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Les ruses de l’idéologie bourgeoise

mardi 19 juin 2018 par Francis Arzalier

N’en déplaise aux discours ambiants, la lutte de classes existe bien dans la France de 2018, il suffirait pour ne pas en douter de voir avec quelle ferveur la bourgeoisie française incarnée par Macron, et sa cohorte de politiciens et de communicants, ferraillent jour et nuit contre ces salauds de grévistes. Et ils sont d’autant plus hargneux que quelques millions d’autres salariés pensent peu de bien des "réformes" de Macron, même s’ils n’ont pas rejoint la lutte syndicale faute de croire une victoire possible, et pour ne pas amputer un salaire déjà trop juste.

Car c’est bien dans le but de maintenir dans l’inaction cette masse de prolétaires découragés plutôt que convaincus, que le matraquage idéologique fait rage. Et cette idéologie dominante, ressassée à longueur de journée par les télévisions, les radios, les journaux contrôlés par les hommes et les femmes choisis à cet effet par les tenants du Capital, se déploie en discours qui semblent s’opposer, et visent pourtant les mêmes objectifs, anesthésier les exploités, les détourner de toute lutte sociale organisée.

Certains de ces idéologues du Capital répandent la xénophobie, font des migrants, des immigrés et leurs enfants, des Arabes ou des Musulmans, supposés parcourir nos rues une bombe à la main, une menace permanente, des boucs émissaires responsables de tous les maux, comme autrefois les Juifs selon la doctrine Nazie ou Vichyste.

Ceux la sont dits d’extrême droite, et sont d’autant plus dangereux que leur démagogie raciste déborde largement au delà de cette mouvance : les proclamations " identitaires " de Wauquiez et ses "Républicains" rejoignent celles du RN de la tribu Le Pen, et de la nébuleuse nationaliste. Ils le sont plus encore du fait que leur xénophobie se double d’une volonté constante de museler par la force et la loi toute expression de la volonté des salariés, comme le syndicalisme de classe et l’action politique révolutionnaire, a l’image de leurs modèles inavoués d’autrefois, les Fascismes vaincus en 1945.

C’est sur cette base nationaliste et xénophobe que de nombreux gouvernements soutenus par la Droite et l’Extrême Droite alliées se sont constitués au sein de l’Union Européenne, en Pologne, Hongrie, Pays Baltes et Adriatiques, en Italie, et en Autriche qui va assurer la direction temporaire de la dite UE. Et il est inexact d’expliquer la croissance des Extrêmes Droites en Europe par la " menace migratoire".

D’abord car cette peur résulte surtout d’un phantasmes manipulé, et surtout parce qu’elle est surtout la conséquence des mesures d’austérité et de régression sociale, concoctées par les bourgeoisies d’Europe, et organisées dans le cadre de l’Union Européenne.

D’autres, tout aussi utiles au Capital, se disent " Libéraux", parce qu’ils croient religieusement aux vertus du " Libre marché", que tout milliardaire gavé par le travail des autres est un "gagnant" qui mérite de l’être, et que la pauvreté est le sort mérité des "loosers". Ceux la se disent volontiers amoureux de la "démocratie occidentale", nourrie de votes périodiques permettant aux citoyens d’élire des politiciens qui font une fois au pouvoir les volontés du CAC 40 et fort peu celles de leurs mandants.

Mais ils se targuent aussi de répugner au racisme et à l’extrême droite, d’être donc "modernistes", et défenseurs attitrés des " Droits de l’Homme ", et de l’égalité des sexes, au sens le plus théorique des termes. C’est ainsi que Macron, candidat préféré de la bourgeoisie avide de "réformes" réactionnaires, s’est fait élire Président- monarque en 2017, par quelques millions de Français persuadés qu’il était un rempart contre l’extrême-droite.

Les mêmes idéologues du Capitalisme moderne sont d’ardents défenseurs de l’Union Européenne supra-nationale, instrument politique "libéral" au service de leurs objectifs, austérité pour les salariés et régressions sociales. Et ils s’évertuent à faire croire que la dite UE est la principale garantie contre xénophobie et extrême-droite, alors que cette institution non seulement parraine les gouvernants de cette engeance, en Ukraine, Pologne, Pays baltes, Autriche, Hongrie, et maintenant en Italie, mais s’accorde avec eux pour protéger l’exploitation et la persécution des salariés et à fortiori des militants ouvriers ou communistes.

Malheureusement cette version lénifiante ( et dominante ), modérée, voire "de gauche", de l’idéologie bourgeoise moderne ne se limite pas aux " élites " fortunées. Elle a contaminé de nombreux responsables d’organisations populaires : syndicalistes convertis a une action revendicative " Européenne", " apaisée", " rassemblée", gommant les brutalités de la lutte de classe d’autrefois, et dirigeants politiciens de partis qui furent il y a longtemps révolutionnaires, et ne sont plus que " humains ", quêteurs timorés du possible.

Ces professionnels de la " Gauche prudente " dénoncent avec d’autant plus de vigueur le racisme et la xénophobie d’extrême droite qu’ils ne veulent pas refuser sans appel le Capitalisme français, et son visage supranational actuel, l’Union Européenne.

Dernier exemple très probant de cette mise en scène hypocrite, l’aventure de ce navire chargé de près de 600 migrants sauvés par des militants associatifs de la noyade au large de la Libye, que l’Italie puis Malte ont refusé d’accueillir sur leur territoire, provoquant de la part de nos médias asservis au Capital et à Macron des hurlements "humanistes" contre ce salaud d’extrême droite, Salvini, ministre italien de l’Intérieur, qui s’est opposé à leur débarquement dans un port italien.

C’était oublier un peu vite que les responsables français ont annoncé qu’il était hors de question de les voir aborder en France ! Ce qui permit au Président nationaliste de l’Assemblée de Corse un coup médiatique audacieux en leur souhaitant la bienvenue en Corse ( au risque de déplaire fort à une partie de son électorat ! ), tout en sachant qu’ils n’y viendraient pas, étant donné l’opposition des autorités françaises.

Enfin, on ne peut oublier dans ce bal des dupes que constitue souvent l’extrême variété des idéologies bourgeoises, les naïfs qui croient bien faire en diffusant une version "humaniste", " mondialiste " et irrationnelle des flux migratoires actuels, qui servent d’argument à la xénophobie croissante.

Contrairement à leurs dires, il n’est pas vrai que l’ouverture des frontières et les vagues migratoires incontrôlées soient une bonne chose. Ni pour le pays d’arrivée, où elles amènent une main d’œuvre moins bien payée et plus docile dont tire profit le patronat, ni pour les pays de départ, qui se vident ainsi de leurs forces vives manuelles et intellectuelles.

S’il en fallait une preuve, il suffirait de constater que les dirigeants d’extrême droite et le patronat de Varsovie sont très favorables à l’émigration périodique des salariés polonais vers l’Ouest, tout en refusant les migrants chez eux, et que les gouvernants africains les plus inféodés au Capitalisme occidental voient avec plaisir fuir vers le mirage européen des foules de jeunes gens sans emploi, qui pourraient devenir une menace politique pour leur régime corrompu.

Car les " mondialistes " béats oublient généralement de voir que la fuite éperdue des migrants d’Afrique et Moyen-Orient vers l’Europe, au profit d’abord de trafiquants-passeurs criminels, avec souvent la mort au bout pour leurs victimes abusées, se fait à partir de pays ravagés par la guerre qu’y a importé l’impérialisme occidental, en Syrie, en Libye, au Mali, etc. Ils oublient aussi que la même domination occidentale,
sous forme coloniale puis neo-coloniale, a durant des siècles pratiqué en Afrique et au Moyen-Orient le pillage des ressources et imposé le sous-développement industriel et agraire, qui est cause aujourd’hui des migrations massives depuis ces contrées.

Et le départ pour l’Occident des plus qualifiés ( et inemployés ) renforce le pillage des ressources des Pays du Sud. Dans les deux cas, que la cause des migrations soit économique ou les guerres, on ne les stoppera pas par la répression, mais seulement en éradiquant leurs causes, en contribuant au développement économique des "pays du Sud et du Levant", au lieu de l’empêcher en y cultivant la guerre.

Une preuve ?
La Syrie s’est vidée de millions de ses citoyens fuyant les combats vers l’Occident tant que ses dirigeants y ont nourri les opposants intégristes-terroristes contre le pouvoir élu, le flot migratoire s’est tari depuis que l’Etat national à réussi à les vaincre...

Ainsi se constitue le piège idéologique majeur de notre temps, le faux dilemme entre extrême droite autoritaire et xénophobe, qui serait opposée farouchement à un Libéralisme de bon ton, " démocrate " et antiraciste : les salariés français seraient ainsi condamnés à perpétuité à soutenir Macron contre Le Pen, ou le Nationalisme français contre l’UE !

Alors que ces discours, soit disant antagonistes, ne sont que les deux versions de la même pensée bourgeoise, visant, autant l’une que l’autre, le même objectif : maintenir la passivité de la masse des salariés au service du capitalisme, les empêcher de parvenir à la conscience de ce qu’ils sont, des prolétaires dont l’intérêt est d’éradiquer l’ordre capitaliste.

   

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