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L’impérialisme anglo-saxon, l’OTAN et le fascisme ou Les deux faces d’une même médaille

vendredi 10 mars 2023 par Ángeles MAESTRO

Certains lecteurs pourront peut-être trouver de prime abord que cet article est trop engagé pour pouvoir être considéré comme scientifique. Mais nous considérons qu’il s’appuie sur des sources sérieuses et des travaux effectués selon les règles de la science.
On peut aussi trouver maladroit l’usage de termes peu précisés comme « fascisme » ou « nazi » pour caractériser des mouvements ou des gouvernements n’entrant pas directement et formellement dans le cadre conceptuel de ce qu’on a appelé « fascisme » dans les années trente, en Italie, en Allemagne, en URSS et dans le monde.
Mais force est de reconnaître aujourd’hui que, concrètement, contrairement à ce à quoi nous avait habitué l’usage de ces termes dans un « à peu près » conceptuel généralisé dans la foulée de la grande kermesse de 1968 dans les pays occidentaux (« CRS=SS »), la situation aujourd’hui a radicalement changé. Nous avons affaire aujourd’hui dans différents pays, en particulier à partir de l’Ukraine, à la renaissance de groupes, de mouvements ou de mouvances n’hésitant plus à se référer ouvertement à l’héritage du fascisme ou du nazisme des années trente.
Même si dans aucun État, ces mouvances n’exercent un pouvoir exclusif et encore moins total. Ces raisons expliquent pourquoi nous avons trouvé utile de reprendre cet article traduit de l’espagnol car il remet les choses qui se passent aujourd’hui dans la continuité bien réelle des processus de développement et de crises récurrentes du capitalisme depuis 1930 jusqu’à nos jours.
Processus qui tendent à généraliser, par le biais d’un anticommunisme systématique, la stigmatisation de toute perspective révolutionnaire et empêcher l’émergence dans le monde de contrepouvoirs, quel qu’ils soient, face à l’hégémonie du capital anglo-américain et de ses supplétifs en Allemagne, en Europe et au Japon.

La Rédaction du Blog La Pensée Libre

I - L’objectif central du blanchiment de l’OTAN : assimiler le fascisme au communisme.

L’une des réalisations les plus importantes de l’offensive idéologique menée par l’impérialisme après la Seconde Guerre mondiale est d’avoir réussi à installer dans l’imaginaire collectif l’idée que le nazisme avait été liquidé avec le Troisième Reich, et que les États-Unis et la Grande-Bretagne, en tant que puissances victorieuses du Reich, n’avaient rien à voir avec le fascisme.
Son appareil de propagande, de cooptation et de corruption des intellectuels - magistralement caractérisé par Frances Stonor Saunders (The Cultural Cold War : The CIA and the World of Arts and Letters) - a renforcé la persécution sauvage des artistes et des écrivains lors de l’ère Mc Carthy et l’ostracisme de ceux qui ne se soumettaient pas à ses desseins.

L’impérialisme anglo-saxon - suivi de près par ses élèves avancés d’Europe occidentale et ses dictateurs, « ses fils de putes » (NDLR. désignés comme tels par le président Roosevelt), de tout acabit imposés manu militari par « l’Occident » lors de centaines de coups d’État dans de nombreux pays - a réussi, au moyen de l’anticommunisme le plus féroce, à imposer trois objectifs liés entre eux : délégétimer l’URSS, effacer son rôle décisif et celui de la résistance antifasciste dans la victoire contre le nazisme, et faire apparaître les États-Unis comme la puissance qui a sauvé l’Europe du fascisme.

De là à la récente résolution du Parlement européen assimilant fascisme et communisme, il n’y avait qu’un pas. La résolution adoptée le 19 septembre 2019, alors que les tambours de la guerre de l’OTAN contre la Russie battaient son plein, utilise le fascisme comme prétexte, afin de forcer résolument la note contre le communisme.
Mot pour mot : « Si les crimes du régime nazi ont été évalués et punis grâce aux procès de Nuremberg, il demeure urgent de faire connaître les crimes perpétrés par le stalinisme et d’autres dictatures [rien n’est dit d’autres dictatures fascistes], de les évaluer moralement et juridiquement, et de mener des enquêtes judiciaires à leur sujet ».

On « exprime également sa profonde inquiétude face aux efforts déployés par les dirigeants russes actuels pour déformer les faits historiques et dissimuler les crimes perpétrés par le régime totalitaire soviétique, efforts qui constituent un élément dangereux de la guerre de l’information menée contre l’Europe démocratique dans le but de la diviser, et invite donc la Commission à les combattre fermement ».
Cette résolution ignore des faits aussi incontestables que l’URSS a perdu plus de 27 millions d’habitants, soit plus de 10 % de sa population de l’époque, dans la lutte contre l’agression nazie ou que c’est ce même État qui a anéanti à lui seul, plus de 70 % de la machine de guerre d’Hitler.

L’une des bases de la résolution du Parlement européen est la signature du pacte Molotov-Ribbentrop en août 1939, signé entre l’URSS et l’Allemagne nazie, présenté comme le précédent immédiat au début de la Seconde Guerre mondiale. Cette affirmation s’écroule cependant si l’on tient compte des nombreux pactes antérieurs souscrits par les puissances européennes avec l’Allemagne nazie tels que ceux que l’académicien australien Tim Anderson a rassemblés dans son article "L’histoire fasciste de l’OTAN" et que je reproduis ci-après :

- Concordat avec le Vatican. Reconnaissance mutuelle et non-ingérence

https://www.concordatwatch.eu/reichskonkordat-1933-full-text—k1211

- 1933, le 25 août. Accord de Haavara avec l’organisations des juifs allemands sionistes pour transférer des capitaux et des personnes en Palestine.https://www.jewishvirtuallibrary.org/haavara

- 1934, 26 janvier. Pacte de non-agression germano-polonais pour s’assurer que la Pologne ne signe pas d’alliance militaire avec la France. https://avalon.law.yale.edu/wwii/blbk01.asp

- 1935, 18 juin. Accord naval anglo-allemand par lequel la Grande-Bretagne accepte que l’Allemagne augmente sa flotte jusqu’à 35 % de la taille de la flotte britannique. https://carolynyeager.net/anglo-german-naval-agreement-june-18-1935

- 1936, juillet. L’Allemagne nazie aide les franquistes en Espagne. Hitler envoie des unités aériennes et blindées pour aider le général Franco. https://spartacuseducational.com/SPgermany.htm

- Accord sur l’axe Rome-Berlin. Alliance fasciste et anticommuniste entre l’Italie et l’Allemagne. https://www.globalsecurity.org/military/world/int/axis.htm

- 1936, octobre-novembre. Pacte antikomintern. Traité anticommuniste initié par l’Allemagne nazie et le Japon en 1936 et qui a plus tard attiré 9 États européens : Italie, Hongrie, Espagne, Bulgarie, Croatie, Danemark, Finlande, Roumanie et Slovaquie.

- 1938, 30 septembre. Pacte de Munich. La Grande-Bretagne, la France et l’Italie cèdent aux prétentions allemandes sur les Sudètes (Tchécoslovaquie). https://www.britannica.com/event/Munich-Agreement

- 1939, le 22 mai. Pacte d’acier. Il consolide l’accord italo-allemand de 1936. https://ww2db.com/battle_spec.php?battle_id=228

- 1939, 7 juin. Pacte de non-agression germano-latin. Il stabilise les relations pacifiques avec l’Allemagne nazie. https://www.jstor.org/stable/43211534

- 1939, le 24 juillet. Pacte de non-agression entre l’Allemagne et l’Estonie. Il stabiliser les relations pacifiques avec l’Allemagne nazie. https://www.jstor.org/stable/43211534

- 1939, le 23 août Pacte de non-agression de l’URSS (Molotov-Ribbentrop). Il stabilise les relations pacifiques avec l’Allemagne nazie, le protocole définit les sphères d’influence. https://universalium.en-academic.com/239707/German-Soviet_Nonaggression_Pact

A cela on peut ajouter le Pacte de Non-intervention promu par la France et le Royaume-Uni, auquel ont adhéré 27 États européens, en vertu duquel il était convenu d’interdire toute aide au gouvernement légitime de la République espagnole, menacée par un coup d’État fasciste, soutenu résolument par toutes sortes d’aide, d’armement et d’intervention militaire directe des régimes fascistes d’Italie, d’Allemagne et du Portugal.
Il était notamment établi dans ce pacte le principe visant à : « s’abstenir rigoureusement de toute ingérence, directe ou indirecte, dans les affaires intérieures de ce pays », tout en interdisant « l’exportation... la réexportation et le transit vers l’Espagne, les possessions espagnoles ou la zone espagnole du Maroc, de tout type d’armes, de munitions et de matériel de guerre ».
Alors que les peuples de l’État espagnol se vidaient de leur sang à cause du manque d’armes, les frontières terrestres et maritimes du pays ont été scellées et le soutien militaire de l’URSS, seul pays qui lui offrait une aide militaire, a eu de grandes difficultés à arriver.

Ce pacte infâme a contribué de manière décisive à la victoire du régime franquiste et à l’anéantissement de la République espagnole. Peu après la fin de la guerre civile, en 1939, la France et l’Allemagne reconnurent d’ailleurs la dictature du général Franco. En 1953, le Vatican et les États-Unis ont fait de même, donnant lieu à l’établissement de bases militaires de ce dernier pays en Espagne.

(NDLR. Rajoutons à tout cela les décisions de la conférence militaire britannico-française d’Abbeville du 12 septembre 1939 qui permit à Londres de pousser Paris à renoncer à toute attaque sur le terrain ou aérienne visant le 3e Reich alors que ses troupes étaient déjà engagées sur le sol allemand et que le front ouest était, de l’avis même du général Jodl lors du procès de Nuremberg, totalement dégarni par la Wehrmacht car Berlin savait déjà que les Occidentaux n’interviendraient pas concrètement pour soutenir la Pologne dans le but de laisser à Hitler les mains libres à l’Est. Décision qui peut aussi contribuer à expliquer la réaction de l’URSS du 17 septembre 1939 quand ses dirigeants décidèrent d’élargir leur périmètre de défense stratégique en occupant les territoires orientaux de l’Etat polonais alors en phase d’effondrement et d’isolement diplomatique total. Voir : Bruno Drweski, “L’engrenage de la désillusion : l’alliance franco-polonaise au moment de l’heure de vérité”, in “La Pologne dans la Deuxième Guerre mondiale – archives, témoignages, oublis…”, Revue des études slaves, tome LXXV (2004), fascicule 2,pp. 257-270).

Rien de tout cela n’a été repris dans la résolution du Parlement européen qui restera dans l’histoire comme un exemple flagrant de manipulation au service d’une connivence mal dissimulée avec le fascisme, comme nous le verrons ci-dessous et dont l’expression la plus claire est le soutien manifeste de l’UE au régime nazi (NDLR fascisant) de l’Ukraine.
Je n’entrerai pas dans l’analyse des récits sur la "distorsion des faits historiques" concernant l’époque de Staline, démontrée magistralement, entre autres, par Jean Salem et Domenico Losurdo, ni de l’annihilation du droit à l’information par l’ « Europe démocratique » qui a bloqué l’accès aux médias russes et censuré les publications contredisant le discours impérialiste.
À cet égard, il convient de noter que ce sont les mêmes mécanismes de censure et de dénigrement que ceux mis en place contre ceux qui ont contredit la version « officielle » de la pandémie Covid sont utilisés.

L’objectif de cet article est donc de montrer la continuité historique existant entre l’impérialisme anglo-saxon, avec l’UE comme laquais obéissant, et le fascisme, depuis le lendemain de la Seconde Guerre mondiale, ce qui se reproduit maintenant dans toute sa splendeur en Ukraine.

1- La collaboration directe des entreprises américaines avec l’Allemagne fasciste.

Malgré l’entrée en guerre des États-Unis contre l’Allemagne en décembre 1941 après l’attaque de Pearl Harbor, les grandes compagnies pétrolières américaines, notamment la Standard Oil Company propriété de la famille Rockefeller, avaient fourni à l’Etat nazi d’énormes quantités de pétrole, sans lesquelles il lui aurait été impossible d’attaquer l’URSS. En effet, l’importation allemande de produits pétroliers en provenance des États-Unis est passée de 44 % en juillet 1941 (l’opération Barbarossa contre l’URSS a commencé en juin 1941) à pas moins de 94 % en septembre de la même année.

La collaboration entre le régime nazi et la multinationale américaine IBM a commencé dès l’arrivée au pouvoir d’Hitler en 1933, et s’est poursuivie jusqu’en mai 1945 et elle a fourni la base technologique indispensable pour mener à bien le génocide nazi. IBM a facilité la production et la tabulation de cartes perforées à partir des données du recensement national de 1933 ce qui a permis l’identification et la répression massive des militants politiques et syndicaux et des minorités ethniques, en particulier la minorité juive.

Dès 1933, 60 000 personnes furent ainsi identifiées et emprisonnées. De même, ces techniques ont été appliquées plus tard à la logistique militaire, à la gestion des ghettos et des camps, etc. Au fur et à mesure que la machine de guerre nazie occupait les nations successives d’Europe, la capitulation était suivie d’un recensement de la population de chaque nation subjuguée, en vue de son identification et de sa répression, en collaboration avec les filiales d’IBM en Allemagne et en Pologne d’IBM. L’Allemagne nazie est rapidement devenue le deuxième client le plus important d’IBM après le lucratif marché américain.

Ces deux exemples significatifs auxquels s’ajoutent les plus grandes entreprises américaines comme Coca-Cola, Ford, General Motors et d’autres, montrent le haut degré de collaboration économique des États-Unis avec le fascisme. De même, ces antécédents contribuent à expliquer comment – à l’égal de ce qui s’est produit pendant la Commune de Paris ou lors de l’attaque de toutes les nations en conflit dans la Première Guerre mondiale - les intérêts de la bourgeoisie unifient les ennemis de guerre contre les révolutions ouvrières.

II - Combattre « le mauvais ennemi ». L’Opération Impensable.

Le général Patton qui commandait la Troisième Armée des États-Unis, était un ferme partisan de la poursuite de la Seconde Guerre mondiale par l’attaque de l’URSS. Il a déclaré peu avant l’entrée de l’Armée rouge à Berlin :

  • « Nous avons peut-être toujours combattu le mauvais ennemi. Mais tant qu’on y est, on devrait poursuivre ces bâtards maintenant, parce qu’on va devoir les combattre. Je dirai ceci : la Troisième Armée seule, avec très peu d’aide et très peu de pertes, pourrait anéantir ce qui reste des Russes en six semaines. Souvenez-vous de mes paroles. Ne les oubliez jamais”.

Patton a été démis de ses fonctions, mais sa proposition avait déjà trouvé refuge dans d’autres esprits. Le Premier ministre britannique Winston Churchill, considéré par la propagande officielle comme l’un des héros de la victoire contre le fascisme, a donné l’ordre à l’état-major de Planification de la Guerre du Royaume-Uni de concevoir dans le plus grand secret « l’Opération Impensable » pour attaquer l’URSS immédiatement après la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Ce plan prévoyait d’envahir l’Union soviétique et de détruire totalement ses principales villes et ses installations industrielles en les bombardant avec des armes nucléaires. L’Opération devait être menée le 1er juillet 1945, avant que les plus grands contingents de troupes américaines ne se retirent d’Europe, et il prévoyait une attaque surprise, de Hambourg à Trieste. L’offensive devait être menée par les 64 divisions américaines stationnées en Europe, 35 divisions britanniques, 4 polonaises et 10 divisions allemandes. Ces divisions allemandes étaient maintenues à ce moment là par les « Alliés » dans le Schleswig-Holstein et le sud du Danemark, et elles étaient entraînées quotidiennement par des instructeurs britanniques pour être préparées pour la guerre contre l’URSS.

Cette opération a finalement été rejetée face à la supériorité de l’Armée rouge, qui disposait de 264 divisions en Europe, et de sa force blindée, avec des unités deux fois plus nombreuses et de meilleure qualité. La puissance aérienne soviétique était également écrasante : les Anglo-américains et leurs alliés disposaient de 6 714 chasseurs et 2 464 bombardiers contre respectivement 9 380 et 3 380 du côté soviétique.

À cet égard, il est essentiel de noter que les services secrets soviétiques qui opéraient à Londres, ont accédé à tous les plans de l’Opération Impensable. Le 18 mai 1945, le haut commandement politique et militaire de l’URSS reçut une information révélant les intentions des chefs de la Wehrmacht et de l’Allemagne nazie, ainsi que des alliés de la coalition « anti-hitlérienne ». On y rendait compte des négociations secrètes menées en Suisse par Allen Dulles, du Bureau des services stratégiques des États-Unis (renseignement militaire et politique), avec le général SS Karl Wolff.

Outre l’infériorité militaire anglo-saxonne, le moral de leurs troupes, lasses de la guerre et conscientes des crimes nazis, rendait extrêmement risqué de les convaincre qu’elles avaient combattu « le mauvais ennemi ».
A tout cela, il faut ajouter l’importance de la résistance antifasciste qui luttait dans la plupart des pays européens, et l’énorme prestige de l’URSS auprès de la classe ouvrière de ces pays. Ces faits ont d’ailleurs été déterminants pour la victoire inattendue et écrasante du Parti travailliste britannique aux élections générales du 5 juillet 1945.
Cependant, Churchill ne lâchait pas pour autant prise. L’historien américain Thomas Mayer, dans son livre When Lions Roar a révélé un document déclassifié du FBI selon lequel Churchill, en 1947, tenta de convaincre Truman, par l’intermédiaire du sénateur Styles Bridges, de lancer une bombe atomique sur le Kremlin et de détruire Moscou. De cette façon, « Il serait très facile de gérer l’équilibre de la Russie, qui n’aurait pas de direction ».

Les plans de l’Opération Impensable se préparaient alors même que le Kremlin recevait des félicitations publiques de Churchill pour « la brillante victoire que l’Armée Rouge et les peuples de l’URSS avaient remportée en expulsant les envahisseurs de leur terre et en vainquant la tyrannie nazie » tout en déclarant que « l’avenir de l’humanité dépend de l’amitié et de la compréhension entre les peuples britannique et russe ».

L’attaque contre l’URSS n’a donc pas eu lieu tout simplement parce que le rapport des forces, militaire et politique, ne l’a pas permis. C’était dû, entre autres, à l’occupation de Berlin par l’Armée rouge et parce que les États-Unis avaient besoin de l’URSS pour mener à bien la guerre contre le Japon, ce qu’il ne faut pas oublier.
Mais immédiatement après la fin de la Conférence de Yalta au cours de laquelle il avait été convenu de respecter les zones d’intervention de chaque puissance, l’aviation anglo-saxonne, en violation flagrante de ses stipulations, rasait Dresde et les ponts sur l’Elbe pour bloquer l’avancée de l’URSS, comme elle l’avait fait pour la zone industrielle de Slovaquie - qui devait rester sous influence soviétique -, pour la ville roumaine de Ploești et ses champs de pétrole, alors que l’Armée rouge était à ses portes, et pour Postdam et Oranienburg, où les Allemands travaillaient déjà sur des gisements d’uranium.

Les bombes nucléaires larguées par les États-Unis sur les villes d’Hiroshima et de Nagasaki, probablement l’un des plus grands crimes contre l’humanité de l’histoire absolument impuni, devaient montrer au monde, et en particulier à l’URSS, qu’aucune considération morale n’arrêterait l’impérialisme anglo-saxon. Cet acte criminel mit fin à la Seconde Guerre mondiale.
À partir de ce moment-là, les objectifs de domination des Etats-Unis allaient se développer essentiellement à travers l’OTAN.

1-Les crimes de guerre nazie et le Code de Nuremberg

En 1946, lors des procès de Nuremberg, le monde a appris avec horreur les atrocités commises par les nazis dans les camps de travail d’esclaves et d’extermination, ainsi que les crimes contre la santé publique commis par les médecins allemands - la moitié d’entre eux affiliés au parti nazi - pour mener des expériences de différents types. Ces expériences, qui ont montré le plus grand mépris pour la vie et la dignité des personnes, n’ont pas apporté de progrès à la science médicale en général, bien que, selon le psychiatre américain Teo Alexander - l’un des créateurs du Code de Nuremberg, - a apporté des innovations significatives dans la science du meurtre.

Cette horreur et la prise de conscience que de telles monstruosités étaient possibles et pouvaient se répéter, ont conduit à l’élaboration du Code de Nuremberg, le premier code international d’éthique pour la recherche sur les êtres humains, publié le 19 août 1947 sous le précepte hippocratique Primum non nocere, c’est-à-dire « en premier, ne pas faire de mal ».

Parmi ses dix points, il convient de souligner : le consentement éclairé indispensable de la personne soumise à l’expérience, l’absence de contrainte, la condition préalable de l’expérimentation animale, la possibilité de l’interrompre à tout moment si des effets indésirables sont observés et si leurs résultats sont bénéfiques pour les personnes concernées.
Chacun de ces principes a été, et est encore aujourd’hui, absolument violé avec la vaccination massive contre le Covid qui entraîne des dizaines de milliers de décès et des millions d’effets indésirables graves chez des personnes en bonne santé dans le monde entier.

2- La cooptation de scientifiques nazis par les États-Unis, l’OTAN et les laboratoires d’armes biologiques.

Avant la fin de la Seconde Guerre mondiale et en pleine bataille de Berlin, Allen Welsh Dulles, qui travaillait pour l’Office of Strategic Services (OSS) américain, prédécesseur de la CIA, et son premier directeur civil, a mis au point l’opération Paperclip.
Cette opération secrète a débuté en 1943 et visait à recruter des scientifiques et des militaires nazis, experts en armes biologiques et chimiques, pour les amener aux États-Unis en couvrant leurs crimes. 1 600 scientifiques nazis ont été recrutés secrètement pour produire des armes pour les États-Unis « à un rythme fébrile et paranoïaque ».
Nombre d’entre eux, membres du parti nazi, officiers SS et criminels de guerre, avaient participé directement à des expériences médicales qui avaient entraîné la mort de milliers de prisonniers dans les camps de Dachau et de Ravensbrük et avaient été jugés à Nuremberg par eux, mais les États-Unis ont obtenu leur acquittement. Les États-Unis les considéraient comme vitaux pour leur sécurité nationale.

L’existence aujourd’hui de plus de 400 laboratoires d’armes biologiques aux États-Unis, en violation de la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la production et du stockage d’armes bactériologiques (biologiques) et à toxines, indique une poursuite inquiétante des expériences nazies condamnées à Nuremberg.
En avril 2022, le scientifique américain Francis Boyle, rédacteur de la loi promulguée par le Congrès de son pays pour se conformer à la Convention de 1972 sur les armes biologiques, a déclaré : « Le programme d’armes biologiques des États-Unis, évalué à 100 milliards de dollars, est une "entreprise criminelle » qui emploie des dizaines de milliers de « ‘scientifiques de la mort’ en Ukraine et dans d’autres pays ».

Mais il ne s’agit pas que de simples projets. Les États-Unis ont mené des attaques aux armes chimiques et biologiques en Corée et au Vietnam. De même, en 1981, les armes biologiques américaines ont provoqué une épidémie de dengue hémorragique à Cuba.
Le ministère russe de la Défense a dénoncé la réalisation d’expériences sur des patients psychiatriques ukrainiens dans la ville de Kharkov. D’autres pays de l’OTAN, tels que l’Allemagne et la Pologne, ont également participé à ces expériences, développées par le laboratoire américain d’armes biologiques, ainsi que des « entreprises pharmaceutiques comme Pfizer, Moderna, Merk et la société Gilead, affiliée à l’armée américaine, pour tester de nouveaux médicaments en contournant les normes de sécurité internationales ».

3-L’organisation Gehlen

En avril 1946, l’organisation Gehlen a été formée par les forces alliées dans la région de l’Allemagne occupée par les États-Unis, sur la base des réseaux des services secrets nazis en Europe orientale. Elle était dirigée par le général nazi Reinhard Gehlen. En mars 1945, sachant que la fin du IIIe Reich était proche, Gehlen et un petit groupe d’officiers ont microfilmé les archives du Fremde Heere Ost sur l’URSS et les ont mis dans des récipients hermétiques. Les récipients ont été enterrés en plusieurs endroits dans les Alpes autrichiennes. Le 22 mai 1945, Gehlen se rendait au Corps américain de contre-espionnage (CIC) en Bavière et lui remettait ses archives.

L’Organisation Gehlen est à l’origine du Réseau Stay Behind, que nous analyserons plus loin, et qui, créé et dirigé par l’OTAN, a entraîné derrière lui des services secrets militaires et des organisations fascistes de différents pays européens, comme le Réseau Gladio. De même, l’organisation Gehlen fut le précurseur de l’actuel Service de Renseignement Fédéral (BND) du gouvernement allemand, dont Gehlen fut le premier dirigeant.

4-La Conférence de Yalta, la RFA à l’OTAN et de hauts responsables nazis dans l’armée allemande et dans l’OTAN.

La Conférence de Yalta tenue en 1945 avec la participation des plus grands dirigeants de l’URSS, de la Grande-Bretagne et des États-Unis a convenu en ce qui concerne l’Allemagne, son désarmement, sa démilitarisation et son partage entre les puissances victorieuses.
L’OTAN a été créée ensuite en 1949, et en 1955, en violation flagrante des accords de Yalta, la RFA entrait dans l’OTAN. En réponse, fut créé le Pacte de Varsovie. En 1951, on construisit en RFA la base de Ramstein, la plus grande base militaire américaine en Europe. Le réarmement de la RFA se déroulait sous la direction des États-Unis et avec la participation de hauts chefs militaires nazis, tant dans la nouvelle armée allemande que dans la direction de l’OTAN en Europe.

Outre Reinhard Gehlen, la liste des dirigeants nazis dans les hautes fonctions militaires occidentales est longue selon les informations recueillies et documentées par Beatriz Talegón dans Diario 16 :

Le colonel de la Wehrmacht pendant le Troisième Reich, Albert Schnez, devint chef d’état-major sous le gouvernement du social-démocrate Willy Brandt. Selon des informations déclassifiées en 2014, il aurait organisé une armée secrète de vétérans de la Seconde Guerre mondiale (quarante mille hommes) prêts à défendre l’Allemagne d’une supposée et éventuelle invasion soviétique.

Adolf Heusinger, général et chef des opérations de l’armée nazie, devint ensuite agent de la CIA, général de l’armée de la RFA et présida le comité militaire de l’OTAN jusqu’en 1964.

Hans Speidel, lieutenant général nazi et chef d’état-major de l’un des plus éminents maréchaux Erwin Rommel, rejoignit l’armée allemande d’Adenauer en tant que conseiller et supervisa l’intégration des troupes allemandes dans l’OTAN. Il a ensuite été nommé commandant suprême des forces terrestres alliées de l’OTAN en Europe centrale de 1957 à 1963.

Johannes Steinhoff, célèbre pilote de l’aviation militaire nazie, devint chef d’état-major et commandant des forces aériennes alliées d’Europe centrale de 1965 à 1966, puis chef d’état-major de la Luftwaffe de la Bundeswehr de 1966 à 1970, et enfin président du Comité militaire de l’OTAN de 1971 à 1974.

Johann von Kielmansegg, colonel du haut commandement de l’armée nazie, a été promu général de l’armée allemande et nommé commandant en chef des forces spéciales de l’OTAN en Europe centrale en 1967.

Ernst Ferber, lieutenant-colonel à l’état-major de la Wehrmacht et titulaire de la Croix de fer, a été commandant en chef des forces alliées de l’OTAN en Europe centrale de 1973 à 1975

Karl Schnell, major et premier officier de l’état-major général de l’armée nazie, également titulaire de la Croix de fer, a remplacé le général Ferber au poste de commandant en chef des forces alliées de l’OTAN en Europe centrale de 1975 à 1977.

Franz Joseph Schulze, officier supérieur de l’armée de l’air nazie et récipiendaire de la Croix de fer, devint général de la RFA puis commandant en chef des forces alliées de l’OTAN en Europe centrale de 1977 à 1979.

Ferdinand von Senger und Etterlin, officier nazi de premier plan, a participé à l’invasion de l’URSS (opération Barbarossa) et à la bataille de Stalingrad et a été décoré de la Croix d’or. Il est devenu général et commandant en chef des forces alliées d’Europe centrale de l’OTAN de 1979 à 1983.

Cette longue liste, certainement incomplète, illustre la profonde pénétration des militaires nazis aux plus hauts postes de l’OTAN et, ce qui est certainement moins connu, aux postes de direction de l’armée allemande, pour passer de là à la tête de l’Alliance atlantique.

La plupart des bases militaires des États-Unis et de l’OTAN en Europe se trouvent en Allemagne, pays qui, avec l’Italie, les Pays-Bas, la Belgique et la Turquie, abrite des armes nucléaires. Cette ligne de continuité politique et idéologique entre le fascisme et l’OTAN, avec l’anticommunisme comme axe central, et l’assujettissement de l’Europe pour la soumettre aux intérêts des États-Unis pour court-circuiter ses relations économiques, commerciales, culturelles naturelles, etc., avec la Russie, expliquent largement une bonne partie des événements politiques survenus depuis la Seconde Guerre mondiale sur le continent européen et jusqu’à présent.

5-Le réseau Stay-Behind, l’armée secrète de l’OTAN.

La collaboration de l’OTAN avec des groupes fascistes et des services secrets militaires ayant des objectifs terroristes dans différents pays européens, explicitement contre le communisme, tout en développant une alliance qui est aujourd’hui rééditée avec la guerre en Ukraine, a contribué de manière décisive à déstabiliser des gouvernements et à déclencher la répression la plus féroce contre des organisations révolutionnaires.

En 2005, Daniele Ganser, historien suisse, expert en relations internationales et professeur à l’Université de Bâle, a publié un livre intitulé Les armées secrètes de l’OTAN, résultat d’une recherche approfondie sur les relations entre l’Alliance atlantique, les réseaux d’organisations fascistes et les services secrets d’une multitude de pays - dont beaucoup sont européens - au vu et au su de leurs gouvernements et avec leur collaboration. Le résultat est une énorme liste d’attentats terroristes visant à déstabiliser les gouvernements et, en général, à « combattre le communisme ».

Le déclencheur de son enquête a été la confirmation en 1990 par Giulio Andreotti, Premier ministre italien, devant une commission d’enquête du Parlement italien, de l’existence du réseau Gladio.
Les services secrets italiens y agissaient sous les ordres de l’OTAN.
Il a en outre souligné que le réseau était toujours actif et que des réseaux similaires existaient dans de nombreux autres pays. Dans son rapport, Andreotti attribuait au réseau Gladio la possession d’une grande quantité d’armes fournies par la CIA, cachées dans 139 lieux, soit dans des forêts, des champs, des églises ou des cimetières ; parmi lesquelles : « des armes portatives, des munitions, des explosifs, des grenades à main, des couteaux, des poignards, des mortiers de 60 millimètres, des fusils sans recul de calibre 57, des fusils à visée télescopique, des émetteurs radio, des jumelles et divers autres types d’équipements ».
Ces armes furent utilisées dans des attentats systématiquement attribués aux Brigades Rouges et qui donnaient lieu à de nombreuses arrestations et mesures répressives au sein des organisations ouvrières.

Les terribles attentats à la bombe de la Piazza Fontana à Milan, dans la gare de Bologne, dans la Piazza della Loggia à Brescia et de plusieurs autres, qui ont fait 491 morts, 1 891 blessés et mutilés, ainsi que les assassinats de juges et de journalistes qui ont tenté d’enquêter sur ces attentats, montrent que l’organisation fasciste Ordine Nuovo, agissait en étroite collaboration avec l’OTAN, la CIA et les services secrets italiens, avec la connivence des gouvernements de l’époque.
Dans le cadre de grandes mobilisations ouvrières et populaires contre la guerre du Vietnam, l’objectif des attentats était, selon les mots d’un terroriste repenti, « de faire pression sur le gouvernement italien pour qu’il déclare l’état d’urgence et pour promouvoir un régime autoritaire en Italie ».

Ferdinando Imposimato, Président honoraire de la Cour suprême de cassation, analogue à la Cour suprême, résume les résultats de ses investigations, dans lesquelles il établit le rôle de l’OTAN, d’Ordine Nuovo et des services secrets militaires, dans les massacres qui ont ensanglanté l’Italie.

Je transcris ses propos, qui peuvent être consultés ici [1] :

  • « Au cours des enquêtes que j’ai menées sur les tragédies qui ont dévasté l’Italie, des attentats de la Piazza Fontana à l’attaque du train Italicus Express reliant Rome à Munich, à la Piazza della Loggia de Brescia, à la tragédie de Bologne, et au cours desquelles mes collègues Giovannni Falcone, Paolo Borsellino et d’autres, ont été assassinés, il a été confirmé que l’explosif utilisé provenait des bases de l’OTAN. (...) J’ai écrit tout cela dans un livre et personne ne l’a nié. Dans ces bases, les "terroristes noirs", ainsi que des représentants de l’OTAN, des mafiosi, des politiciens italiens et des francs-maçons (NDLR. De la loge déviante P2 par rapport à la franc-maçonnerie régulière) se réunissaient à la veille des attentats. Tout cela a été confirmé par des témoins directs et s’est déroulé sans interruption (...) Le problème est que le silence de la presse empêche le public de connaître cette formidable vérité : il s’agit de l’opération Gladio, qui menace la paix et la sécurité et qui risque de déclencher une grande guerre ».

La liste des actions du soi-disant Stay-Behind, formule utilisée pour établir la collaboration susmentionnée entre l’OTAN, les services secrets et les organisations fascistes (ou intégristes NDLR) locales pour mener des actions terroristes, dans de nombreux cas consommées, dans le but général de combattre le communisme et de déstabiliser les gouvernements, est longue : France, Autriche, Suède, Allemagne, Norvège, Turquie, Algérie, Italie, Portugal, Grèce, Mozambique, Danemark, Espagne (massacre des avocats ouvriers d’Atocha), Hollande, Belgique, Suisse [2].

Daniele Genser souligne que la première intervention dans un massacre populaire a eu lieu en Grèce, toujours pendant la Seconde Guerre mondiale. La résistance antifasciste grecque, comme en France et en Italie - souligne Daniele Ganser - était dirigée par les communistes. Après la défaite finale des troupes fascistes, en 1944, une grande manifestation pacifique, prélude à une grève générale, était appelée à soutenir le pouvoir populaire victorieux. Les forces armées britanniques, ainsi que la police et les organisations d’extrême droite, ont massacré les manifestants, tuant et blessant des dizaines de personnes. Dans la foulée, Churchill imposait le retour de la monarchie et de la famille de la reine Sophia, qui sera définitivement expulsée de Grèce seulement après le référendum populaire de 1974.

Au moment du scandale déclenché par Andreotti en 1990, la chaîne de télévision privée RTL a choqué le public allemand en révélant dans un reportage sur le réseau Gladio que d’anciens membres de la redoutable Waffen-SS avaient ensuite été membres du réseau allemand du Stay-Behind. Un document de l’état-major américain intitulé Overall Strategic Concepts du 28 mars 1949 le corrobore : « L’Allemagne disposait d’un excellent potentiel en hommes entraînés pour former les unités clandestines et les réserves de l’armée secrète [unités stay-behind]. Une résistance efficace peut et doit être organisée ».

Le fascisme résurgent d’aujourd’hui a donc une continuité historique indéniable avec son prédécesseur. Le soutien militaire, organisationnel et économique de l’impérialisme américain et des puissances européennes au fascisme, par le biais de l’OTAN, constitue une constante historique qui, aujourd’hui comme dans la première moitié du XXe siècle, représente le recours le plus brutal auquel a recours un capitalisme en crise pour imposer sa domination.

Il répond aussi aux mêmes objectifs : s’approprier les richesses des peuples et les empêcher, en leur prenant le pouvoir, de construire une société qui réponde aux besoins humains.

« Socialisme ou barbarie », telle est aujourd’hui plus que jamais, la tâche qui nous attend.


Voir en ligne : http://la-pensee-libre.over-blog.co...


Ángeles MAESTRO : Militant de la Coordination des Noyaux communistes, Espagne.


[2“Stay-Behind : Cómo controlar las democracias. Las redes estadounidenses de desestabilización y de injerencia”. https://www.voltairenet.org/article120005.html#nb5

   

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