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Le pouvoir de manipulation

mercredi 11 juillet 2018 par Par Francis Arzalier (ANC)

Comme nous l’ont récemment montre dans un article très documenté trois syndicalistes membres de l’ANC, ce printemps 2018 a connu des grèves nombreuses et inégalées depuis longtemps dans le secteur de l’énergie en France.
Sauf qu’aucun Français ne l’a su en dehors de la profession.

Nos télévisions et radios sont trop occupées à annoncer quotidiennement que le nombre de cheminots grévistes est de plus en plus maigre, que le nombre de manifestants contre Macron est de plus en plus faible, et que les syndicats et organisations politiques d’opposition sont en voie de disparition, quand elles s’obstinent à animer les luttes de classe. Trop occupées aussi à énumérer les gestes et dits quotidiens du Monarque et de son épouse-mentor pour consacrer quelques secondes à informer des faits qui contredisent leur version de l’actualité.

Dans notre société dite " de communication ", un événement n’existe pour l’opinion que s’il est transmis, voire ressassé, par les communicants qui monopolisent la parole au sein des médias. Ils ont été choisis pour cela par les possédants des dits médias. Inutile de les abreuver de directives, ils transmettront contre rétributions diverses le message idéologique de ceux qui les ont désignés pour cela, et qu’ils partagent ; ils pourront même se poser en vaillants défenseurs de la liberté d’expression et de presse, réduite au droit pour les journalistes de donner leur avis sans censure.

Orwell a dénoncé cette escroquerie comme une menace pour la démocratie dès les années 1930, il ignorait à quel point cela deviendrait vrai au XXIeme siècle...

Jamais dans l’histoire les pouvoirs financiers, industriels et étatiques n’ont eu à leur disposition des moyens aussi efficaces de manipuler l’information, de formater l’opinion, de fabriquer durant quelques jours une émotion massive ( la peur du terrorisme, ou le discrédit d’un individu avant tout jugement ), la destruction d’un candidat ( Fillon en 2017 ) ou sa fabrication-promotion ( Macron en est un exemple parfait, mais pas le seul ).

Un formatage de l’électorat qui ne dure qu’un certain temps, suffisamment en tout cas pour réduire à sa caricature le suffrage universel. Un pouvoir de manipulation que ne possédèrent ni Louis XIV, ni Napoléon Bonaparte, ni même Hitler, qui fut pourtant expert en propagande mensongère.

On peut même se demander avec quelque raison si ce " pouvoir de manipulation " n’est pas devenu AUJOURDHUI la dimension essentielle du pouvoir, au delà de ses aspects législatifs, exécutifs, et judiciaires, tels que les définit autrefois Montesquieu, qui faisait de leur "séparation" le critère de la bonne gouvernance, et de l’absence d’arbitraire. Nous n’en sommes plus là en 2018. La domination du Capital s’exerce sur les trois pouvoirs définis par le Philosophe il y a deux siècles et demi, et renforce cette main-mise par la manipulation du débat idéologique.

Cet infranchissable " plafond de verre ", qui empêche les faits d’être perçus par l’opinion si les idéologues du Capital veulent les occulter, a eu un effet délétère sur l’issue du mouvement populaire de ce printemps 2018, en créant délibérément chez des millions de salariés la conviction que tout combat social est voué à ne rien obtenir, que l’attentisme et la passivité sont la seule façon de " s’en sortir " individuellement.

Ne faut il pas dès lors s’interroger sur les chances de succès des luttes sociales et politiques tant que ce couvercle médiatique, instrument du Capital et ses tenants, sera à même de formater et anesthésier une partie importante du salariat-prolétaire ?

Un mouvement social et politique ne doit il pas engager dès le départ et au préalable un combat propre à déstabiliser le pouvoir médiatique, qui est l’instrument favori de combat de la bourgeoisie, et pas comme le prétend la pensée officielle un vecteur d’information "neutre", "objectif", "honnête", ""désintéressé", etc ?

Comment ne pas remarquer que les télévisions françaises, privées ou d’État, occultent totalement en 2018 le PCF et les Communistes en général, le NPA, LO, etc, comme s’ils avaient disparu ? Comment accepter de voir le 17 juin sur France-Info-TV Jean Luc Mélenchon, promu par eux en leader unique de l’opposition de gauche à Macron, faire face à une véritable meute d’adversaires politiques, des journalistes travestis en procureurs hargneux, multipliant les "questions-pièges" dont ils n’écoutent pas les réponses ?

Le " Programme commun de la Gauche " signé en 1974 entre PCF, Parti Socialiste et Radicaux de Gauche passe aujourd’hui auprès de ceux qui ne l’ont guère lu pour avoir causé leurs désastres ultérieurs et leurs dérives libérales. Il contenait pourtant de grandes idées neuves, dont Mitterand fit usage pour conquérir le pouvoir par les urnes, sachant dès le départ qu’il n’aurait pas à les réaliser.

Dans ce florilège de projets mort nés, quelques phrases abordaient la réforme à faire de l’information, notamment la nécessité du pluralisme de l’information télévisée, sur la base d’un réel service public.

Comment justifier que 40 ans plus tard aucun parti, aucun mouvement, parmi ceux qui se fixent pour objectif la rupture avec le désordre capitaliste dans notre pays, ne reprenne à son compte un projet sérieux et argumenté de subversion préalable de ce pouvoir de manipulation qui pèse sur la France, pourtant considérablement plus lourd qu’au siècle dernier ?

   

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