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Il n’aime pas les vieux...

dimanche 25 novembre 2018 par René Matéos

Pour Jupiter (ce dieu romain qui veut gouverner la terre et le ciel ; rien que ça !), les vieux sont trop nombreux, mettent en péril le budget du pays et aggravent la dette. Pourtant, après les terribles saignées de la Grande Guerre et de la Seconde guerre mondiale, les gouvernements de l’époque avaient félicité les parents ayant donné naissance à plein d’enfants. Le baby boom était encensé, il allait permettre à la France de se relever.

Soixante-dix ans plus tard, les discours ne sont plus les mêmes. Le pouvoir répète que les retraités ont « un pognon de dingue », qu’ils sont trop nombreux, qu’ils coûtent cher à la Sécu et aux caisses de retraites. Alors, comment saigner les vieux ?

Jupiter et ses acolytes ont trouvé le truc : les dépouiller lentement mais sûrement...en les frappant au portefeuille autant de fois que nécessaire... jusqu’à en faire à nouveau des pauvres !

D’abord, il faut les culpabiliser. Les médias savent faire ce boulot-là. Faisons leur confiance ou à cet inénarrable député macronien : « les vieux ont plus de patrimoine que les jeunes actifs ». Je suis tenté de lui répondre : encore heureux qu’après une vie de travail ils aient pu avoir un patrimoine, généralement modeste d’ailleurs, acquis grâce à un prêt bancaire remboursé en 25 ans ! Car si toi, un jeunot de 30 ans, tu avais plus de patrimoine que les vieux, c’est que tu serais né dans une famille du CAC 40.

La grande famille des premiers de cordée !

Ensuite, il faut monter les jeunes actifs contre les vieux. Jupiter sait faire. C’est vrai, payés au lance-pierres et sous contrats précaires, les jeunes peinent à s’installer dans la vie. Mais les jeunes qui travaillent ne sont pas sots, ils ont besoin plus que jamais de leurs parents devenus certes vieux, mais aussi et surtout grands-parents. Ce sont eux qui vont se substituer à la crèche qui n’existe pas dans leur quartier ou la petite commune rurale sans moyens...

Et c’est n’est pas tout : ils aident financièrement enfants et petits-enfants.
Il y aurait beaucoup à dire sur l’aide apportée par les vieux au bénéfice des jeunes et de la société en général (soutien scolaire, bénévolat, vie associative). Cette attaque frontale est d’une grande bêtise et d‘une ignorance crasse de la société française d’aujourd’hui.

Puis, il faut attaquer frontalement leurs revenus. L’augmentation de la CSG, seulement pour les retraité.e.s « aisé.e.s », - mais attention, pour Macron on est aisé à 1 200 € par mois. Chiche, président, je te donne 1200 € et tu nous montres comment vivre dignement avec une telle somme – certes, la CSG touche tout le monde, mais le taux majoré retraités, est un coup de poignard dans le dos du contrat social et dans celui de l’Histoire.

On a aimé le baby-boom, on hait le papy-boom. La République En Marche veut faire place nette. Et ce taux spécifique n’est pas anodin : le montant mensuel porte un vrai coup (et est un vrai coût) au niveau de vie. C’est pourtant la masse des vieux qui fait tourner une bonne part de l’économie : il suffit de voir le nombre de cars de tourisme qui déversent leurs retraité.e.s hors saison dans le sud de la France ou en Corse...les appauvrir, c’est un mauvais coup contre l’économie du pays !

Enfin, il faut désindexer les retraites de l’inflation : c’est le coup le plus dur, pire que l’augmentation de la CSG (+25 %, c’est énorme) , car cela coûte vraiment cher aux retraité.e.s et démontre bien l’intention d’appauvrir les vieux coûte que coûte.

Au nom de la solidarité et de l’efficacité économique, le gouvernement a décidé que les retraites ne seront plus indexées sur l’inflation, alors que celle-ci repart à la hausse. C’est une méthode détestable qui accroît le décalage avec le coût réel de la vie quotidienne. Toutefois, suite au mécontentement général et pour calmer la grogne des retraités, c’est Édouard Philippe, le Premier ministre, qui a annoncé quelques mesures fiscales en faveur de quelques milliers de retraité.e.s.

La masse des retraité.e.s reste injustement « sanctionnée ».

Concrètement, « il faudra être passé pendant deux ans en continu au-dessus du seuil arrêté l’année passée pour être frappé par cette augmentation de la CSG », a expliqué le Premier ministre. La hausse de la CSG s’applique aux retraités dont le revenu fiscal de référence se situe au-dessus de 14 404 euros pour une personne seule, et 22 051 euros pour un couple. Près de 60% des retraités, soit 7,5 millions de personnes, sont actuellement concernés par la hausse de la CSG.

... Mais le lien est durablement distendu entre les retraité.e.s et Emmanuel Macron.

N’oublions pas qu’il y a 16 millions de retraité.e.s et que cette mesure n’est que de la poudre aux yeux.
Et, cerise sur le gâteau, si je puis dire, on ne réindexe pas le taux d’intérêts des livrets d’épargne sur le taux d’inflation. Les retraités d’aujourd’hui ont tous un livret d’épargne. L’objectif est bien d’assécher les vieux – sans jeu de mots - en ne valorisant pas l’épargne populaire.

Et ce n’est pas tout : on apprend par le Premier ministre que la pension ne serait plus un droit mais relèverait de « l’allocation d’aide sociale ». De qui se moque-t-on ? La pension est un droit acquis par les cotisations versées pendant une vie de travail.

« En même temps les retraités constatent que tout ce qui est pris dans leur poche sert à financer les promesses électorales et les cadeaux aux plus riches. Le C.I.C.E., les exonérations de cotisations patronales etc. n’ont pas vu les créations d’emploi correspondantes. De plus en plus, ces transferts vont directement dans les portefeuilles des principaux actionnaires, puis dans la spéculation et dans les paradis fiscaux... »

Suppression de l’ISF : perte pour l’État entre 4 et 5 milliards d’euros.
Augmentation de la CSG des retraité.e.s : gain pour l’État environ, 4,5 milliards d’euros.

Conclusion : les retraité.e.s financent les riches ! Au nom de la fumeuse théorie libérale du ruissellement selon laquelle « plus les riches s’enrichissent , plus leurs poches débordent et plus les picaillons tombent en averses généreuses sur les plus pauvres [1] ».

On apprend aussi que la pension de réversion est fortement menacée de disparition. Intolérable ! Jusqu’où iront-ils ?

Aujourd’hui, force est de constater que ce pouvoir n’aime pas les vieux. La grogne de cette catégorie sociale s’ajoute à d’autres revendications, et commence à inquiéter le pouvoir. Car les élections européennes approchent et les vieux qui, eux, votent, à défaut de descendre en nombre dans la rue, pourraient donner leurs voix à d’autres partis et infliger un premier vrai revers électoral au pouvoir en place.

Source :OFCE - Le Figaro Economie


[1extrait du Canard enchaîné » du 31 octobre 2018.

   

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