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La question social-démocrate

samedi 4 mars 2017 par Pierre Martin

Une intéressante et un peu vaine polémique s’est engagée sur les réseaux sociaux d’obédience communiste à propos du soutien à Mélenchon, ou à Hamon, ou la possible candidature « Chassaigne » et le programme « démocratique » proposé par le PCF. La « bolcho-sphère » se déchire sur la question de savoir qui soutenir.

Je retire volontairement de ma réflexion la question Macron, puisqu’on a clairement à faire ici à un cas de figure où la forme d’expression de droite du social- démocratisme appelé social-libéralisme vire à un cas classique d’expression de « parti » totalement bourgeois et pros capitaliste.

A chacun son programme réformiste :

Est-on bien sûr de partager ce constat commun que dans les 3 cas, nous avons à faire à trois expressions d’un même programme réformiste de nature social-démocrate. Et si oui, quelle attitude communiste doit-on mettre en avant pour la reconstruction d’un parti révolutionnaire.

De quoi Mélenchon est-il le nom :

Il est le nom d’un radicalisme social-démocratisme produit d’une partie de la gauche de l’ancien P.S auquel se sont ajoutés une partie de l’extrême-gauche et du mouvementisme sous influence du souverainisme. Il s’agit pour ce courant de refonder un social-démocratisme « révolutionnaire », tel qu’il existait il y a un siècle à la veille de 1914 dans la S.F.I.O et qui voyait cohabiter dans la même maison, républicains, sociaux-démocrates et potentiels « communistes ».

En ce sens ce projet est la traduction réelle et non simplement formelle (comme l’exprime les pseudos courants à l’intérieur du P.O.I) du projet de l’aile souverainiste du trotskisme, dit lambertiste, de faire vivre en une même organisation tous les courants du mouvement ouvrier (anarchistes, communistes, sociaux-démocrates, trotskistes) avec un ajout particulier les mouvementistes du sociéto-social (dont bon nombre d’écolos alternatifs). Ce projet correspond à un besoin réel de la petite bourgeoisie radicalisée d’assurer sa victoire idéologique définitive, sur l’aristocratie ouvrière dont le PCF des années 30-70 a été le représentant objectif, avant que lui aussi ne bascule du côté de cette même petite bourgeoisie, ce que traduit la "désouvriérisation" de sa base militante et surtout celle de sa direction.

(Il faut toujours avoir en tête que l’une des explications de la virulence de la crise que traverse la gauche de gauche, tient au fait qu’aujourd’hui elle se bat pour le partage du même « fromage » électoral, le payé prolétaire (non propriétaire des moyens de production) mais non-exploité (non ouvrier) constitué des gros bataillons de la fonction publique, des employés et cadres moyens des activités de service. Ce fromage est aujourd’hui en pleine crise, car remis en cause par la mondialisation qui veut en diminuer le nombre et le soumettre au procès d’exploitation.)

De quoi Hamon est-il le nom :

Il est le représentant de l’autre partie de la gauche social-démocrate qui s’est toujours battue pour l’accord programmatique et tactique avec le centre gauche du parti ce qui représente la tendance majoritaire du P.S d’Epinay. L’alliance de l’aile gauche avec les aubristes de la fédération du nord, les amis de Pierre Maurois. Cette fraction est l’expression majoritaire des élus de base du P.S. Elle maintient la tradition de l’Union de la Gauche issu du programme commun d’une gestion partagée avec le P.C en matière de collectivités locales.

Ce n’est que sous le coup de la mondialisation que cette tendance majoritaire a cédé à son aile droite, espérant éviter ainsi une montée des antagonismes de classe qui l’aurait obligée à se radicaliser dans un sens ou dans l’autre.

Quant au PCF :

Son programme proposé est un ersatz du Programme Commun et qui vise comme pour l’aile gauche du P.S a rassemblé la gauche, comme on disait dans mon jeune temps, c’est un programme démocratique s’adressant aux plus larges masses populaires.

J’écoutais il y a peu sur France Inter un « carnet d’histoire » qui faisait référence à 69 et aux élections présidentielles. Déjà par la voix de Jacques Duclos, s’exprimait le souhait pour la direction du PCF d’une alliance avec le parti socialiste et Duclos de déclarer « je me présente à vos suffrages parce que nous ne sommes pas parvenus à un accord ». La volonté d’accorder la première place à la social-démocratie remonte donc à loin.

Je pense qu’elle remonte pour moi à l’après- guerre et à la volonté de Thorez d’imposer le PCF comme parti « de gouvernement », autrement dit comme parti s’inscrivant dans le jeu « démocratique » des alternances, du fait du partage de Yalta et du fait que suite à la résistance l’idée d’une impossible prise du pouvoir par une direction révolutionnaire s’était imposée à la tête du PCF.

Mais il faut aussi interroger l’avant guerre, la réalité de l’alliance antimonopoliste du Front- Populaire son démocratisme républicain basée sur un souverainisme social qui a vu des progrès sociaux être réalisés par l’unité des radicaux-socialistes (républicains) des sociaux démocrates et des communistes, mais pour un programme social-démocrate, d’acquis et de défense de droits. C’est cette réalité qui a conforté l’idée que sans alliance des forces de gauche il n’y avait pas de victoire possible.

Cette idée d’accorder la première place à la social-démocratie est, elle- même, au cœur du revirement stratégique de Lénine de 1922 avec la mise en place du Front-Unique. Pour mettre fin à l’isolement du courant communiste, il souhaite faire l’alliance avec les travailleurs sous influence de la social-démocratie, mais sans la réaliser avec sa direction.

Or cette représentation des choses n’a jamais fonctionné, les masses socialistes ne se sont jamais détournées de leur direction idéologique. Quand elles se sont opposées à sa dérive social-libérale, elles se sont essentiellement réfugiées dans l’abstention. Dès lors que l’unité d’action ne fonctionnait pas sous direction communiste, l’idée s’est imposée qu’il convenait de laisser place à la direction social-démocrate en essayant de sauver ce qui peut l’être à travers des accords de gouvernement locaux (communes, départements) ou nationaux.

Cette idée a d’autant plus fait son chemin en Occident, que c’est effectivement bien une période « socialiste » qui doit suivre la rupture ou l’aménagement du capitalisme. Si c’est le socialisme qui doit suivre, pourquoi ne pas accorder la première place à ceux qui en sont les représentants, notre tour viendra plus tard. Voilà en gros le non-dit de toute cette histoire.

Aujourd’hui nous atteignons un seuil. La crise s’est approfondie, moins pour la social-démocratie que pour le courant communiste qui n’est pas sortie de ce labyrinthe et qui aujourd’hui a diminué en influence jusqu’à être l’ombre de lui-même.

La social-démocratie en crise :

Combien de fois ne nous sommes pas réjouis de la crise de la social-démocratie. En crise en 1920 après la trahison de 14, en crise à la fin des années 30 avec son refus de l’unité d’action, en crise durant la seconde guerre avec sa soumission à la bourgeoisie collaboratrice des « pleins pouvoirs » ou devenue résistante « bourgeoise » pour freiner le passage à la lutte armée des milieux populaires, en crise à la libération, en crise pendant les luttes d’indépendances nationales, en 68, etc. etc.

Quand la social-démocratie n’a-t-elle pas été en crise ? ! Ce qui parait fascinant c’est cette plasticité sans arrêt à renaître, d’un moment historique où on la croit totalement morte.

C’est qu’elle est en réalité l’idéologie spontanée du plus grand nombre, elle est la quintessence de l’idéologie petite- bourgeoise. « Révolutionnaire » quand elle se réfère aux droits, capitaliste quand elle se veut entreprenante.

La nouvelle crise qui aujourd’hui l’affecte va-t-elle la conduire à disparaître ?

Franchement je ne le crois pas, la bête bouge encore, et je dirais même plus, de sa « crise » elle a produit deux petits la « France- Insoumise » et son opposé sous la forme social-libérale le projet Macron. Elle occupe donc tout l’espace à gauche en s’étant déployée sous ses trois formes. Sous la forme institutionnelle du P.S avec le projet Hamon, comme gauche radicale avec Mélenchon et comme post social-libéralisme avec Macron.

Quant au projet de l’actuel PCF en quoi fait-il vraiment rupture ?

Qu’est-ce qui est en crise réelle et sérieuse : le projet communiste, là dessus nous sommes tous d’accord mais nous n’avons pas progressé d’un iota en terme de mise en application.
Si, nous savons au moins une chose, c’est que quand des partis frères ont pris le pouvoir, ils ont installé ou cherché à installer le « socialisme » et que cette expérience, les a fait en grande partie mourir.
Alors le « socialisme » : une expérience à généraliser ou une contradiction à surmonter ?

Quant à la crise définitive de la forme P « C » F elle me paraît bien engagé, mais si la social-démocratie paraît doué d’une formidable plasticité, lui semble en incapacité à se renouveler.

Pourtant est-on bien sûr que de sa disparition surgirait un authentique parti communiste en capacité d’action, et pas un émiettement encore plus dramatique pour notre peuple.

Très objectivement et refusant de renoncer à un pouce de la doctrine, je ne vois autour de moi ce courant de force qui pourrait déboucher sur une telle renaissance. J’ai bien peur que derrière la disparition du PCF, il n’y ait pas grand-chose qui surgisse. Des courants forts bien structurés et charpentés d’explications de la crise historique du mouvement ouvrier son présents dans notre environnement depuis près d’un siècle : Communistes Libertaires, Gauchistes, Trotskistes, Marxistes-Léninistes (Soviétiques, Albanais, Chinois) etc.

Aucun n’a pris la place du PCF et semble en mesure de la prendre. Alors achever la « bête » pour ma satisfaction personnelle, je n’en voie pas l’intérêt. Si c’est pour ne laisser subsister, comme partout en Europe, qu’un marais social-démocrate et une myriade de corpuscules gauchistes.


Voir en ligne : http://debatco.wixsite.com/debatcom...

   

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