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2023 : une odeur de pourri

mercredi 21 juin 2023 par Francis Arzalier (ANC)

La sentez-vous cette odeur de charognes qui envahit notre pays, vole de LCI en C8, de France 24 à BFM, démarré sur les appels à peine voilés de Zemmour au pogrom anti-immigrés, ronronne ensuite durant des heures en propos bavards « d’experts » qui ne connaissent rien, mais ont appris à en parler durant des heures, puisqu’ils ont été choisis pour ça ?

Un défilé de généraux qui furent de l’OTAN et n’en sont plus que les porte-paroles en retraite, un cortège de jeunes femmes qui alignent sur un ton péremptoire leurs analyses stratégiques, directement calquées sur les cerveaux de la CIA implantés à Kiev, en répétant la blague d’autrefois des humoristes Roger Pierre et Jean Marc Thibault racontant la Guerre de Sécession :

« Si nous, Nordistes, avions été plus nombreux, les Sudistes, on leur aurait bel et bien mis la pâtée ! »

La différence étant qu’ils ne prenaient pas ces propos au sérieux, et leurs auditeurs pas davantage, alors que les divers « experts » qui encombrent nos petits écrans, et obscurcissent l’intellect des téléspectateurs de 2023, sont persuadés d’être de fins spécialistes du conflit d’Ukraine, taisant que des milliers de cadavres parsèment les champs dévastés entre les villages détruits. Pour le profit de qui ? ; demandait il y a bien longtemps Anatole France : une question qui n’effleure plus ni nos « communicants », ni les meilleurs représentants de l’Intelligence francisé, qui semblent avoir perdu tous leurs repères raisonnables, au profit de l’irrationnel belliciste.

Un exemple parmi bien d’autres ?

Erik Orsenna, digne académicien français, qui nous abreuva autrefois de ludiques voyages africains, départis de ce racisme colonial qui imprègne encore trop souvent nos contrées, a sorti récemment une chronique moraliste fantasmée du parcours de l’affairiste breton Bolloré (« histoire d’un ogre « ). Rien à voir, direz-vous, avec la guerre en Ukraine ? Justement, il est révélateur qu’au détour d’une page, notre La Bruyère des beaux quartiers parisiens éprouve le besoin de souhaiter la mort du « monstre Poutine ».
Histoire de s’inscrire dans l’air du temps…

Mais nous n’avions pas encore touché le fond, en matière de manipulation des esprits.

Il nous est arrivé après l’attaque au couteau de poche de jeunes enfants qui n’étaient guère surveillés, dans un jardin public de la bonne ville d’Annecy. Un essai raté de meurtre aussi criminel qu’imbécile, par un SDF syrien réfugié en Suède, après avoir quitté, on ne sait trop pourquoi, son pays meurtri par la guerre.
Comme des millions d’autres.

Il n’en fallait pas plus pour justifier des heures d’antenne, chauffant à blanc une opinion française qui confond volontiers une insécurité quotidienne (réelle, mais gonflée par des médias friands de taux d’écoute). Le SDF coupable, jugé par ses voisins de galère « pas méchant, mais détraqué » , présent légalement en France, puisque titulaire d’un passeport d’un pays de l’UE, n’a pas crié avant son agression l’habituel « Allah Ouakbar », mais a invoqué, paraît-il, Jésus Christ !

Malgré cela, a démarré la machine à décerveler en images et paroles, à commencer par les éructations racistes de Zemmour, sur « l’immigraion incontrôlée qui aboutit aux crimes contre les Français » , constat d’autant plus aberrant qu’un des enfants est britannique et l’autre néerlandais.
On nous rétorquera que Zemmour n’est qu’un fasciste un peu excessif. Mais les centaines de médiocrates télévisés qui font le buzz sur le sujet alors qu’un projet de Macron restreignant l’apport migratoire est en discussion au Sénat, cette Assemblée dominée par la Droite et ses fidèles, encore plus éloignée du « pays réel » que celle du Palais Bourbon.
Une coïncidence, bien sûr !

Mercredi 14 juin, BFM, 13h15 : la belliciste de service s’interroge :« les Russes mènent ils une campagne de désinformation en France ? »
Que peut-on rajouter à ce tsunami irrationnel de pensée belliciste ?

Un capitalisme pérenne, mais toujours différent

Ce sont les symptômes du pourrissement de la société qui est la nôtre : ce début de siècle n’en finit pas de dégorger chaque jour un peu plus ses sécrétions puantes, individualisme forcené, haine et mépris de l’autre, du « looser » qui a mérité d’être pauvre, exploité, dominé, quand d’autres se gobergent de leurs rentes et leur oisiveté.

On nous dira : cet univers de jungle où la loi du plus fort s’impose en drogues quotidiennes, en règlements de compte à la kalachnikov au pied des immeubles livrés aux haines et aux trafics juteux, ce monde n’est pas neuf. Il existait déjà il y a des décennies, quand les plus aisés des Français sont peu à peu devenus seuls habitants des Métropoles urbaines, par la seule croissance spéculative du prix des terrains et loyers, expulsant vers les périphéries abandonnées des services publics, banlieues-ghettos et villages sans âmes, tous les fauchés, les chômeurs, fils d’immigrés et autres besogneux, tout un prolétariat livré à l’insécurité, à l’exclusion sociale.

Il est vrai que depuis des siècles, la France et bien d’autres pays sont régis par le Capitalisme, dont les lois sont toujours les mêmes, et la normalité toujours identique : les uns y possédant les moyens leur permettant de profiter du travail des autres. C’est bien pourquoi nous aspirons toujours, comme nos modèles dès 1848, à basculer cette inégalité fondamentale pour lui substituer une « République de la justice sociale et du Travail », comme on le disait alors.

Nous dirons aujourd’hui une France Socialiste, structurée par les Services publics, égalitaire et fraternelle envers ses citoyens et les autres peuples.

Mais ce rêve réaliste que nous n’acceptons pas d’oublier comme l’ont fait tant d’autres, cet objectif communiste reconstruit, nous devons pour y parvenir savoir que l’inégalité capitaliste, toujours présente, n’a cessé de transformer ses formes depuis ses débuts.

Économiquement d’abord, avec pour dernier avatar, mondialisation et financiarisation en sociétés transnationales, monstres froids qui nient les Nations et les peuples dont elles se nourrissent, quitte à les faire s’entrégorger à leur profit.

Socialement surtout, car les dernières décennies se sont traduites pour le peuple de France par l’érosion délibérée par les possesseurs du Capital des sites industriels français, délocalisés vers des taux de profits plus élevés, et la destruction programmée de la classe ouvrière, qui fut le cœur de l’histoire progressiste de notre Nation depuis deux siècles.

Et enfin, au cours du dernier tiers de siècle, la bourgeoisie dirigeante française, forte de sa possession du Capital et de sa maîtrise de l’État, a su utiliser à son service les progrès fulgurants des technologies dites d’information, informatiques, audiovisuelles, « intelligence artificielle », etc.
Toutes mutations technologiques qui pourraient être des progrès sociaux, mais, entre les mains des décideurs possédants capitalistes, sont devenus un impitoyable instrument de manipulation des esprits, un appareil de formatage des masses populaires sur la base de l’idéologie libérale, dont les dogmes sont ceux du Capitalisme.

La « démocratie » libérale affirmée n’étant plus pour eux qu’un pluralisme hypocrite de concurrents pour le pouvoir partageant les mêmes objectifs sociaux, et camouflant les inégalités réelles, et les méfaits d’un État à leur service.
Cet écartèlement entre le dire et le faire vaut pour bien des pays du monde capitaliste, et plus encore pour la France de Macron, qui a tout de même réussi à dresser contre ses projets régressifs une colère majoritaire, mais condamnée à l’impuissance, faute pour l’instant d’alternative anti-capitaliste crédible.

Car pour les tenants de ce « Capitalisme réel », peu importe la colère tant qu’elle reste sans issue grâce à la chape de plomb médiatique et idéologique, capable de la détourner, soit vers la démagogie xénophobe, dont le RN et quelques ténors de la Droite se sont fait une spécialité, soit vers l’apolitisme et l’abstentionnisme (« tous pourris !! »).
Des thèmes complémentaires, convergeant vers l’incapacité des mécontentements de se traduire en changement.

Un capitalisme ou le récit virtuel remplace la perception du réel, un outil de maintien de l’ordre capitaliste-libéral plus efficace que la seule répression policière des voltigeurs de monsieur Pasqua il y a 37 ans.

Même si ceux du ( S )ministre Darmanin les valent bien en 2023…

Le Capitalisme en France en 2023 n’est pas perçu par l’opinion dans son fonctionnement réel, mais au travers de son image virtuelle fabriquée par le biais d’un appareil médiatique organisé pour fabriquer le consentement, selon la magistrale formule de Noam Chomsky.

Un capitalisme de l’image virtuelle ?

L’ordre politique et social actuel se poursuit grâce à cette dichotomie entre la réalité et l’image qui en est donnée. D’où l’importance prise par les professionnels libéraux de la Communication, ou plutôt de la Manipulation. C’est vrai en France, mais aussi dans le reste des grands pays capitalistes, quelques exemples permettent de le voir. Cette mutation du Capitalisme-Impérialisme par les technologies du spectacle de masse a rarement été perçue dans toute son ampleur par les contemporains même les plus lucides.

Et pourtant tout a commencé dès la décennie 1930 avec les Fascismes. Le Capitalisme-impérialisme allemand ne s’est jamais mieux porté qu’entre 1933 et 43 : par le biais de grandes cérémonies collectives organisées sous l’emprise des Guides ( Duce, Führer ), ces orateurs et acteurs de génie qu’étaient Mussolini et surtout Hitler, créaient par le verbe et le geste un consensus populaire quasi-religieux autour d’un visage rajeuni du Capitalisme, baptisé national- socialisme, en détournant les colères populaires contre des boucs émissaires, les démocraties hypocrites imposant traités et dettes iniques, les traîtres juifs et bolcheviks au service de Moscou.

Une réussite idéologique et géopolitique indéniable, qui ne s’est effondrée qu’en 1945, devant l’Armée Rouge et les soldats des USA.

Cet impact médiatique au service d’un Capitalisme à sauver dans un contexte de crise coloniale et politique, l’avons-nous perçu dans toute sa nouveauté quand il s’est déployé en 1958 et 60-62 ? Charles De Gaulle, acteur et orateur hors pair, a su alors magistralement entraîner la majorité des Français vers ses solutions (celles du Capitalisme renforcé), grâce à cet instrument tout neuf de « fabrication du consentement », la télévision ?

Quand en 1989, Ronald Reagan, un acteur de second ordre, dans des films bassement commerciaux, a été élu Président Républicain des USA, la première puissance capitaliste du globe, sur la seule base de l’anti-soviétisme et du conservatisme libéral, certains observateurs des plus côtés en France ont glosé sur « l’infantilisme politique américain », alors qu’il s’agissait d’un nouvel indice de ce « Capitalisme du spectacle ».

Notre voisin italien a connu des évolutions parallèles à celles de la France.
Implosion des anciens grands partis de gauche (PCI, PSI) et de droite (DC) au profit de l’abstention, d’ectoplasmes politiques éphémères (5 Étoiles) et de l’extrême droite.
Le décès de Silvio Berlusconi y a donné lieu ce mois-ci à des obsèques nationales, et un déferlement d’hommages à ce leader d’un conservatisme proche de l’extrême droite, politicien démagogue et affairiste à la marge de la légalité, mais qui a réuni des foules enthousiastes grâce à ses télévisions de faits divers et ses joueurs de foot promus en modèles politiques avec « Forza Italia ! ». Dirigeant l’État italien à plusieurs reprises de 1994 à 2011, il était encore influent dans la majorité actuelle de Droite extrême, malgré ses déboires judiciaires.

Ce « Capitalisme du spectacle » qui domine aujourd’hui notre monde et la France, nous en avons depuis deux ans l’incarnation parfaite avec l’omniprésence quotidienne de Zélinsky, ce acteur comique inconnu jusque-là, promu par les techniciens de la CIA et nos médias en archange de la Nation ukrainienne combattante, canonisé par les idéologues athées de l’OTAN, alors même qu’il méprise sèchement les appels à la paix du Pape, et n’hésite pas à réprimer dans son pays des moines orthodoxes rétifs à ses diktats.

Y eut-il jamais dans l’histoire un tel hiatus entre les faits, hécatombes et ravages sur le terrain, et ces grandiloquents discours guerriers qui prétendent les incarner ? Les décideurs, à Washington et Bruxelles, ou Oslo qui vend très bien son pétrole en remplacement du gaz russe, ou Paris puisque la France est en voie de devenir le deuxième exportateur d’armes mondial, ne peuvent que se louer d’avoir créé le personnage.

Grâce à cette image fantasmée d’une pauvre nation agressée, ils alignent les juteux milliards de fournitures d’armes à chaque millier de cadavres dans les champs ukrainiens. Et ils ont le moral pour l’avenir, en songeant d’ores et déjà aux profits à tirer de la reconstruction de l’Ukraine dépeuplée, ruinée, asservie, à l’issue d’une guerre qu’ils escomptent ne pas finir de sitôt.

Une forte odeur de vomi

Ce Capitalisme-Impérialisme, reposant toujours plus sur l’image, et la manipulation, engendre parfois un petit goût d’ignoble.

Ceux parmi nous qui ont fait leur modèle du résistant martyrisé Missak Manouchian avec ses camarades de « l’affiche rouge nazie » (l’ANC en a fait le sigle-titre de son centre de formation politique) ne se plaindrons pas qu’il soit prochainement accueillit au Panthéon, avec les autres héros de la Nation française : cela ne fera en cela que 80 ans de retard, puisqu’il n’y avait pas été admis jusqu’à présent comme Jean Moulin ou Joséphine Baker, parce qu’il était immigré, et Communiste.

Encore faudrait-il que cette décision tardive mais justifiée de Macron, ne s’accompagne pas d’une campagne médiatique révisionniste, de manipulation politicienne, dont les chaînes télé comme LCI se sont fait une spécialité. D’abord en faisant de Manouchian un des courageux qui ont écouté l’appel de Charles De Gaulle le 18 juin 1940. Alors que Missak, ce prolétaire de France de famille immigrée d’Arménie, ceux que la Droite maurassienne nommait les métèques, n’a pu matériellement l’entendre.

Un appel courageux et subversif, d’un général né dans la bourgeoisie nationaliste et droitière du Nord, qui ne s’adressait nullement aux prolétaires de France, encore moins aux travailleurs immigrés de ce pays, mais aux soldats et spécialistes de guerre de l’Hexagone et de l’Empire colonial, pour les inciter à refuser la défaite et à rejoindre les Britanniques qui continuaient à combattre l’armée allemande.

Il s’est traduit par des défections individuelles vers l’Angleterre, et la formation progressive de réseaux de renseignement en faveur des alliés de Londres. Faut-il le rappeler, puisque cela relève de la vérité historique ?
Les premiers actes de lutte armée sur le sol français (exécution d’officiers nazis comme l’attentat perpétré par Fabien au métro Barbés à Paris en avril 1942) furent condamnés par l’entourage de De Gaulle.

Cette stratégie de préparation d’une future insurrection armée nationale était alors uniquement celle de la direction clandestine du Parti Communiste Français, animé sur notre sol par Jacques Duclos et d’autres, comme Charles Tillon. C’est à la fin de 1941, et officiellement au début 1942, qu’ils ont créé dans cette optique stratégique les Francs-Tireurs et Partisans de France ( FTPF ) qui comprenaient 3 groupes armés différents, l’Organisation Spéciale ( OS ), les Bataillons de la Jeunesse, et ceux de la MOI ( Main d’œuvre immigrée, dirigée par Joseph Epstein, juif venu de Pologne.)

Missak Manouchian, l’Arménien venu de Turquie pour fuir le génocide de 1915-1916 dans l’Empire turc, était du groupe MOI de Région Parisienne, qui comptait une trentaine de combattants, tous immigrés Communistes d’origine diverse, beaucoup d’Europe orientale et juifs qui avaient fui les pogroms, Espagnols ou Italiens qui avaient fui le Fascisme, comme Rino Della Negra, ouvrier d’Argenteuil et footballeur au Red Star.

À la suite d’informations, obtenues d’on ne sait qui par les sbires de la Gestapo et les policiers français leurs supplétifs (« Brigade Spéciale Anticommuniste »), et certainement grâce à la torture, ils furent 23 arrêtés en novembre 1943, condamnés à mort par un tribunal militaire allemand, et fusillés au Mont Valérien le 21 février 1944.

Leur sacrifice ne fut pas vain : la multiplication des exécutions de résistants et d’otages par les Allemands a fait basculer du côté de l’anti-nazisme une partie de l’opinion française, jusque-là passive. D’autant que les défaites allemandes en Russie (Stalingrad été 1942 à février 1943) et en Afrique du Nord (débarquement allié fin 1942) changeaient le cours de la guerre.
C’est ce qui a permis à Jean Moulin de réussir à unifier toute la Résistance française, y compris PCF et CGT (fin 1943- début 44).

Il est donc crapuleux de réécrire l’histoire comme l’ont fait certains « journalistes » de LCI, indignes de ce titre, en assimilant le 18 juin 2023 la résistance de Manouchian à « celle des Ukrainiens contre les Russes » !

Certains, rétribués ou simplement anticommunistes, ne reculent devant aucune ignominie.

Notre pays a vécu il y a quelques années la fabrication du phénomène raciste Zemmour, qui permettait alors d’enlever à Marine Le Pen une part de l’électorat d’extrême-droite, pour faciliter la victoire électorale de Macron, par le biais notamment des chaînes d’info Bolloré…

En attendant peut-être les échéances électorales suivantes, car l’appareil à formater les esprits est toujours efficient, et croyez-moi, ses stratèges y pensent déjà !

21 juin 2023

   

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