Oui, le monde change, mais pas les médias français !

Ce n’est pas le premier camouflet de l’arrogant monarque du Touquet, qui a déjà il y a quelques mois du avaler sans moufter le piteux retrait des forces françaises du Mali et du Burkina, après la Centrafrique. Et voila que les médias de Washington et des Européens de l’OTAN lui tombent dessus en cortège, reprenant à leur compte les insultes déversées par Trump en campagne électorale aux USA, à son niveau habituel : « Macron lèche le cul de la Chine ! ».

Pas de chance pour notre Emmanuel premier, pour une fois qu’il n’émettait que quelques idées de bon sens ! Personne ne saurait nous accuser de complaisances macroniennes. En fait, soucieux de conserver l’amitié des financiers et industriels de son escorte, rêvant de fabuleux contrats dans ce marché chinois d’un milliard 4 de producteurs-consommateurs, notre stratège des beaux quartiers s’est contenté de proférer deux ou trois évidences :

1/ la Chine est un très grand pays, avec lequel la France a intérêt à commercer, plutôt qu’à lui faire la guerre.

2/ Comme l’a dit De Gaulle en son temps, et comme l’ONU l’a affirmé ensuite, il y a des décennies, il n’existe qu’une seule Chine, dont l’île de Taiwan-Formose est un morceau, peuplé de Chinois, dont les résidus de l’armée nationaliste du Kouomintang, vaincue par les Communistes chinois en 1949. Dans cette île, la plupart des citoyens ne rêvent pas de reconquérir le continent par la guerre, comme le prouve l’ancien président élu de Taïwan, qui était récemment en visite à Beijing.

Seule une infime minorité d’ultra-nationalistes-bellicistes multiplient ces derniers temps les proclamations guerrières, avec le soutien des politiciens et militaires les plus extrémistes de Washington, qui multiplient depuis un an avec leurs alliés japonais et sud-coréens les manœuvres militaires menaçantes face au territoire chinois.
Des menaces auxquelles Pékin a répondu par des manœuvres navales, défensives contrairement à ce qu’ont prétendu nos médias, entre le continent et Taïwan. Car certains, influents à Taipeh et Washington, ne se cachent pas de vouloir la guerre avec la Chine, puisque la compétition économique leur semble perdue, et pour cela veulent utiliser l’île comme une autre Ukraine…

À l’inverse, redisons le, même si pour une fois, macron a paru un peu rejoindre les plus mesurés, tout ce qui diminue les risques réels de guerre anti-chinoise dans le pacifique est bon à prendre, n’en déplaise aux chiens de guerre des médias de France, des USA, de Bruxelles ou de Varsovie.

Faut-il rappeler que la puissante Chine n’entretient pas de bases militaires à l’extérieur, alors que les USA en ont près de 200 encerclant leurs ennemis nommément désignés, Chine, Russie, Iran, Syrie, etc… et des navires sur toutes les mers, dotés d’armes nucléaires ?
Quel que soit le jugement porté sur le régime politique chinois, même si l’on n’en fait pas un modèle social et politique, peut-on nier que cette puissance proclame à tout instant son désir d’œuvrer partout en faveur de la paix entre les nations ?

Et qu’elle le fait réellement au Moyen-Orient par exemple, en parrainant la réconciliation historique entre Arabie Saoudite wahabite et Iran chiite, malgré les États Unis, amenant ainsi un espoir d’en finir avec la guerre féroce et interminable du Yémen ?

Quand les médias français vont-ils émerger de ce délire irrationnel quand ils parlent de la Chine et de la Russie, les deux agents du Diable qui mettent en cause la domination mondiale des USA ?
Les infos sérieuses et vérifiées, pourtant, ne manquent pas, qui ont permis au Monde Diplomatique d’avril 2023 de réaliser un dossier sérieux, équilibré (Asram Bélaid, Martine Bullard et Gabrielle Chou), qui fait simplement état de faits incontestables.

La Chine engrange des succès fulgurants dans l’économie mondiale (notamment en investissant massivement dans l’intelligence artificielle, pour le meilleur ( et parfois pour le pire ?), mais se refuse à toute alliance politique et militaire au profit d’une non-ingérence dans les choix des autres nations, et elle collectionne depuis quelques temps les succès diplomatiques, dans un monde où le leadership belliciste états-unien est de plus en plus limité à l’Europe, contrairement aux assertions médiatiques sur « l’unanimité de la communauté internationale » .

Le plus récent exemple de ces succès s’est concrétisé il y a quelques jours par le séjour du Président brésilien Lula à Beijing, pour renforcer le rôle économique dans le monde des BRICS, dont les chefs de file originels (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, soit un tiers du PIB mondial aujourd’hui) incluent déjà la majeure partie de la population mondiale, et envisagent d’accueillir d’autres candidats-partenaires, comme l’Algérie, l’Indonésie, le Nigéria, le Mexique, etc…
L’objectif est d’orienter les investissements mondiaux sans être soumis aux choix des USA , leurs alliés européens et leur « Banque Mondiale-FMI », par le biais d’une banque d’investissement propre aux BRICS, qui sera présidée par l’ancienne présidente du Brésil Dilma Roussef.

Et ce n’est pas la décision de boycott de l’application chinoise Tik-Tok par les USA qui va changer ces réalités géopolitiques. Même si les médias français n’hésitent pas à discourir des « dangers d’utilisation des données par Tik-Tok » alors qu’ils n’en voient pas à l’emprise des GAFAM californiennes sur l’opinion française.

Ce déferlement d’irrationnel s’étend parfois jusqu’aux milieux « de Gauche » français, qui discourent plus volontiers de la Chine en dénonçant les rumeurs occidentales de répression contre les intégristes Ouïgours, plutôt que les risques de guerre sur les rivages du Pacifique.

De quoi s’interroger :

Où est passée le fameux cartésianisme français ?
Où est passé l’héritage progressiste de la France ?

15 avril 2023