Association Nationale des Communistes

Forum Communiste pour favoriser le débat...

Accueil |  Qui sommes-nous ? |  Rubriques |  Thèmes |  Cercle Manouchian : Université populaire |  Films |  Adhésion

Accueil > Voir aussi > Espagne : Pas touche à Franco !

Espagne : Pas touche à Franco !

dimanche 26 août 2018 par Jean Ortiz

Dans centaines d’officiers nostalgiques du Franquisme menacent les démocrates, les antifascistes, les partisans d’une République, et d’une nouvelle constitution, tous les militants engagés dans un inégal combat de mémoire, auquel le gouvernement actuel semble plus sensible que les précédents.

Nous avons souvent écrit qu’en Espagne il n’y a pas eu une véritable rupture avec le franquisme, qu’il s’est recyclé, ou enkysté, dans des secteurs comme la banque, la justice, la hiérarchie de l’Église, l’armée, et que l’Espagne tôt ou tard le paierait cher... Le « pacte de la transition » amnésique et paraît-il « modélique » , a volé en éclats...

Cela ne veut pas dire, en ce qui nous concerne, que l’armée espagnole actuelle reste globalement franquiste, mais, mais, mais... Traversée par des courants néo-fascistes, pilier de la longue et cruelle dictature, historiquement tournée contre le peuple, elle n’a pas été défranquisée en profondeur. La constitution de 1978 lui attribue un rôle tutélaire démesuré, garante notamment de « l’unité » d’une « Espagne une », d’une « monarchie » parlementaire pourtant illégitime... sans oublier « le libre-échange », inscrit dans le plomb constitutionnel.

Il convient de rappeler cette toile de fond pour prendre la mesure de la tempête politique soulevée par le « manifeste » pro-franquiste que viennent de signer et de publier plus de 600 officiers de réserve (181 au départ), militaires de haut rang retraités, qui s’attachent à faire « respecter » et défendre « l’image militaire du soldat Franco », qu’ils dissocient du « Franco politique » (celle-là, il faudra la retenir !!). Faut-il que ces « fachas » soient gênés aux entournures...

Ils dressent un panégyrique du « soldat Franco », « loyal », aux ordres des gouvernements, y compris en 1934, note perfide, lorsqu’il fut chargé par le gouvernement « républicain » d’écraser le soulèvement des Asturies... Généraux, colonels, lieutenants colonels, amiraux, menacent tous ceux qui voudraient toucher au système en place.

Les nostalgiques mettent en garde contre une « campagne infâme » dirigée contre « le rôle historique » du dictateur sanglant, bourreau de l’Espagne jusqu’à sa mort le 20 novembre 1975. Ils présentent Franco comme le sauveur d’une « Espagne agressée par le communisme international adopté par le Front Populaire ». Si ce n’est pas du franquisme, cela lui ressemble fort...

Selon les sabreurs prêts à ressabrer, le gouvernement voudrait un prétexte pour « cacher l’effondrement actuel de la nation » (allusion claire à la Catalogne) « lancent un appel à réhabiliter « le soldat Franco » contre une gauche « engagée dans une offensive viscérale pour une revanche » ; ils invitent à une réécriture de l’histoire, à ne pas toucher à la minimaliste « loi de Mémoire Historique... ».

Franco serait « héritier de la tradition patriotique et militaire espagnole » ; et ils n’ont aucune honte à en appeler à « continuer son œuvre », à « rétablir la vérité historique »... Ils s’opposent à l’exhumation des restes du dictateur et à leur transfert hors du mausolée fasciste du « Valle de los Caídos », entretenu, ne l’oublions pas, aux frais des contribuables.

Le gouvernement espagnol, qui a annoncé sa volonté d’avancer dans le devoir de mémoire, n’a cependant pas réagi au défi contre la démocratie avec la vigueur nécessaire.

Un officier de l’Armée de l’Air et historien, Flores Dimas Balsalobre, de ceux qui se lèvent dans les grandes tourmentes, vient d’adresser aux factieux une lettre ouverte dans laquelle il les taxe de « nostalgiques du franquisme ». Il rappelle que Franco fut un « criminel de guerre », un « un traître » à la tête d’un régime « de caractère fasciste ».

Les officiers factieux ne reculent devant aucun distorsion ; ils ont osé présenter le « Valle de los Caídos » comme un « symbole de réconciliation nationale », alors que le lieu glorifie les « vainqueurs de la Croisade », et que gouvernement et associations veulent enfin en faire un « centre pour la mémoire ».

Mais l’Espagne d’aujourd’hui n’est plus tout à fait la même qu’alors : 56,4 % des Espagnols, selon les données du « baromètre de la Sexta », pour un sondage réalisé par Invymark, sont favorables à l’exhumation et au transfert des restes de Franco hors du « Valle de los Caídos » alors que 33,8% déclarent y être opposés ; la majorité des électeurs favorables viennent de l’électorat de « Podemos », de « Izquierda unida » et du PSOE.

L’opinion publique se prononce également majoritairement pour l’illégalisation (plus de 56% pour, 29,5% contre ; 60,4% des électeurs « populares » rejettent cette illégalisation ainsi que 46,6% des électeurs de « Ciudadanos »), illégalisation de la Fondation Franco, étroitement liée au Parti Populaire de Rajoy et Aznar. Ces revendications, avancées depuis plus de vingt ans par les associations mémorielles, les partis de « gauche gauche », semblent ainsi aujourd’hui trouver un meilleur appui.

Il est aussi question d’exproprier la belle et immense demeure et propriété de la famille Franco, connue comme le Pazo de Meiras, « offerte », en fait « volée » par la famille. 68,8% des électeurs sont pour, 22,3% contre.

La situation mérite d’être suivie jour après jour ; de nombreux officiers ont engagé un bras de fer contre le peuple espagnol, qui commence à répondre « no pasarán ».

La peur peut définitivement changer de camp. La défranquisation totale peut s’accélérer, si les Espagnols s’en mêlent vraiment.


Voir en ligne : https://www.humanite.fr/blogs/espag...

   

Un message, un commentaire ?

Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

Connexions’inscriremot de passe oublié ?