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Azerbaïdjan : quand les choix politiques et les appétits voraces conduisent à des drames

dimanche 1er octobre 2023 par ANC

Le conflit qui oppose l’Arménie à l’Azerbaïdjan vient de prendre fin (en principe). Tout le monde a conscience de la fragilité de l’accord qui y a mis fin et de la situation dramatique qui est faite à toute une population contrainte à l’exil dans les pires conditions.
Pour l’ANC la situation est claire : dans ce conflit ce sont deux bourgeoisies qui se sont affrontées en utilisant l’arme du nationalisme le plus éhonté pour une guerre dans laquelle aucun des deux peuples n’a rien à gagner.

Dans le livre de témoignages de Svetlana Alexievitch « la fin de l’homme rouge » ‘Actes Sud’, on peut lire (page 355) :
À Bakou, nous habitions dans un grand immeuble. […] Nous vivions tous ensemble, nous formions une grande famille, les azerbaïdjanais, les russes, les arméniens, les ukrainiens, les tatars … Clara, Sarah, Abdullah, Ruben […] Elmir le mari de Sylva était chauffeur de taxi. Elle, elle était arménienne et lui azerbaïdjanais, mais personne ne s’en souciait, je ne me souviens pas qu’on parlait de ça.[…] Tout le monde avait la même nationalité : nous étions tous soviétiques, nous parlions tous russe.[…]

Et il y a eu le coup d’État d’Elsine, et tout a dégénéré … Les conseillés américains de l’alcoolique ont soufflé sur les républiques soviétiques désorientées l’idée du nationalisme étroit, proche parent du capitalisme crapuleux. On en découvre les résultats dramatiques aujourd’hui. (JP-ANC)

Celles et ceux qui n’ont eu de cesse de s’attaquer à l’URSS et se sont réjouis de son effondrement, peuvent aujourd’hui, 40 ans après la chute du mur, en contempler le résultat. De ce point de vue l’Ukraine et l’Azerbaïdjan en sont deux exemples significatifs.

Tant que l’URSS existait, le haut Karabagh était une province (oblast en russe) de l’Azerbaïdjan jouissant d’une certaine autonomie à l’intérieur du pays. La population y était majoritairement arménienne (75%) sans que n’entraine de conflit notoire avec les azéris minoritaires. C’est à la faveur de la pérestroïka, que les responsables de la région d’alors la déclarent en sécession, puis comme république indépendante à la chute du mur, indépendance qui ne sera reconnue ni par l’ONU, ni par aucun pays du monde, pas même l’Arménie.

Voilà ce que nous déclarions le 14 novembre 2020 sur le sujet.

Il faut rappeler que les deux peuples ont vécu en paix pendant des décennies du temps de l’URSS même si sans doute des velléités nationalistes existaient de part et d’autre pour une région enclavée dans l’Azerbaïdjan où les Arméniens étaient majoritaires. Il a fallu la crise finale de la prestroïka puis la chute de l’URSS, l’arrivée au pouvoir de gouvernements suppôts du capital et des intérêts impérialistes antagonistes dans la région pour que les choses s’enveniment.
Si on parle d’épuration ethnique et de la politique azérie dans ce domaine, il faut aussi rappeler que les territoires azéris hors Karabakh occupés par l’Arménie pendant toute la période du "conflit gelé" ont vu la totalité de leur population azérie et kurde expulsée par les Arméniens alors que, au regard du droit international, ce sont quand même des territoires azéris.

Certes les épurations ethniques ont autrefois, au début du XXe siècle, touchés les Arméniens et personne ne va nier les souffrances des Arméniens de la part des Turcs, les cousins des Azéris, mais cela ne légitime pas qu’on fasse la même chose "en revanche" cent ans plus tard.
Comme le disent les communistes arméniens : « En tant que communistes et internationalistes, nous avons le devoir de nous abstenir de considérer la guerre à travers le prisme du nationalisme sentimental. »

Pas plus le gouvernement arménien arrivé au pouvoir suite à une révolution colorée "sorosienne", que le gouvernement azéri guère plus recommandable, ne porte seul la responsabilité du conflit. Ce conflit tombe en plus "à pic" pour quereller la Russie et la Turquie au moment où un début de solution semblait possible en Syrie du nord.
Et aussi ce conflit rend difficile la poursuite de la construction de la nouvelle route de la soie. D’un côté, on a Israël qui arme l’Azerbaïdjan "pro-turc" et chiite, et d’un autre on a l’Iran islamique et chiite, mais aussi les Kurdes du PKK, qui soutiennent plutôt l’Arménie même si c’est avec des réticences depuis la révolution Soros.

Pour l’ANC les responsabilités dans ce conflit sont partagées et aucun des deux camps n’est sans arrières pensées pas plus que les puissances qui n’ont rien à faire dans la région qui ont mis de l’huile sur le feu pour empêcher les coopérations régionales.

Les deux cartes ci-après (qui ne sont pas à la même échelle) permettent de visualiser les découpages territoriaux suite à l’annexion en 1994 par l’Arménie d’une partie de l’Azerbaïdjan et depuis le cessez le feu du 9 novembre dernier.


Il convient de rappeler la politique menée par le 1er ministre arménien, Nikol Pachinian et ses conséquences lamentables pour le Haut-Karabakh (et l’Arménie elle-même).
Après avoir pris le pouvoir, il a suivi une voie "pro-occidentale", cherchant à resserrer les liens avec l’Occident et "se détournant" de la Russie. Dès février de cette année, le Président a annoncé que l’Arménie participerait à des manœuvres conjointes avec l’OTAN dans le Caucase, il n’est pas nécessaire d’expliquer contre qui ces manœuvres seraient dirigées. Rompant avec la politique des prédécesseurs pro-russes, le Président a également rompu les accords avec l’Azerbaïdjan sur un règlement pacifique du conflit du Haut-Karabakh.

Dans ces conditions, l’ANC fait sienne la déclaration du KKE qui déclare notamment :

  • « La "blessure" qui s’est ouverte avec la dissolution de l’Union soviétique dans les relations entre les deux peuples a été "malformée" encore davantage au cours des dernières décennies, comme le montrent les conflits dans la région du Haut-Karabakh, dus aux intérêts des classes bourgeoises des deux pays, avec l’ingérence d’autres puissances, comme la Turquie qui se déplace militairement aux côtés de l’Azerbaïdjan, les États-Unis, l’UE et la Russie, qui défendent leurs propres intérêts(…) Les peuples d’Arménie et d’Azerbaïdjan, qui paient de leur propre sang la promotion de ces intérêts capitalistes ou d’autres - mais toujours étrangers -, doivent tirer les leçons de leur histoire et faire front à la fois aux interventions impérialistes et aux intérêts des classes bourgeoises. Pour construire leur propre "mur" contre les guerres impérialistes, pour graver une stratégie d’affrontement avec le système capitaliste qui génère des crises, des guerres et des réfugiés. »

Pour l’essentiel cette position est encore actuelle sauf qu’aujourd’hui le nationalisme fait de nouvelles victimes et force est de constater que si un pays n’a pas mis de l’huile sur le feu et a tout fait pour que la paix soit de retour et stable c’est la Russie...
Ce n’est évidemment pas le cas des autres intervenants pour des raisons de route commerciale empruntant le sud de l’Azerbaïdjan et donc source de convoitises multiples.
Plus qu’une guerre ethnique comme cela nous est présenté, il s’agit bien d’une guerre entre intérêts nationalistes dans laquelle des puissances extérieures comme la Turquie et Israël mettent de l’huile sur le feu.

Photo  : Des immeubles endommagés par les bombardements à Ganja, en Azerbaïdjan. PHOTO ASSOCIATED PRESS

   

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