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Marée haute ou marée basse ?

mardi 29 mai 2018 par Charles Hoareau, Président de l’A.N.C

Evidemment, il fallait s’y attendre, au lendemain du 26 mai, la presse avec un bel ensemble, s’efforçait de démontrer que le 26 avait été un échec, et chacun de reprendre quasiment à son compte le propos méprisant du 1er ministre sur le faible coefficient de marée.

Nous ne sommes ni de celles et ceux qui se rassurent à bon compte, ni de celles et ceux qui ont l’espoir à géométrie variable.

Tout d’abord si on regarde objectivement les faits : le 26 mai a vu plus de monde dans les rues que le 1er mai ou le 5 mai. Un minimum d’honnêteté du gouvernement et des médias devrait reconnaître ce fait. Et cela que l’on prenne les chiffres annoncés par les organisateurs, par la police ou par la dernière trouvaille à la mode l’officine plus habituée à la « communication de grandes entreprises et d’institutions » [1] qu’à l’évaluation du mouvement social. Il faut d’ailleurs être d’une sacrée mauvaise foi pour comparer les chiffres de la manifestation nationale du 5 mai et ceux de la seule manifestation parisienne du 26 pour en conclure qu’il y avait moins de monde [2] alors que dans les faits nous étions bien plus nombreux dans les plus de 100 manifestations en France. L’honnêteté voudrait aussi que l’on décompte pour la manif du 5 mai les participantes et participants de province qui avaient fait le déplacement.

Autre fait riche d’enseignement, qui fait là aussi l’unanimité des compteurs, il y a eu plus de monde dans les rues le 26 que le 22 mai auquel appelaient tous les syndicats de la fonction publique : preuve s’il en est que les discussions de sommet pour trouver une base commune afin d’obtenir une addition des sigles ne suffisent pas forcément…Un rassemblement d’organisations sur des revendications limitées à une partie du salariat paraîtra moins rassembleur quand grandit dans le pays la prise de conscience que nous sommes face à un faisceau d’attaques convergentes qui concerne tous les secteurs de la société ;
que nous sommes dans un combat contre "Macron et son monde" comme l’affichent nombre de manifestants, combat qui ne peut se limiter à une partie du monde du travail et qui sera gagnable que si nous nous y mettons toutes et tous ensemble, chacune et chacun partant de ce qui lui est propre pour rejoindre le combat devenu commun.

Pour continuer dans le vocabulaire marin et pour répondre à celles et ceux qui s’acharnent depuis samedi à essayer de convaincre le pays que notre 26 n’a pas été un succès, on est incontestablement dans une marée montante.
Et c’est le premier enseignement que l’on essaie de nous cacher.

Nos adversaires se sont gaussés, réussissant parfois à trouver un écho dans notre camp, du terme de marée populaire qui aurait été employé à tort et de manière exagérément enthousiaste. Mais le rôle d’une organisation qui se bat contre le pouvoir dominant n’est-il pas au contraire d’être volontariste, enthousiaste, de prôner « l’optimisme de la volonté » cher à Gramsci ? D’offrir l’espoir en perspective et de présenter comme « réaliste » ce qui parait « impossible » comme aurait dit le Che ?
On ne mobilise pas en présentant les prochaines initiatives comme des défilés laborieux mais en présentant la perspective qu’il est possible qu’elles deviennent des vagues déferlantes. Reprocher aux initiateurs de la manifestation d’avoir employé le terme de marée populaire est un bien mauvais procès qu’on laissera à celles et ceux qui ne peuvent s’empêcher d’exprimer leur soulagement par des rires nerveux, rires d’autant plus bruyants que leur peur est plus grande.
Et puisque nous célébrons le 50ème anniversaire de 1968, cela rappelle ce fameux édito du journal Le Monde du 15 mars 1968 qui expliquait que la France s’ennuyait, que « Les empoignades, les homélies et les apostrophes des hommes politiques de tout bord paraissent à tous ces jeunes, au mieux plutôt comiques, au pire, tout à fait inutiles, presque toujours incompréhensibles », que des milliers de français écrasés n’avaient « ni d’ailleurs le cœur à manifester et à s’agiter ».

De tous temps la bourgeoisie s’est toujours rassurée comme elle pouvait.
Un peu comme le 4 mai dernier un François Lenglet prévoyant avec l’extrême clairvoyance qui le caractérise une victoire écrasante du OUI au référendum de la direction d’Air France…
Un peu comme aujourd’hui un Macron tapant du pied en clamant à qui veut l’entendre qu’il ne cédera pas, lui qui nous parle depuis la ville de Moscou dont hier encore il disait avec son mentor de Trump qu’il fallait la sanctionner, pour nous expliquer qu’il faut désormais travailler avec elle…contre Trump : belle constance !!

La marée du 26 n’a pas tout emporté ? La Bastille est encore à prendre ? Certainement.
Et celles et ceux qui se battent savent bien que nulle part la révolution ne s’est faite en un jour et qu’il est bien plus juste comme on le dit en Amérique du sud, de parler de processus, là-bas bolivarien, ici sans doute robespierriste.

Reste que sur l’escalier de la rébellion ce 26 mai est une nouvelle marche de montée et que la suite qu’il nous reste encore à bâtir et inventer, peut être encore plus populaire, si elle unit les chômeuses et les chômeurs, les populations délaissées, discriminées et exclues des quartiers paupérisés, les précaires de toutes sortes, les salariés de la fonction publique et celles et ceux du privé, les retraités ponctionnés.

Ces rassemblements, cette union de la classe ouvrière diverse de notre temps elle est à construire par chacune et chacun d’entre nous, là où l’on est, avec courage et ténacité pour avancer vers le but commun.
Si la patience est une vertu révolutionnaire, le 26 mai en est déjà une première récompense.

Continuons camarades !


[1tel qu’indiqué sur son site http://occurrence.fr/occurrence/notre-vision/

[2opinion que ne partagent pas nombre des participants aux deux manifs

   

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