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Rwanda-Grande-Bretagne. Accord de la honte et extrême-droitisation européenne

vendredi 26 avril 2024 par afriqueXXI

Après deux années d’atermoiements, de recours en justice, de condamnations d’à peu près toutes les organisations de défense des droits humains du monde, la Grande-Bretagne a adopté une loi indigne : des demandeurs d’asile entrés illégalement sur le territoire pourront être déportés au Rwanda, à plus de 6 000 kilomètres, en plein cœur de l’Afrique centrale.

Après avoir fui la guerre et la misère, traversé des déserts, connu les geôles libyennes, avoir vu certains de leurs compagnons de fortune mourir en mer Méditerranée ou dans la Manche, après avoir endetté leurs familles restées au pays et subi la traque sans relâche des polices européennes, des hommes, des femmes et des enfants devront tout recommencer de zéro dans un pays inconnu.

Certes, la dernière mouture du texte adopté par les deux chambres parlementaires britanniques le 22 avril, tard dans la nuit, apporte quelques garde-fous : un recours pourra être effectué devant la justice avant leur déportation (la décision devra être rendue en vingt-trois jours) et le candidat à l’exil ne pourra pas être renvoyé dans son pays d’origine. Il recevra aussi 3 000 livres (environ 3 500 euros) – bien moins que la somme totale que la plupart d’entre eux ont dépensée pour rejoindre les côtes anglaises.

À Kigali, où ils seront logés dans le Hope Hostel, les autorités rwandaises étudieront leur dossier.
Deux choix s’offriront à eux : rester au Rwanda dans le cadre d’un programme spécifique d’intégration, ou tenter d’obtenir un asile dans un autre pays. Dans le premier cas, le Rwanda recevra 3 000 livres par mois pendant cinq ans pour loger, former ou financer des études et pourvoir aux besoins élémentaires du nouvel arrivant.
Voudront-ils rester ?
Rien n’est moins sûr : cette proposition est déjà faite depuis quelques années à des demandeurs d’asile évacués de Libye et accueillis au Rwanda dans le cadre d’un partenariat d’urgence entre le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies, le Rwanda et l’Union africaine.
Sur les 2 000 réfugiés passés par ce mécanisme, aucun n’a souhaité s’installer au pays des Milles Collines.

Mais il est vrai que, dans ce modèle financé par l’Union européenne à hauteur de 25 millions d’euros pour la période 2022-2026, aucune enveloppe n’est prévue pour soutenir une installation. « L’argent proposé aux exilés venus de Londres convaincra sûrement bon nombre d’entre eux de rester, pense Alain Mukuralinda, porte-parole adjoint du gouvernement rwandais. Avec ces fonds, ils pourront réaliser beaucoup de choses, y compris en faire parvenir une partie à leur famille au pays. »

Au Rwanda, on assure vouloir avant tout « aider ». Même si l’argent versé par Londres (environ 627 millions d’euros pour les 300 premiers réfugiés accueillis) bénéficiera, directement ou indirectement, à l’économie. Surtout, Kigali pourrait s’assurer un soutien indéfectible outre-manche en cas de critique sur sa gouvernance, sur les droits humains ou quant à son implication dans la guerre dans l’est du Congo.

D’autres voix rappellent que le Rwanda est déjà surpeuplé. La croissance démographique de ce pays est impressionnante : d’un peu plus de 5 millions au sortir du génocide des Tutsis il y a trente ans, le nombre d’habitants est passé à 14 millions aujourd’hui. Avant le génocide, alors qu’un peu plus de 7 millions de Rwandais vivaient sur les collines, le régime génocidaire arguait déjà de la surpopulation (à certains endroits, la densité atteignait 400 habitants au kilomètre carré) et du manque de terres pour refuser le retour des exilés.

Aujourd’hui, le pouvoir assure qu’il s’agissait d’une fausse excuse.

En Grande-Bretagne, de nombreuses alertes ont été lancées : les policiers qui devront effectuer la tâche inhumaine de les mettre dans des charters craignent des agressions ; les organisations civiles craignent des suicides ; d’autres encore craignent une augmentation des violences car toute personne ayant un casier judiciaire est exclue de l’accord.
Seul espoir : que la Cour européenne des droits de l’homme bloque les avions et que les élections législatives, prévues au dernier semestre 2024, portent au pouvoir les travaillistes, qui ont promis de mettre un terme à cet accord en cas de victoire.

L’expérience britannique est observée par d’autres pays européens, dans un contexte d’extrême-droitisation du Vieux Continent.
Selon le porte-parole rwandais, des États « du nord de l’Europe » ont pris contact dès le début des négociations avec la Grande-Bretagne, il y a deux ans.

Les pays « riches », devenus perméables aux thèses racistes du « grand remplacement », veulent faire peser la « misère du monde » sur les pays les plus « pauvres » de la planète.


Voir en ligne : https://afriquexxi.info/Charters

   

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