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Qui ne veut pas la guerre doit s’engager pour la paix

jeudi 18 mai 2023 par Giacomo Marchetti (Rete dei Comunisti - Italie)

Un article écrit par notre camarade Giacomo, responsable du groupe international de la Rete dei Comunisti, sur les tentatives de résolution diplomatique et de négociations pour la paix.

L’envoyé spécial de la Chine pour les affaires eurasiennes, Li Hai, se rendra en Ukraine, en Pologne, en France, en Allemagne et en Russie à partir de ce lundi 15 mai.

Il s’agit de la concrétisation de l’engagement de la Chine en tant que médiateur dans le conflit ukrainien actuel, annoncé lors de l’appel téléphonique entre le dirigeant chinois Xi Jinping et M. Zelensky le 26 avril.

C’est le porte-parole du ministre des affaires étrangères de la République populaire, Wang Wenbin, qui a annoncé le début de cette importante tournée diplomatique lors d’une conférence de presse vendredi dernier, rapporte le site d’information chinois en langue anglaise Global Times.

Wang a rappelé l’approche chinoise fondamentale de Xi Jinping sur la base de laquelle la "Position sur la résolution politique de la crise ukrainienne" a été formalisée.

Li est un vétéran de la diplomatie de Pékin et occupe le rôle d’envoyé spécial pour les affaires eurasiennes depuis 2019. Il a d’abord été ambassadeur de Chine au Kazakhstan de 1997 à 1999, puis représentant diplomatique à Moscou de 2009 à 2019.

La tournée diplomatique de Li vise à ouvrir la voie à des pourparlers de paix en servant de médiateur entre les différentes parties qui ne veulent pas se parler directement, avec un travail de couture diplomatique préparatoire à l’ouverture de leurs propres pourparlers.

Les succès de la Chine dans ce domaine, avec la normalisation des relations entre l’Iran et l’Arabie Saoudite et le dialogue trilatéral entre la Chine, le Pakistan et l’émirat afghan dirigé par les Talibans, sont des résultats concrets qui prouvent que Pékin change la donne diplomatique dans un cadre multilatéral de relations internationales sans cesse proposé et surtout pratiqué, quel que soit le caractère épineux des dossiers traités.

Comme le rapporte l’agence de presse Ansa à propos de la conférence de presse de vendredi :
"La situation", a conclu M. Wang, "devient de plus en plus complexe", mais "la Chine est prête à continuer à jouer un rôle constructif pour parvenir à un plus grand consensus international sur un cessez-le-feu, la fin de la guerre, l’ouverture de pourparlers de paix, et pour empêcher l’escalade de la situation, afin de contribuer à la promotion d’une solution politique à la crise ukrainienne".

L’effort diplomatique chinois en faveur d’une résolution politique du conflit va de pair avec celui du souverain pontife actuel, qui a reçu samedi dernier le dirigeant ukrainien en personne.

Une rencontre préparée de longue date par la diplomatie vaticane et décrite en détail par le journaliste Nello Scavo dans un article du journal italien “L’Avvenire”, avec un regard sur les coulisses de la diplomatie "secrète" mise en œuvre depuis le début du conflit, avec un dialogue entre le Saint-Siège et les autorités ukrainiennes qui n’a jamais été interrompu, à côté de la diplomatie "personnelle" du Pape.

Une diplomatie "personnelle", ajouterons-nous, probablement aussi mise en place pour se "désengager" d’une partie du monde catholique et de ses hiérarchies, selon laquelle la Pax Christiana coïnciderait en fait avec la Pax Atlantica.

Le protagonisme effectif du pontife s’est manifesté jusqu’à présent pour ce qui concerne l’échange de prisonniers - 200 combattants, sur une liste de 300, ont été échangés le 22 septembre ; puis, le 6 mai, 45 soldats sont retournés en Ukraine. Il en a été de même pour la question des enfants ukrainiens qui avaient été initialement transférés en Russie.

Mais il est clair que le travail de Bergoglio ne s’est pas arrêté à ces aspects, ainsi qu’à d’autres interventions plus classiquement caritatives qui ont conduit à une amélioration des conditions de la population affectée par la guerre, mais correspond à un projet précis de paix qui, pour l’instant - du moins dans les déclarations officielles - ne semble pas avoir rencontré l’assentiment du dirigeant ukrainien.

Nello Scavo conclut dans son article :
"Certes, les malentendus n’ont pas manqué au cours de ces 15 mois, mais les gestes concrets du Pape et nombre de ses actions encore couvertes par le secret lui ont valu le respect et la gratitude de tout un peuple et de ses dirigeants, qui espèrent maintenant l’accueillir en Ukraine pour apporter ses paroles de paix dans la guerre".

Le leader ukrainien semble, pour l’instant, plus intéressé à impliquer le Pape dans les propositions ukrainiennes que le contraire, reproposant les 10 points avancés par Kiev, et demandant au Pape une condamnation plus ferme des "crimes russes" et moins d’équidistance. Une tentative explicite - et stupide - de lui faire "porter le casque".

Selon le journal italien “Il Fatto Quotidiano”, les mots de Zelensky seraient plutôt lapidaires.
"Avec tout le respect dû à Sa Sainteté, nous n’avons pas besoin de médiateurs".

Après la rencontre avec le souverain pontife, le dirigeant ukrainien a rencontré l’archevêque Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les relations avec les États et les organisations internationales de la Secrétairerie d’État, une sorte de "ministre des affaires étrangères" du Vatican.

Dans les lignes diffusées par le Saint-Siège à l’occasion de cette réunion, on a également réitéré la "nécessité de poursuivre les efforts en faveur de la paix", signe que même face au Niet de Zelensky, la bataille pour la paix se poursuit.

Le terrain a été, pour ainsi dire, labouré et une proposition a été explicitée - bien que de manière confidentielle - qui, comme la proposition chinoise plus explicite, ne peut être ignorée par l’opinion publique de notre pays.

Le fait que la diplomatie dans ses plus hautes sphères soit à l’œuvre, même sur la question ukrainienne, a également été confirmé par la réunion tenue secrètement à Vienne entre Jack Sullivan, conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, et le ministre chinois des affaires étrangères Wang Yi, qualifiée de "franche" et de "constructive" par la Maison Blanche elle-même.

Il est clair que l’objectif de la réunion était de rétablir une ligne de communication entre les deux superpuissances nucléaires en vue d’une gestion responsable des divers fronts concurrents découlant de la situation actuelle.
À savoir Taiwan, mais pas seulement.

Une relation nécessaire car il n’y a pas de "clearing house" en vue qui puisse calmer les tensions internationales à quelque niveau que ce soit, alors que les pyromanes abondent qui sont plus enclins à étendre l’incendie ukrainien qu’à le dompter : les conservateurs britanniques, l’establishment politique des pays baltes, et les dirigeants polonais.

Dans ce contexte, il est donc nécessaire de soutenir les efforts en faveur de propositions de paix concrètes et d’une résolution politique du conflit ukrainien, de quelque côté qu’ils viennent, de surmonter l’implication de l’Italie dans la guerre, notamment par l’envoi d’armes, et de remettre en question l’approche irresponsable de notre appareil militaro-"intellectuel" qui fait de la guerre aux côtés de l’OTAN, contre la Russie, le seul horizon viable de "notre politique étrangère".

Ces questions sont au cœur du document "Arrêtez la guerre, imposez la paix" (https://contropiano.org/documenti/2023/04/18/159366-0159366), dont nous sommes les signataires et les promoteurs, et que nous voulons placer au centre du débat et de l’agenda politique.

En tant que laïcs et athées, nous voulons faire écho aux paroles du pape après la prière du Regina Coeli de ce dimanche :
"Avec les armes, vous ne parviendrez jamais à la sécurité et à la stabilité, mais au contraire, vous continuerez à détruire tout espoir de paix".

Ce sont des paroles de bon sens, comme celles prononcées par Carlo Rovelli le 1er mai.

Des mots qui vont littéralement à l’encontre de ce que pense la majeure partie de la classe politique institutionnelle italienne - du FdI au PD - mais qui reflètent le sentiment largement majoritaire du pays.

Ceux qui ne veulent pas la guerre devaient agir pour la paix.


Voir en ligne : https://contropiano.org/news/politi...

   

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