Association Nationale des Communistes

Forum Communiste pour favoriser le débat...

Accueil |  Qui sommes-nous ? |  Rubriques |  Thèmes |  Cercle Manouchian : Université populaire |  Films |  Adhésion

Accueil > Voir aussi > L’Église et l’esclavage : une relation ambigüe

L’Église et l’esclavage : une relation ambigüe

vendredi 20 avril 2018 par Adil Goumma pour le Grand Soir

L’attitude de l’Église concernant l’esclavagisme à travers les cinq derniers siècles est marquée d’une inconstance étrange. Cette inconstance était dictée par les conditions politiques et économiques desquelles dépendaient les circonstances de chaque époque, ainsi que par les choix stratégiques de l’institut ecclésiastique.

Vers la fin du XVe, siècle l’histoire allait connaître un phénomène traumatisant sans précédent. Il s’agit de la traite négrière. Des commerçants, des concessionnaires et des administrateurs étaient arrivés aux côtes africaines à la recherche d’hommes valides et de jeunes femmes pour en faire des esclaves et les embarquer vers l’Occident.

Il faudrait signaler à ce propos que les pays de la péninsule ibérique étaient les premiers à pratiquer la traite négrière. Plus tard, vers la fin du XVIe siècle, la France, la Hollande, la Grande Bretagne ou encore le Danemark entraient en concurrence dans le commerce des esclaves.

Des armateurs avaient l’idée de transporter les Nègres vers l’Amérique pour les vendre ou les échanger contre des produits. C’est le début du commerce triangulaire : expression désignant le processus d’échange et de commerce entre la France, l’Afrique et les Antilles. Des bateaux partaient de l’Hexagone, ils embarquaient des marchandises de toutes sortes : verroteries, des armes, des bijoux...etc. Arrivés en Afrique, les négriers échangeaient leur cargaison contre des esclaves. Le voyage se prolongeait vers les Antilles, où des êtres humains étaient débarqués chaque année en échange de sucre, de vanille et de différents produits tropicaux, rapportés en France pour y être vendus.

A l’époque des grandes conquêtes maritimes, l’Église avait considéré la traite négrière comme une chance de pouvoir étendre l’Évangile. Elle semble avoir oublié un commandement de l’Exode qui dit que celui qui dérobera un homme et qui l’aura vendu ou retenu entre ses mains sera puni de mort (Exode XXII : 16).

Elle trouvait même des justifications afin de disculper les consciences des traitants chrétiens : la position de l’Église catholique par rapport à la Traite négrière n’allait pas être un épiphénomène loin de là, ses encouragements à l’ensauvagement esclavagiste continueraient tout au long de la période négrière, à l’instar de l’activisme doctrinaire de l’éminent théologien français Bellon de Saint Quentin, qui se servait des Saintes Écritures pour libérer la conscience des traitants qui s’en remettaient à sa science [1].

C’est pourquoi l’Église avait pris une position favorable pour le commerce des Nègres. Elle l’avait même soutenu pourvu que les esclaves soient convertis. Le Code Noir demande dès le premier article de faire instruire la religion catholique et de faire baptiser tous les esclaves. C’est en vue d’une large christianisation des Nègres que l’Église avait montré sa disposition pour assister l’esclavagisme. Une nouvelle ère commença dans l’histoire de l’humanité : l’ère de l’esclavage bénit et soutenu par l’Église puisqu’elle en tire un profit inestimable : la découverte du potentiel commercial énorme qu’offrait la traite des "nègres" était une opportunité que la nouvelle anthropologie religieuse ne pouvait pas laisser échapper d’entre les griffes de Rome car la papauté, qui venait de goûter à une grande hausse de ses richesses grâce aux croisades, devenait de plus en plus exigeante au niveau de son accumulation d’argent.

Lesquelles croisades venaient d’établir, par les faits, que des guerres conduites dans et pour les intérêts du Saint Siège étaient toujours justes et que les fruits de ces guerres étaient bons, et par conséquent que toutes ces entreprises étaient "saintes" !

Ainsi, d’après la mentalité des croisades – et celle des croisés – l’anthropologie religieuse coloniale de l’Église Catholique, comme toute l’anthropologie chrétienne du moment, ne s’opposait nullement, ni à l’esclavagisme ni à la traite des noirs, bien au contraire, elle prônait que c’était une entreprise "sainte", qu’il fallait la réaliser au nom de Jésus Christ, le Seigneur et Sauveur ! [2]

C’est pourquoi le Pape Eugène IV accorda au Portugal, et spécialement à son prince Henri le Navigateur (le nom est assez révélateur !) le titre de propriété de toutes les terres à l’est de Côte Ouest au-dessus du Sénégal.

Cela n’empêche que l’Église avait imposé quelques conditions pour légitimer l’esclavage.

En voici des exemples : tous les esclaves seront baptisés [...] ordonnons aux habitants qui achèterons des Nègres nouvellement arrivés, de les faire instruire et baptiser ; enjoignons aux Conseils... d’y tenir exactement la main. Assister aux offices religieux est obligatoire pour les esclaves. Les maîtres ne doivent pas les employer pendant les jours du Seigneur.

Suite de l’article Ici.


Voir en ligne : https://www.legrandsoir.info/l-egli...


[1Akam AKAMAYONG, “ L’église catholique bénit la traite négrière ”. Article publié dans : http://feobus.centerblog.net/

[2Kayemb NAWEJ. Poison blanc : Un Noir chrétien est un traître à la mémoire de ses ancêtres, Ed. Kayemb Uriel Nawej. 2007, p. 37.

   

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

Connexions’inscriremot de passe oublié ?