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Zemmour et l’histoire de France

mardi 16 octobre 2018 par Francis Arzalier (ANC)

Comme à chaque rentrée littéraire ou presque, un nouveau best-seller d’Eric Zemmour se répand sur les étalages des libraires et des super-marches. Éric Zemmour se vend bien, et ses éditeurs en quête de profits lui font à chaque fois un lancement publicitaire sans lésiner sur l’investissement

Littérature de gare, sans intérêt aucun, diront certains, myopes au point de confondre le divertissement anodin qu’on demande au dernier polar avec les discours foncièrement politiques à l’usage des foules françaises.

Car notre Zemmour, qui fit son trou dans l’opinion par la télé, est parvenu à devenir un des maîtres à penser de millions de lecteurs, un idéologue réactionnaire et populaire à ne pas négliger, l’équivalent en 2018 de ce que furent Rivarol ou Xavier de Maistre il y a deux cent ans, Drumont ou Charles Maurras au XXeme siècle.

Chaque époque, certes, à les penseurs qu’elle mérite : la notre, vouée au langage rudimentaire des SMS et aux pensées plus courtes encore, ne laisse guère de place à ce que furent pour nos aïeux un Sartre ou un Malraux.

Ceci dit, le bougre ne manque pas de quelques dons d’écriture, et des vertus d’un polémiste, qualités devenues bien rares en notre époque d’Ennarques connectés. Mais ces qualités sont au service d’obsessions contre-révolutionnaires et xénophobes, et d’une telle indigence de raisonnement que le danger est grand d’en sous-estimer l’influence.

Car notre penseur adapté aux comptoirs de bistrots ne manque pas d’ambition : son dernier livre, en 800 pages, réécrit l’histoire de la France, sa France, nationaliste, supérieure à toute autre nation et culture, " blanche et catholique ". Ce qui ne manque pas de paradoxes, venant d’un descendant de ces Juifs d’Algérie, transformés en citoyens français par la colonisation.

Zemmour réfute au demeurant le Sionisme, se dit de " culture française(?) " exclusive, et ne reconnaît comme vertus à l’État d’Israël que d’être militarisé, conquérant, et sur de sa supériorité, toutes qualités que la France actuelle a, selon lui, perdues.

Son récit de l’histoire de France, qu’il présente comme en rupture totale avec " les historiens", " universitaires" et autres professionnels qu’il dit mépriser ( ces intellectuels, " élites " corrompues selon les beaufs d’extrême droite ) est cependant très inspiré de celle élaborée par les Nationalistes, républicains ou catholiques, du XIXeme siècle : une galerie de personnages mythifiés, censés démontrer l’existence de la nation-France depuis la fin de l’Antiquité : Clovis, premier roi catholique "de France", Roland a Roncevaux, Saint Louis, " le roi juif"(!), le Grand Ferré et ses coups de bâton, le Cardinal de Richelieu grand réducteur des protestants, j’en passe et des meilleurs, qui furent il y a un siècle les " grands" hommes offerts en pâture à la vénération des enfants des écoles en guise d’histoire des Français.

Zemmour énumère à leur sujet les anecdotes, plus ou moins crédibles : l’essentiel n’est il pas de prouver la véracité de quelques idées rances, des obsessions qu’il prend pour une version nouvelle de l’histoire. Selon cette vulgate "zemmourienne", la France catholique et monarchiste était constituée en race et en culture avec le Roi des Francs, s’est affirmée contre l’Allemagne et l’Angleterre et surtout contre l’Islam maléfique avec Charles Martel.

Car le fil rouge de ces élucubrations au fil des siècles est la définition de l’identité-France par son irréductible opposition aux méchants musulmans. Jusqu’à nos jours, bien sûr, où, comme chacun sait, elle est menacée de submersion par les immigrés musulmans. Cette énormité xénophobe, que notre "historien" révisionniste déploie en même temps que les politiciens qui l’utilisent, de Marine Le Pen a Wauquiez, relève de la vieille pensée coloniale en usage vers 1900.

Seul changement, Elle était alors portée par Drumont, députe des colons d’Algérie, et la submersion menaçante était celle des Juifs, les Arabes vaincus ne constituant plus alors une menace.

Ne sous estimons pas ces contre-vérités. "Mein Kampf" paraissait aussi aux lecteurs cultivés de 1930 un tissu d’âneries méprisables. On sait ce qu’il en fut par la suite.

   

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