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« La dé-dollarisation du monde »

mardi 4 avril 2023 par Renaud Girard

L’intérêt de cette nouvelle monnaie c’est qu elle devrait être entre autre basée sur l’or, les terres rares, l énergie, la démographie et l’eau. On revient a quelque chose de basé sur la production réelle, et donc à terme c’est bon pour les producteurs réels. A suivre (BD-ANC)

Depuis les accords de Bretton Woods, les États-Unis dominent les échanges grâce à leur devise. Cependant, leur contrôle par « weaponisation » du dollar commence à s’essoufler depuis le conflit russo-ukraine.

Dans une conférence de presse de 1965, le général de Gaulle, visionnaire, avait fustigé le « privilège exorbitant du dollar ». La devise américaine était en effet devenue de très loin la première monnaie de réserve et d’échange du monde, après que les États-Unis eurent, de 1946 à 1971, accepté de la changer contre de l’or, au taux fixe de 35 $ l’once.

Pour la constitution de leurs réserves, les banques centrales se jetèrent évidemment sur le dollar, dont les dépôts étaient stables comme de l’or, mais évidemment plus facilement maniables. Quand les Américains faisaient marcher la planche à billets, c’était comme s’ils produisaient de l’or.

De Gaulle avait compris qu’ils finançaient leur guerre au Vietnam et leur conquête spatiale sur le dos des Européens.

Voilà pourquoi la Banque de France, dès 1965, se mit à échanger systématiquement ses dollars contre de l’or. Le 15 août 1971, l’Amérique décida abruptement, sans avoir prévenu aucun de ses alliés, de mettre un terme à la convertibilité du dollar en or.

À partir de 1973, année marquée par une très forte augmentation des prix du pétrole (matière première toujours facturée en dollars), apparut le problème des pétrodollars. Les énormes sommes dégagées par les marchés de l’énergie se réinvestissaient en priorité sur les marchés américains, procurant un avantage comparatif à l’économie des États-Unis, à la grande frustration de leurs partenaires européens.

« Le dollar est notre monnaie, mais votre problème », les avait prévenus le secrétaire au Trésor John Connally, peu après la suspension unilatérale de la convertibilité du dollar en or.

La destitution du roi dollar

Créé en 1999, l’euro a réussi en tant que monnaie mondiale, mais n’a pas pu rivaliser avec la profondeur et la liquidité des marchés de New York, en raison de l’absence d’un Trésor européen unique. L’euro ne détrôna pas le dollar comme principale monnaie de réserve et d’échange mondiale.

De l’entière responsabilité des États-Unis, la crise financière internationale de 2008 renforça paradoxalement le dollar. Dans une conférence de presse de mars 2009, Barack Obama prédit que le dollar conserverait sa domination dans les échanges et les réserves de la planète.
Son argument n’était pas économique mais politique : « Car l’Amérique a le régime le plus stable et le plus transparent du monde ! »

Tout le monde comprend en effet comment fonctionne le budget, la Réserve fédérale et le système financier américains alors que leurs équivalents chinois apparaissent opaques.
Le dollar reste la devise refuge par excellence. Quand il y a une crise financière mondiale, les investisseurs se réfugient sur le dollar, même si la crise est d’origine américaine. C’est ce qui s’est passé en 2008-2009, où le dollar s’est réévalué par rapport à l’euro et au yen.
Aujourd’hui, il représente encore 59 % des réserves mondiales de change (contre 72 % en 1999).

Mais, en transformant leur monnaie en arme de pression politique, les Américains ont, sans le vouloir, entamé un mouvement mondial de destitution du roi dollar.

La « weaponisation » [1] du dollar

En 2014 la BNP dut payer 9 milliards de dollars d’amende aux États-Unis pour avoir, légalement au regard des droits européens et français, financé (en dollars) des exportations depuis Cuba, le Soudan et l’Iran. Mais ces trois pays étaient sous embargo américain. Comme la compensation s’est faite à New York sur le compte de la BNP (une écriture électronique d’un millionième de seconde), la justice américaine s’est déclarée territorialement compétente.

Voilà comment les Américains ont imposé leur droit aux autres pays de la planète. Et les sociétés européennes ont dû s’y conformer, comme on l’a vu lorsqu’elles quittèrent l’Iran en 2018, après que Trump eut unilatéralement dénoncé l’accord nucléaire de Vienne de 2015.

L’étape suivante de la « weaponisation » du dollar fut, en 2022, après l’agression de la Russie contre l’Ukraine, le gel des réserves de change de la banque centrale russe libellées en dollars.

Les dirigeants non-occidentaux se sont alors dit : « Si je suis en guerre avec un voisin et que ce conflit ne plaît pas à Washington, je peux perdre brutalement une grande partie de mes réserves de change. Je vais donc diminuer drastiquement mon commerce en dollars. »

C’est ce que fait désormais la Russie, mais aussi l’Arabie saoudite. Sa dernière facture pétrolière à la Chine a été libellée en renminbi (dont le marché offshore atteint déjà l’équivalent de 200 milliards de dollars).

Qui plus est, les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) envisagent de créer leur propre monnaie pour financer leurs échanges. La Chine a déjà mis au point son propre système de règlements électroniques interbancaires.
Il offre une alternative au système Swift, coopérative contrôlée par les Occidentaux.

La dé-dollarisation du monde ne s’achèvera pas du jour au lendemain.
Mais c’est clairement un mouvement irréversible.


Voir en ligne : https://www.lefigaro.fr/vox/societe...


[1Utilisé comme arme. NDLR

   

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