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Que disait Maurice Thorez le 26 avril 1936, à Radio Paris ?

lundi 20 février 2017 par R. Malcles

A la veille du premier tour des élections de 1936 qui verront la victoire du Front populaire, Maurice Thorez, s’adresse aux travailleurs de France et les appelle à rejoindre le parti communiste. Il s’adresse d’abord aux travailleurs catholiques : 
« Nous te tendons la main, catholique, ouvrier, employé, artisan, paysan, nous qui sommes des laïques, parce tu es notre frère, et que tu es comme nous accablé par les mêmes soucis. »

De nos jours, cet appel est cité à de multiples occasions, bien qu’on ne puisse dire qu’il soit encore d’une actualité cruciale.
En 1936, la croyance et la pratique religieuses restaient très fortes, surtout dans les zones rurales. La hiérarchie catholique soutenait massivement des idées de droite ou d’extrême droite. En 1940, tous les évêques soutinrent Pétain et le vichysme, et rares furent ceux qui s’exprimèrent contre la déportation des juifs.

Monseigneur Saliège, évêque de Toulouse, fut l’un des rares à protester publiquement dans une lettre pastorale qu’il fit lire en chaire par ses curés, en 1942. Pourtant, deux ans plus tôt, le même déclarait : « Pétain c’est la France, et la France c’est Pétain »…

La guerre et la libération changèrent les choses. Nombreux furent les catholiques « d’en bas » à rejoindre la Résistance et à se reconnaître dans les positions de « Témoignage Chrétien ».

Aujourd’hui, il en va différemment. La croyance religieuse catholique reste la plus importante, mais cela dans une France où les incroyants sont majoritaires, et où certaines pratiques religieuses, mariages, enterrements, relèvent plus de traditions locales ou familiales que de véritables actes de foi. La hiérarchie catholique, elle aussi, a bien changé. Elle défend souvent des idées plus progressistes que celles de ses ouailles.

Mais le discours de Maurice Thorez comportait, juste après cet appel aux catholiques, un autre paragraphe qui lui est (systématiquement ?) omis de nos jours.
Il mérite pourtant d’être cité, son actualité est brûlante.
 « Nous te tendons la main, volontaire national, ancien combattant devenu croix de feu, parce que tu es un fils de notre peuple, que tu souffres comme nous du désordre et de la corruption, parce que tu veux, comme nous, éviter que le pays ne glisse à la ruine et à la catastrophe ».

Le PCF, par la voix de son secrétaire général, ne craignait pas alors de s’adresser aux travailleurs tentés par le vote en faveur de l’extrême droite.

Combien parmi les électeurs de la famille Le Pen sont de vrais fascistes ? N’est t’il pas un peu simpliste de ne trouver comme explication au vote en faveur du FN que la xénophobie et le racisme ? D’autant que toutes les études montrent que le racisme est bien moins répandu aujourd’hui qu’il y a cinquante ou soixante ans. En témoigne, entre autres, le nombre très important de mariages où l’un des conjoints est d’origine européenne et l’autre d’origine africaine.

Combien, parmi les électeurs du FN souffrent du chômage, de la précarisation à outrance, du « désordre et de la corruption »  ? Combien sont-ils à vouloir « éviter que le pays ne glisse à la ruine et à la catastrophe » ?

La bourgeoisie casse l’emploi et les services publics, elle développe le chômage massif, la précarité. Elle met les salariés en concurrence pour obtenir un emploi, disposer d’un logement, accéder aux services publics. Elle glorifie le chacun-pour-soi, favorise les éléments de division, de rejet, et les conflits entre travailleurs, au détriment de la solidarité et du commun combat. Plutôt que de créer des emplois pour tous en développant l’économie nationale, la bourgeoisie aidée de l’État, invite les chômeurs à savoir présenter de beaux CV, et à se disputer les emplois dont elle estime avoir besoin pour accroitre ses profits.

S’adresser aux éventuels électeurs du FN ne consiste pas seulement à leur dire qu’ils ont tort, que ce qu’ils font ou risquent de faire n’est pas bien !

Pour regagner le soutien de ceux qui, au sein du peuple, sont tentés par le vote FN, et plus nombreux encore par l’abstention, il est indispensable de développer un programme de rupture totale avec le capitalisme et l’abandon national.

Il ne faut pas craindre de mettre en avant la revendication de souveraineté populaire, au lieu de privilégier des demandes totalement irréalistes telles que : « changer l’Union européenne » ou « réorienter la BCE ». L’Union Européenne, la BCE, ont été mises en place pour défendre le capitalisme, et briser toute tentative de réformes en faveur de ceux qui produisent la plus-value. Comment imaginer un seul instant que cette Union européenne puisse faire le contraire de ce pour quoi elle a été créée ?

Le peuple français, celui que chante Jean Ferrat, celui de Valmy, de la Commune de Paris, du Front Populaire, des Brigades internationales, de la Résistance est disponible pour de vraies coopérations internationales, économiques ou politiques. Il montre tous les jours son attachement à l’internationalisme : ses actes de solidarité avec les migrants en sont un exemple. Mais il veut décider librement de son destin. Il refuse d’obéir aux technocrates de Bruxelles, agents du capitalisme mondialisé, camouflés derrière un « Peuple européen » qui n’existe pas.

Ce peuple français n’a rien à voir avec celui qu’imagine la famille Le Pen, elle qui manipule la laïcité pour en faire de la musulmanophobie, et ne cherche qu’à développer et utiliser les bas instincts en détournant une colère, elle bien légitime, au seul profit du maintien du capitalisme.

La Nation, faut-il le répéter encore et encore, est le lieu le plus pertinent (le seul ?) pour réaliser un changement radical. Ce changement radical, intervenu dans un pays, peut ensuite se diffuser, se propager ailleurs dans le monde, comme l’histoire l’a montré. Mais cela ne peut être décidé par en haut, de l’extérieur. Il appartient à chaque peuple d’en faire le choix.

Alors, avec Jaurès, n’oublions pas que « si un peu d’internationalisme éloigne de la patrie, beaucoup y ramène », et rêvons un peu : quelle serait la situation politique dans les pays d’Europe et au-delà si l’an dernier, au lieu de se coucher devant la Troïka, le chef du gouvernement grec, Alexis Tsipras, fort du soutien de son peuple, exprimé par référendum, avait résisté ?

La situation économique et sociale des Grecs serait-elle pire qu’aujourd’hui ? Certainement pas ! Par contre, cette résistance du peuple d’un petit pays, bien déterminé à en finir avec l’exploitation, aurait, très certainement, entraîné une formidable vague de solidarité et de soutien partout en Europe et ailleurs dans le monde.

La face du monde en eut peut être été changée !...

   

Messages

  • 1. Que disait Maurice Thorez le 26 avril 1936, à Radio Paris ?
    21 février 2017, 08:45 - par Jean pierre de Lacruz


    Le texte ci dessous laisse entendre une convergence entre les travailleurs qui votent lePEN et ceux qui s’abstiennent au nom des " tous pourrit "
    Une deuxieme catégorie s’abstient par refut , de cette mascarade démocratique, pour ceux la ,c’est mon cas , voter pour le " moins pire " c’est cautionner le système, et par la même trahir la confiance de ceux que l’on est censé représenter.
    A mon sens expliquer sans relâche que seule la LUTTE DES CLASSES peut nous amener a un changements, est la position que doit avoir un communiste.


    Pour regagner le soutien de ceux qui, au sein du peuple, sont tentés par le vote FN, et plus nombreux encore par l’abstention, il est indispensable de développer un programme de rupture totale avec le capitalisme et l’abandon national


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