays l’année dernière ?
Allons au fond des choses pour savoir qui a sorti cet argent du pays ?
Pourquoi notre oligarchie ne veut-elle pas aider le pays ?

Belousov a convoqué le conseil. J’ai regardé le procès-verbal par la suite. Les gros bonnets étaient réunis. Ils ont 81 trillions sur leurs comptes. Ils ne paient même pas d’impôts normaux, et ils n’ont pas donné 250 milliards pour combler le trou dans le budget. Les ‘enfants de la guerre’ [qui ont vécu la guerre étant enfants, NdT] attendent toujours et meurent de faim. Le pays est dans sa neuvième année de pauvreté.
Comment veulent-ils parvenir à la cohésion ?

Nous devrions demander à Mishustin. Qu’il mette sur la table de cette oligarchie un rapport, qui a été distribué à Davos. Les banquiers américains et occidentaux ont officiellement proposé d’augmenter les impôts de 50 % supplémentaires dans le contexte actuel. Ils ne payent nulle part moins de 30%. Pourquoi notre oligarchie ne réagit-elle pas d’une quelconque manière ?
Elle s’est faite dépouiller là-bas, et ici elle sera dépouillée jusqu’à l’os. C’est pourquoi la tâche est la cohésion maximale. Mais l’unité est possible sur la base d’une bonne idée.
Les idées de patriotisme et de sauvetage de notre État sont de grandes idées.

Les Chinois nous ont donné une épaule sur laquelle nous pouvons nous appuyer en ces temps difficiles. Wang Yi a rencontré les Allemands, les Français, les Italiens et même le ministre ukrainien. Puis il est venu nous voir. Il a informé Patrushev et Lavrov en détail. Et il a rencontré notre président. Maintenant, Xi Jinping va venir nous voir afin d’élaborer une bonne politique.

Ces 12 points que les Chinois ont formulés en vue d’une résolution pacifique du conflit nécessitent une discussion approfondie, un examen minutieux et un soutien. Mais toutes les capitales du monde doivent comprendre. Et en Asie, et en Afrique, et en Amérique latine. Les Américains veulent poursuivre leur domination coloniale, ils veulent tordre les cerveaux et les bras de tout le monde.

Vous n’étiez pas heureux du colonialisme passé ! Le nouveau colonialisme que les États-Unis sont en train de construire sera pire que les camps de concentration d’Hitler. Pire dans son contenu et sa nature.

Alors unissons-nous, unissons-nous, arrêtons le nazisme qui se prépare. D’ailleurs, ce sont eux aussi qui ont nourri Hitler. Et après ça, le bacille brun s’est répandu dans toute l’Europe. Et ensuite ils ont commencé la guerre.

Et maintenant, c’est le moment de vérité, qui exige une mobilisation maximale de toutes les forces et ressources. Nous avons proposé un programme de développement, un budget de développement de 45 000 milliards, trois véritables programmes. Maintenant, tous les ministres viennent et font des discours à la Douma d’État. Nous insistons pour que Mishustin fasse son rapport le plus tôt possible.
Hier il a été convenu que ce serait le 23 mars.

Nous ferons tout pour que notre programme soit sur la table de tous les ministres. Mais pour répondre au message du Président, qui exige une mobilisation maximale des citoyens, il faut en plus une cohésion interne et une volonté politique.
Personne n’a jamais gagné sans courage et sans volonté politique.