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Sanctions françaises en Afrique : un peu d’histoire

lundi 26 juin 2023 par Francis Arzalier (ANC)

On se souvient de l’humiliation des dirigeants français au Sahel, c’est à dire dans cette partie de l’Afrique subsaharienne qui fut depuis les indépendances des années 1960, le cœur du » pré-carré français » (d’autres disaient « les pays de la Françafrique »).
En fait, une dizaine de nouveaux États anciennement colonisés par la France impériale, dont l’indépendance théorique octroyée par De Gaulle, fut durant 50 ans corsetée par des traités assurant la préséance impérialiste de la France, économiquement (des mines d’uranium du Niger alimentant les centrales nucléaires aux installations portuaires de Côte d’Ivoire et d’ailleurs), diplomatiquement (assurant des votes pro-occidentaux à l’ONU), et bien sûr militairement (bases françaises, et surtout plus de 50 interventions militaires pour assurer ou rétablir les dirigeants pro-français et pro-occidentaux, Ouattara en Côte d’Ivoire, Déby au Tchad, etc…).

C’est dans cette optique impérialiste que les troupes françaises furent présentes au Sahel, notamment au Mali, de 2014 à 2022 pour « combattre les groupes armés djihadistes » qui s’étaient répandus dans la zone Nord de ces pays, rackettant les villageois et défiant le pouvoir légal. Des groupes armés qui étaient surtout liés à l’incapacité des États africains d’empêcher la prolifération des divers trafics (de drogue, de migrants, d’armes) et à fournir emplois et subsides aux citoyens de leur pays.
Des causes sociales et politiques qu’une simple intervention militaire ne saurait supprimer.

Les soldats français de l’OPEX Barkhane et le Président Hollande, applaudis en 2014 à Bamako, n’ont en rien empêché la multiplication des bandes armées, nourries par le chômage et la pauvreté. Par centaines de milliers, des « déplacés » fuyant les exactions sont venus se réfugier autour de la capitale malienne et au centre du Burkina, révélant l’échec patent de la présence militaire française, et provoquant le retournement des opinions malienne ou burkinabé, qui la voyaient de plus en plus comme une simple défense des investissements français et des politiciens locaux corrompus à leur solde.

C’est pour ces raisons que les soulèvements militaires à Bamako, puis Ouagadougou, ont trouvé un large soutien populaire, et y ont ouvert une période de « transition vers la démocratie », qui dure d’autant plus qu’elle est nourrie après l’expulsion des contingents français de sanctions économiques et politiques de la France et ses alliés africains pro-occidentaux de l’OCDE, ce qui a amené ces dirigeants militaires à faire appel aux mercenaires russes de Wagner.

Ce qui n’a évidemment pas résolu le drame des populations soumises aux exactions des groupes armés djihado-délinquants, au chômage et à la pauvreté faute d’un État national solide et de développement économique. Le nombre de « déplacés » affluant à Bamako dans des campements précaires a encore augmenté.

Nouvelle étape des sanctions françaises en Afrique

Depuis plusieurs décennies, parfois à grand renfort de publicité, des organismes français publics dits de « Coopération », gérés par un Ministre, envoient vers nos anciennes colonies devenus pays indépendants des « aides au développement » qui ne sont pas négligeables : en 2020, 15,4 milliards d’euros, qui pouvaient aussi bien soutenir des actions culturelles (bibliothèques et centres culturels) qu’économiques et sociales : même si ces aides sont surtout le soutien à l’influence de la France et de ses investisseurs, elles ont pu diminuer la pauvreté et limiter l’émigration forcée, donc jouer un rôle positif malgré leur insuffisance.

Depuis quelques décennies, et notamment depuis les lois françaises dites de décentralisation, ont fleuri les « actions de Coopération décentralisées », entre partenaires français qui sont souvent des collectivités locales, Communes, Départements et Régions, et les élus qui les dirigent (La plupart de gauche, mus par des sentiments humanitaires ou anticolonialistes), par le biais d’associations françaises ou africaines.
Cela pouvait déboucher sur la construction et l’entretien d’un dispensaire villageois, d’un équipement d’irrigation agricole, voire de l’accueil-découverte de touristes français au sein même des populations rurales. Toutes actions qui contribuaient indéniablement à la compréhension mutuelle et au maintien de conditions de vie correctes en un lieu précis, au lieu d’une misère ne laissant comme seule issue de survie que les subsides distribués par les groupes armés ou l’émigration au risque de sa vie vers l’Europe.

Ainsi, parmi bien d’autres, une association malienne comme l’Amscid, en liaison avec des Municipalités du Val de Marne ou des Conseils départementaux du Nord ou du Sud de la France, a pu multiplier ce type d’actions vers Kayes ou le pays Dogon, et rétribuer pour cela une dizaine de salariés autochtones.

Le rejet parfaitement justifié de la présence militaire française, jugé par les nouvelles autorités militaires inutile, sinon nuisible, a conduit le gouvernement français à mettre en place des mesures de rétorsion, des sanctions politiques, économiques, dignes de celles utilisées par les USA et leurs alliés contre Cuba depuis un demi-siècle, contre le Venezuela ou l’Iran depuis 20 ans, et surtout contre la Russie depuis deux ans.
Une attitude typique de l’Impérialisme, qui punit iraniens et vénézuéliens de ne pas accepter les diktats de Washington en leur interdisant de vendre leurs ressources minérales, et les privant ainsi de médicaments importés.

Le plus récent élément de cette politique française de sanctions impérialistes nous est apporté par une lettre de la ministre française de « l’Europe et des Affaires Étrangères », puisqu’on ne dit plus « des Colonies », madame Colonna, dont nous publions en pièce jointe le fac-similé.

En réponse à un courrier inquiet du Maire de Dijon François Rebsamen, (qui ne passe pas pour un tenant de « l’Ultra-gauche ») pour l’association Cités Unies France qu’il préside et qui est le vecteur de nombreuses actions décentralisées, madame Colonna non seulement assume et justifie les décisions de sanctions de l’État français à l’encontre des populations maliennes, mais elle ordonne quasiment aux élus locaux français concernés de rompre les contrats en place, ce qui est totalement contraire à l’esprit des lois françaises de décentralisation.

Mieux, elle pousse la goujaterie politique à proposer aux élus locaux de choisir à leur place les Africains dignes d’être aidés selon le Gouvernement français ! ! Encore une preuve de la propension du régime Macron-Darmanin à glisser vers des mesures de plus en plus autoritaires, en contradiction totale avec leur discours « libéral-démocrate ».

Espérons que les élus communaux ou régionaux concernés, du PCF, FI, ou du PS, répondront comme elles le méritent à ces directives de sanctions, qui vont accroître au Mali et ailleurs le besoin d’émigration et faciliter le recrutement par les bandes armées délinquantes : en poursuivant et renforçant les contrats d’aide au développement avec les peuples malien et burkinabé, pour des relations amicales entre citoyens français et africains.

24 juin 2023

La lettre de la Ministre des Affaires Étrangères Catherine Colona :

   

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