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Le père UBU aurait-il envahi la France ?

mercredi 1er novembre 2023 par Francis Arzalier (ANC)

Il fut un temps, il y a bien longtemps, où la France était représentée aux yeux du monde par des politiciens qui avaient souvent tort, parfois même racistes, méprisants les peuples africains qu’ils avaient soumis par canonnades et tortures. Mais on ne pouvait leur dénier les qualités qui font l’Homme d’État, une vision pour leur Nation et pour le monde, une logique dans leurs actes et leurs propos. Ils se nommaient Mendés-France, ou De Gaulle, et se faisaient respecter des autres décideurs du Globe, parce qu’ils savaient dire NON aux « Maîtres » de Wall Street et de la Maison Blanche.

On se souvient encore du Grand Charles allant déclamer à Phnom Penh le droit des peuples d’Indochine à l’indépendance et la paix, quand les bombes américaines tombaient sur Hanoï. Et même de ses disciples Chirac et De Villepin, expliquant à l’ONU que les prétendues « armes massives » irakiennes étaient un prétexte-invention des espions du Pentagone.

Nous les combattions, certes, sur d’autres sujets. Mais nous ne pouvions nous empêcher de partager avec le monde entier une certaine admiration, quand ils avaient le culot à la face du monde, de dire à Monsieur Bush ce qu’avait clamé Robespierre en 1792 : « les peuples n’aiment pas les missionnaires bottés ! »

Puis vint le temps calamiteux où les fils de cette bourgeoisie française, jusque-la encore nationale, se découvrit avec Giscard et Sarkozy une âme « mondialiste » : les yeux rivés sur la « culture » frelatée des sièges sociaux de Manhattan où Silicon Valley qui géraient leurs investissements, entre deux destructions d’emplois industriels de France, délocalisés vers les bas salaires exotiques, ils devinrent béats d’admiration pour ces maîtres États-uniens de l’Univers, ou qui croyaient l’être. chantre de l’OTAN et de ses œuvres stratégiques contre les « ennemis de l’Occident démocratique », selon la formule consacrée à Tel Aviv par les colons israéliens et à Paris par leur admirateur BHL, philosophe des Beaux Quartiers parisiens.

L’aboutissement de cette « stratégie » d’allégeance fut en 2011 l’écrasement de l’État national libyen par les Rafales de Sarkozy, sous le couvert de l’OTAN et des intégristes-Islamistes du Qatar, couronné par le lynchage de Khadafi, le même chef libyen qui avait financé son élection « démocratique ».

Depuis, de Président hargneux en Président « comme tout le monde », se sont succédé à l’Élysée des supplétifs de Washington, qui, de défaite au Sahel en reculade partout ailleurs, donnent de la France l’image d’une Puissance en déclin, dont l’industrie se limite de plus en plus à la production et la ventes d’armes, et dont la diplomatie est de plus en plus secondaire.

Mais nous n’avions pas touché le fond, qui vint avec l’élection présidentielle de Macron, sous-produit amiénois de cette bourgeoisie française, s’exprimant plus volontiers en globish américain qu’en langue française, et imprégnée des dogmes les plus égoïstes du Libéralisme, c’est à dire la liberté laissée aux détenteurs du capital de disposer à leur guise des biens, des marchandises et des hommes, soit de tirer profit du fruit de leur travail, au détriment des nécessités de services publics.

Un élément nouveau apparaît depuis l’accession de Macron à la charge suprême, accompagné d’une cohorte de copies conformes hommes et femmes, tous taillés sur le même modèle : des jeunes hommes cravatés et revêtus de costumes sombres de tailleurs professionnels, des jeunes femmes à l’élégance très Seizième.

Tous formatés par les mêmes écoles bourgeoises, de l’Alsacienne à l’ENA, de Sciences Po à celles de journalisme, des dizaines de cénacles clos où l’on apprend à penser libéral quel que soient les questions et les contingences politiques, à s’exprimer longuement en public ou devant un micro-caméra, quel que soit le sujet et l’ignorance qu’on en a…Dans cette armée de clones de Macron, qui peuplent nos infos-télé, les bancs ministériels et forment les grands prêtres du discours, des propagandistes sans scrupules excessifs à la pelle, mais aucun Homme ou Femme d’État méritant le respect que le monde avait il y a trente ans pour ceux qui incarnaient peu ou prou notre Nation.

Ces temps derniers, l’effondrement de ces « Élites françaises » ajoute souvent l’incohérence à l’agitation verbale. À commencer par le Président Macron, qui, à l’issue de son deuxième mandat, obtenu parce que la majorité des Français ne voulaient pas d’une Présidente d’extrême-droite, a réussi à devenir le plus impopulaire des dirigeants du Monde occidental.

Il se répand en allocutions creuses d’une chaîne de télé à l’autre, ponctuées des pensées profondes de son épouse-professeure Brigitte, la fine fleur des établissements scolaires privées de Picardie, et des foucades de son poulain électoral pour les prochaines présidentielles, Darmanin, premier flic de France, qui en remontre aux fascistes italiens et français en matière de sécurité : dans cette optique, ils vomissent de fines allusions aux dangers qui nous guettent, les migrants musulmans envoyés par de méchants russes, complaisamment aidés par d’incontrôlés associatifs et des juges gauchistes, par les jeunes Beurs des banlieues qui font des actes antisémites, en un mot par « des Arabes » qui n’ont même plus l’excuse d’être français comme en 1960.

Bien sûr, ils ne sont que les maîtres d’ouvrages, les commanditaires du matraquage idéologique quotidien, dont les maîtres d’œuvre, les réalisateurs, sont leurs clones, ceux « journalistes » désignés et « experts » qui contrôlent les médias de France.

Évidemment, ce tsunami médiatique ne va pas sans quelques grossiers dérapages irrationnels, ceux qui le font n’étant pas tous des génies. Certains de notre flore dirigeante y sont plus abonnés que d’autres, spécialisés dans les bourdes qui font s’esclaffer aux quatre coins du monde, d’autant qu’elles s’accompagnent volontiers de cette « arrogance française », moralisatrice et donneuse de leçons, que l’on supporte mal d’une puissance en déclin.

Dans ce registre, l’ineffable Darmanin n’en rate pas beaucoup. La plus fâcheuse ce mois- ci fut sa sortie télévisée contre Karim Benzema, le loubard de banlieue propulsé vers la célébrité et la richesse par son aptitude à taper un ballon, qui joue aujourd’hui au Qatar, cette monarchie gavée de fric par son sous-sol, qui en fait profiter les djihadistes-islamistes un peu partout, des insurgés pro-occidentaux en Syrie aux groupes armés du Sahel, et jusqu’aux commandos du Hamas de Gaza, au détriment des mouvements laïques de la Résistance palestinienne.
Et avec la bénédiction du Quai d’Orsay…

Notre Darmanin s’est offert le luxe de dénoncer Benzema, comme « proche des Frères Musulmans » ( ! ) qui sont pourtant interdits au Qatar. Pour certains princes autrefois, « Paris valait bien une messe », pour notre fanatique de la répression, « un dangereux arabe en vaut un autre … »
Qui, parmi ses potentiels électeurs, saurait situer le Qatar, cet « ami de la France » ?

Autre imbécillité d’inspiration sécuritaire, sur un contexte tacite de présupposés anti-musulmans, le projet de faire réaliser par les chefs d’établissements scolaires et professeurs un « fichier des élèves en voie de radicalisation » !
Une énormité qu’aucun pays n’a pour l’instant osé instaurer. Ce projet de flocage, a de quoi étonner, venant d’un pays qui a inventé les « Droits de l’Homme et du Citoyen « en 1789 », et reconnu les Droits des Enfants il y a quelques décennies. Étonnant à la fois par le fichage préventif des enfants, et par le rôle de garde-chiourme demandé à des fonctionnaires dont la mission est d’instruire et éduquer de futurs citoyens. La décrépitude ambiante de la raison contamine bien des esprits qu’on n’attendait pas dans ce cortège.

Dupont-Moretti, qui fut en d’autres temps un avocat respectable, n’est plus sur ce sujet que la lamentable caution de la bande à Macron. Collé à son fauteuil ministériel comme une moule à son rocher, il n’a rien trouvé à redire au fichage d’enfants et en a au contraire ajouté une couche en prônant des punitions financières pour les parents, auxquels souvent leur misère enlève toute autorité sur leurs gamins !
Ajoutons que ce naufrage individuel s’étend à bien des esprits faibles au large du Pouvoir.
Comment expliquer autrement le silence des syndicats d’enseignants, qui auraient il n’y a pas si longtemps hurlé à juste titre au scandale ?

Macron lui-même et ses sicaires s’agitent sur tous les sujets et en tous sens avec une seule perspective, remonter dans les sondages. Et peu importe pour cela de devoir déroger au bon sens ou à un idéal quelconque, on n’a plus depuis longtemps que des appétits.

Les cerveaux de l’Élysée cherchent ainsi depuis des mois une question qui puisse assurer un oui massif lors d’un référendum : Car loin d’être à tous coups l’expression de la démocratie, ce dispositif référendaire peut restaurer l’image d’un dirigeant discrédité, s’il a l’habileté de poser une question à laquelle personne ne puisse répondre par-là négation.

Ils ont espéré pouvoir le faire en promettant aux élus corses d’inscrire, par référendum ou vote parlementaire, l’existence de l’île française et de ses spécificités dans la Constitution, après avoir durant des années affirmé le contraire.
Qui pourrait être assez borné pour dire non à cette promesse n’engageant à rien ?

Il est prêt à le tenter à nouveau en inscrivant dans la Constitution le droit à l’IVG, déjà légal en France et parfaitement accepté par la majorité des citoyens. Cela ne changerait évidemment rien, d’autant que cette inscription pourrait être annulée par une ultérieure délibération.
Mais quel attardé pourrait dire non à une telle inscription, au risque de supprimer de la loi cette conquête citoyenne ?
Mais nos penseurs Macroniens hésitent encore : le Président est si décrié que les plus lucides d’entre eux craignent qu’une majorité exprime sa colère en disant non dès qu’il pose une question…

Cela n’empêche pas notre pseudo monarque de s’agiter à tout propos pour remonter la pente médiatique, en dépit de toute logique d’approche : c’est ainsi que nous l’avons vu avant hier inaugurer à grand fracas un Institut pour le renouveau de la langue française, à Villers-Cotterêts s’il vous plaît, pour se draper en héritier du Roi Capétien qui en fit sa langue officielle, et en clamant les défauts de l’écriture inclusive. Comme s’il n’était pas, lui, le premier et le seul Président de la France à s’exprimer plus volontiers en rencontres internationales en globish anglo-saxon importé de Wall Street, et l’immortel inventeur du slogan « choose France ! », pour mieux vendre aux capitalistes étrangers, surtout États-uniens, les compétences et les usines de notre Nation.

Dans cette avalanche de battage irrationnel de notre Président, les sommets ont été atteints en matière internationale, à propos de l’Afrique d’abord, de l’Ukraine ensuite, et du Moyen Orient depuis le 7 octobre.
Sommets d’incohérence et de grandes proclamations d’une impuissance ridicule.

D’abord quand les troupes françaises (Barkhane) déployées au Mali, au Burkina, au Niger sous prétexte de combattre les djihadistes sans y parvenir le moins du monde en ont été expulsées par les nouvelles autorités de ces pays. Macron et ses porte-voix de France et d’Afrique (la coalition néo-coloniale CEDEAO) ont eu beau clamer des menaces d’interventions militaires, ils n’ont réussi qu’à ajouter le ridicule à l’humiliation. Macron a été jusqu’à exiger de son Ambassadeur désigné « persona non grata » par les gouvernants africains qu’il reste sur place à ses risques et périls. Bien sûr, ce coup de gueule incongru, totalement inédit en diplomatie jusque-là, n’a réussi qu’à ridiculiser à nouveau la « suffisance française », d’autant plus évidente aux yeux des chancelleries qu’elle n’a plus les moyens de ses ambitions.

Les discours filandreux du Président Macron sur le conflit ukrainien, qui se voudraient humanistes en ne dénonçant les crimes de guerre que quand ils sont russes, s’accompagnaient de postures ambiguës, suggérant que « le Quai d’Otsay facilite les discussions entre bélligérants », alors même que la France fournit aux nationalistes ukrainiens une partie des armes qui leur permettent de continuer la guerre contre Moscou, et que les médias français sous contrôle mènent depuis des mois une campagne anti-russe aux limites parfois du racisme.

Cette transformation de l’appareil médiatique français en machine de guerre est devenue fiévreuse à partir de l’incursion palestinienne en Israël le 7 octobre, incursion certes meurtrière et ternie par des débordements haineux au détriment de civils en goguette. Mais cela ne justifie en rien le flot incandescent charrié par les « experts » Macroniens, contre tous ceux qui osent rappeler que les occupants en Palestine sont les colons israéliens et non l’inverse, et que l’armée d’Israël a déjà tué près de 9 000 civils palestiniens en un mois de bombardements « ciblés », et qu’elle prive d’eau, de nourriture et de soins médicaux deux millions de civils gazaouis, malgré les condamnations de l’ONU et de la Cour Pénale Internationale.

Sans la moindre vergogne, le Président Macron va parallèlement jouer les grands diplomates, en affirmant en Israël son soutien total et que l’objectif français est de vaincre le Hamas comme il a vaincu Daesh ( ! ). Et le lendemain, au Caire et à Amman, où la foule jordanienne l’a conspué, il prône la conciliation entre belligérants. Mieux, il va même jusqu’à ordonner au représentant de la France de voter à l’ONU pour la motion jordanienne exigeant d’Israël l’arrêt des combats ( avec 120 pays d’Afrique, Asie et Amérique, alors que les USA et Israël n’en ont trouvé que 6 pour s’y opposer avec eux ).

Parallèlement, le ministre de la police Darmanin, le poulain de Macron, avec l’approbation de la première ministre et du Président, fait de la France le seul pays occidental qui interdit les manifestations pour la paix en Palestine et l’arrêt des massacres perpétrés par l’État colonial d’Israël.
C’est ainsi que les rues de toutes les capitales d’Europe occidentale, Londres, Rome, Berlin, Madrid, et même les campus des Universités aux USA, ont été parcourues de foules indignées par l’invasion israélienne à Gaza, contrairement à celles de notre pays, muselées par l’hystérie médiatique et la répression préventive.
Le témoignage d’une militante toulousaine est à ce sujet révélateur : « Samedi 25, une centaine de manifestants au maximum…encerclés par 60 CRS… et 50 amendes de 130 euros ! » …

La France 2023 serait-elle tombée aux mains du père UBU ?

Incohérence, incompétence, semblent bien être devenues les deux mamelles de nos « élites » dirigeantes. Comme me le disait un écrivain de nos amis, « la France 2023 est tombée aux mains du Père UBU ! »

Pour les lecteurs qui l’ignorent encore, la pièce de théâtre « UBU ROI « , a été publiée en 1895 par le français Alfred Jarry. On n’a jamais fait mieux dans le domaine du comique de l’absurde que cette satire virulente des politiciens bourgeois, tiraillés entre leur démagogie électoraliste et leurs appétits matériels. Fort imprégnée de l’anarchisme de l’époque, cette œuvre majeure fut admirée des grands intellectuels français des années 1930, surréalistes et communistes, comme Louis Aragon. Et ce texte reste très actuel…

Ne nous leurrons pas toutefois : les discours et les actes de nos Macroniens, fébriles au point d’ouvrir un boulevard électoral aux Droites et Extrême-Droites françaises, sont toujours guidés par la même logique ultra-libérale, qui a fait de notre Nation en dérive la risée du monde, parce qu’elle n’est plus qu’un paillasson de l’Impérialisme États-unien.

02/11/2023

   

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